Le Centre marocain de conjoncture (CMC) a tenu à revisiter, dans sa dernière note, ses prévisions en prenant en considération les nouvelles informations relatives aux conséquences de la crise sanitaire liée au Covid-19. Alors qu'à fin mars dernier, le Centre avait prédit une croissance limitée à 0,8%. Dans cette seconde esquisse des perspectives économiques, le CMC table sur un taux de croissance négatif conjecturable du Produit intérieur brut à prix constants de l'ordre de -3,2% pour l'exercice 2020. «Cette contre-performance économique devrait découler du retrait de l'ensemble des secteurs sous les effets multiples déclenchés par la maladie du Covid19, de la psychose et de la perte de confiance en passant par les restrictions des déplacements et le confinement pour arriver au stade de l'état d'urgence sanitaire», commente le CMC, notant que l'économie marocaine se trouve surtout prise en tenaille entre les effets du Coronavirus et la contreperformance quasiment connue du secteur agricole. «Aujourd'hui, le sérieux déficit pluviométrique constaté au cours des derniers mois préfigure d'une mauvaise campagne agricole», explique le CMC. Secteurs économiques bloqués Le secteur agricole devrait, selon lui, afficher une diminution de sa valeur ajoutée en volume d'environ 3% en raison des conditions climatiques pernicieuses enregistrées durant l'hiver. Par ailleurs, seuls le commerce et l'industrie pharmaceutique pourraient tenir le coup. En dehors de ces deux secteurs, le reste devra subir des retombées néfastes induites par la pandémie et ceci à des degrés différents. Entre le ralentissement, la baisse drastique ou l'arrêt total d'activité, l'effet de la pandémie se fait ressentir. Le secteur de l'hébergement et de la restauration figure parmi les activités les plus touchées. Sa valeur ajoutée en termes réels devrait fléchir d'environ 25% tant la reprise serait lente et difficile. Les services de transport aussi bien aérien, ferroviaire que routier devraient marquer le pas et leur valeur ajoutée globale connaîtrait un fléchissement conséquent en glissement annuel. Quant au secteur de l'industrie extractive, il devrait subir l'impact du rétrécissement des marchés extérieurs induit par le mouvement dépressif de l'économie mondiale. Le rythme de sa croissance pour 2020 perdrait de son tonus et pourrait connaître une baisse si la situation reste en l'état. La contribution des activités des industries manufacturières dans la croissance de l'économie nationale resterait, quant à elle, modeste et se situerait en deçà de 1% aux termes de l'année. «Aujourd'hui, certaines de ces activités peinent à trouver des marchés ou sont bloquées par manque d'approvisionnement en matières premières et produits intermédiaires et d'autres sont complètement à l'arrêt comme la branche principale de l'industrie automobile», remarque le CMC. Incertitude Par ailleurs, pour évaluer les incidences de la pandémie sur l'activité économique et établir ses prévisions, le centre avoue avoir connu certaines difficultés. Hormis l'intensité de la crise sanitaire, une grande incertitude entoure la durée de la pandémie et ses éventuelles ramifications sur le territoire national. Au final, le scénario de référence s'est établi sur la base de l'hypothèse où «la crise sanitaire prendrait fin au milieu de l'année et la reprise ne redémarrera que plus tard et d'une façon progressive». Le CMC s'est basé également sur l'hypothèse d'une campagne agricole 2019-2020 assez sèche provoquant un affaissement notable de la production céréalière qui ne dépasserait guère les 40 millions de quintaux. Selon le CMC, la baisse du taux directeur de Bank Al-Maghrib d'un quart de point ne produirait aucun effet immédiat sur l'économie réelle. Par contre, «la politique budgétaire largement accommodante initiée par la création du Fonds spécial de gestion de la pandémie du Coronavirus et la solidarité pourrait bien faire éviter la faillite à un bon nombre d'entreprises et sauver des emplois», espère le CMC. Il émet également d'autres hypothèses pour le scénario précité qui tablent sur un redressement du prix du pétrole au milieu de l'année. Celui-ci devrait se stabiliser autour de 50 dollars après une chute le limitant autour du seuil des 20 dollars. Les hypothèses de CMC supposent également que l'inflation resterait contenue à un niveau assez bas. Elles présument aussi qu'avec l'élargissement de la bande des fluctuations possibles concernant les termes de change, la parité du dirham pencherait plutôt vers une dépréciation par rapport aux deux monnaies principales: le dollar et l'euro.