12 MMDH, c'est le montant qui sera investi dans le secteur de la santé publique pour l'année 2012. Un budget destiné à la mise en œuvre du programme du ministère sur le reste de l'année et qui engendrera également, le recrutement de 2.000 nouveaux fonctionnaires par le département de la Santé. L'annonce a été faite en fin de semaine par le ministre de la Santé publique, El Hossein El Ouardi, en marge de la présentation de son programme en Conseil de gouvernement. Il faut dire que le programme auquel sera allouée cette somme, vise à prendre en charge le financement des nouvelles orientations stratégiques conformément à la volonté affichée par le gouvernement Benkirane, dès sa prise de fonction. Selon El Ouardi, le programme gouvernemental, dont les grands axes ont été validés par le dernier Conseil de gouvernement, «redéfinit le positionnement stratégique du ministère concernant l'équité et la parité d'accès aux prestations de santé». Dans ce cadre, c'est la poursuite de la mise en œuvre du chantier d'extension de l'Assurance maladie obligatoire de base (AMO) et la généralisation, sur l'ensemble du territoire, du Régime d'assistance médicale (RAMED), qui se taille la part du lion dans l'enveloppe allouée au programme. Sur le même registre, les services du département de la Santé se penchent actuellement sur le dossier de la couverture médicale des étudiants et des indépendants, comme le prévoit le programme. S'agissant des autres volets du programme, ils concernent l'instauration d'une véritable politique régionale de gestion du secteur de la santé, d'un partenariat entre les secteurs publics et privés et «l'adoption d'une nouvelle politique médicamenteuse, de fourniture médicale et pharmaceutique». Le ministre prévoit également dans le cadre du même programme, le renforcement de l'approche de proximité dans les services d'urgences et de santé mentale, en plus de «la gestion transparente et démocratique des ressources humaines et le renforcement de l'accès aux soins des habitants des zones rurales et éloignées». «Le programme gouvernemental relatif au secteur de la santé repose sur trois approches complémentaires», a indiqué à cet effet El Hossein El Ouardi. Il s'agit «d'une approche juridique qui préconise le droit à la santé tel que consacré dans la Constitution, d'une démarche participative à travers la démocratisation des prestations de santé et d'une approche systémique relative aux ressources humaines, au financement, à la gouvernance et à l'accès aux vaccins et aux médicaments». Un vaste chantier qui nécessite la mobilisation de tous les acteurs intervenant dans le domaine, pour garantir l'efficacité de la démarche. C'est d'ailleurs à ce niveau que les choses se compliquent pour El Ouardi. Tensions sociales La grève subie par le secteur de la santé, le jeudi 5 juillet dernier, à l'appel de plusieurs syndicats du secteur, illustre la tension qui prévaut au niveau du secteur. Visiblement, les professionnels et la tutelle ne sont pas sur la même longueur d'onde, notamment en ce qui concerne le dialogue social sectoriel. Après quelques mois d'accalmie, El Ouardi est sur le point de vivre sa première véritable fronde sociale, au vu de la position des syndicats du secteur, qui après plusieurs réunions tenues à cet effet, ont décidé de se retirer du dialogue pour absence de résultats. Ce que rejette El Ouardi, qui a estime que «la plupart des revendications des professionnels de la santé ont été satisfaites». S'appuyant sur l'adoption de huit décrets d'augmentation des salaires durant les deux derniers mois, le ministre à toutefois reconnu comprendre «la colère et la déception des professionnels de la santé, concernant certaines questions». Les décrets en question ont porté sur l'augmentation du salaire des médecins résidents et internes, des médecins exerçant dans le secteur public et des professeurs universitaires. La réglementation a aussi concerné les indemnisations pour les erreurs professionnelles, les permanences, les astreintes et la responsabilité. Ce qui, apparemment n'est pas suffisant pour les syndicats du secteur, dont les principales revendications portent sur l'application de l'accord du 5 juillet 2011. Le ministre El Ouardi a en tout cas réaffirmé sa détermination à poursuivre les concertations avec les syndicats. «La grève est un droit légitime garanti par la Constitution», a fait remarquer El Ouardi, soulignant toutefois que les premiers à pâtir de ces mouvements sociaux sont «les citoyens pauvres et nécessiteux, particulièrement ceux originaires de régions éloignées et ceux qui ont besoin de subir une intervention chirurgicale». Un appel de détresse presque, de la tutelle, pour ramener les 6 syndicats contestataires à revenir à la table des négociations. Il s'agit, en effet, d'un préalable à la mise en place de son programme, très attendu par les citoyens puisqu'il fait partie des promesses de gouvernance présentées par Benkirane au Parlement. El Hossein El Ouardi tente visiblement d'éviter la confrontation, afin de ne pas paralyser le bon fonctionnement des centres de santé du pays, moins de six mois après sa prise de fonction. Surtout qu'il était un professionnel du secteur.