La lutte autour du leadership du PJD a bel et bien été refroidie par le passage du parti de l'opposition à la majorité. Contrairement aux précédents congrès du pari de la lampe, qui avaient été marqués par la concurrence acharnée entre Abdelilah Benkirane et Saad Eddine El Othmani, le 7e congrès tenu le week -end du 14 juillet avait un goût bien particulier. La confidentialité était le mot d'ordre de cette session, une attitude dictée plutôt par les nouvelles procédures de la cooptation des membres qui occuperont le devant de la scène au sein du parti pour les quatre prochaines années. Jusqu'à hier en début d'après-midi, le suspens était total, et à l'heure où nous mettions sous presse, aucun résultat n'avait encore été annoncé. Pour autant, du ton adopté par la grande majorité des participants, il était aisé de sentir chez aux cette évidence que l'actuel président du gouvernement de dirigeait de toute évidence vers un nouveau mandat. Une sorte de consensus voulant aussi que ce mandat soit certainement le dernier pour Abdelilah Benkirane, en vertu des nouveaux statuts du parti, qui limitent la période d'exercice du secrétariat général de la formation politique à deux mandats. «Même si nous sommes passés de l'opposition à la majorité, cela ne devra pas nous détourner de la construction interne du parti et de l'aspect soudé que ce dernier a affiché durant ce congrès», expliquait ainsi Abdelaziz Rabbah, ministre PJDiste de l'Equipement et des transports. Le SG du parti aura devant lui plusieurs chantiers ouverts par la refonte engagée lors du congrès. D'ailleurs, les Sages du parti ne semblent pas être les seuls concernés par ce tournant que la formation est en train de prendre. En atteste, la présence remarquable des députés du parti lors de ce congrès, car ils étaient eux aussi concernés par désignation au sein du Conseil national. L'élargissement du petit Parlement du parti à 160 membres, leur a permis d'assurer une bonne présence au sein de la plus haute instance décisionnelle du PJD. Des engagements et des devoirs «La candidature ne dépend pas uniquement de moi, mais ce sont les membres du conseil national du parti qui devront faire leur choix». C'est en ces termes que Benkirane a commenté la procédure du déroulement de l'élection pour les commandes du parti de la lampe, qui a pour l'occasion élu un nouveau bureau formant secrétariat général et les 160 membres du conseil national. Le parti chef de file de la coalition gouvernementale voulait que ce 7e congrès soit surtout marqué par la question de la réforme des statuts, plutôt que par celle de «la relève», qui a été posée avec acuité après le passage de l'opposition vers la majorité. La nouvelle loi propre au parti de la lampe a dû être adaptée à deux choses : le fait que le parti n'est plus de l'opposition et l'exigence de la nouvelle loi organique des partis politiques, notamment pour le volet de la parité et la rationalisation des finances du parti, dont le budget a atteint en 2012 plus de 26 MDH. Le congrès «cherche à assurer l'adaptation du parti à la nouvelle situation, du fait de son passage de l'opposition aux commandes du gouvernement», a ainsi indiqué Abdallah Baha samedi dernier, soulignant que ce changement induit de nouvelles responsabilités et exige de travailler selon des approches différentes et d'adopter un discours nouveau. Parmi les nouvelles propositions également votées, figure l'attribution au Conseil national de la prérogative de choisir les membres du secrétariat général. Le bureau politique du parti a été élargi de 7 autres sièges, comme l'indiquent les nouvelles procédures qui ont été soumises à l'appréciation de la base. Pourtant, les exigences de la participation au gouvernement imposent d'accélérer le nouveau redéploiement pour les structures dédiées à l'organisation du parti. Le nouveau poste de directeur général sera placé quant à lui sous la supervision directe du SG et s'occupera uniquement de «la gestion administrative et spatiale», insiste-t-on auprès du parti de la lampe. Autre fait marquant de ce congrès, le souci électoral pour les prochaines communales, qui a amené le parti à adopter une nouvelle optique dans son encadrement régional. Les militants du parti préparent pour leur part la nouvelle étape, sous les nouveaux statuts qui ont été validés. Une nouvelle feuille de route pour l'adhésion et la désignation au sein des structures internes devra être détaillée, au même titre que le volet relatif aux relations des membres du parti avec le gouvernement et avec les 107 députés. Pour le reste de cette année 2012, plusieurs actions sont programmées pour renforcer la présence du parti au sein des sections professionnelles, ainsi que le développement des bureaux régionaux. Le plan d'action 2012 a entamé ses actions par la multiplication des réunions des instances de coordination au niveau des villes. La nouvelle procédure prévoit également la désignation de deux adjoints pour le secrétaire général, ainsi que de 15 membres dirigeants qui formeront le bureau. Une instance disciplinaire au niveau central du parti , ainsi que d'autres régionales, seront pour leur part mises en place et seront chargées d'appliquer des mesures disciplinaires à l'égard des membres qui transgressent les statuts du parti. Hamas se joint à la partie Le chef du mouvement islamiste palestinien Hamas, Khaled Mechaal, participait samedi à Rabat au congrès du parti islamiste justice et développement (PJD) dont est issu le chef du gouvernement marocain. Une présence fort symbolique qui a donné un sens assez particulier à ce congrès. Mechaal est arrivé au Maroc en provenance de la Tunisie où il a participé jeudi à l'ouverture du congrès du parti islamiste Ennahda. Le PJD est le grand vainqueur des législatives tenues en novembre dans le tumulte du Printemps arabe et qui ont conduit à la nomination de son chef, Abdelilah Benkirane, à la tête du gouvernement. Abdallah Baha nuance... «Si les choses se passent normalement selon la ligne générale du parti, il sera procédé au renouvellement du mandat de Abdelilah Benkirane, comme secrétaire général», au cours du congrès actuel du Parti de la Justice et du Développement (PJD), affirmait déjà le président du congrès, Abdallah Baha, samedi dernier aux médias. «Le dernier mot appartient cependant aux urnes qui pourraient apporter quelques surprises», a tenu à souligner Abdallah Baha, laissant la porte ouverte à tout chamboulement de dernière minute qui pourrait intervenir. En ce sens, que les votants sont tenus de porter leur choix sur trois personnes, ce qui dilue davantage les pronostics pouvant être faits avant l'annonce officielle. Au sujet de l'appel du secrétaire général à resserrer les rangs et s'il s'agit d'une réponse à certaines voix qui s'élèvent parfois pour critiquer l'action gouvernementale, Baha a relevé que malgré la gêne que suscitent certaines déclarations, cela n'influe pas sur l'action du gouvernement, car le parti de la Justice et du Développement travaille selon une règle connue, à savoir que l'opinion est libre et la décision est contraignante, de sorte que chaque membre est libre d'exprimer son avis, mais lorsque les décisions sont prises, elles s'imposent à tous .