Les réclamations augmentent de jour en jour, surtout durant cette période de crise où les prix de certains produits connaissent une nette hausse à cause des pratiques de spéculation. L'association de protection des consommateurs recense les réclamations les plus marquantes… La pandémie du Covid-19 donne du fil à retordre aux associations de protection des consommateurs. «Si la solidarité peut être le principal remède contre les effets de cette pandémie, certaines personnes n'ont aucun scrupule à arnaquer ou à porter préjudice à leurs concitoyens», s'indigne Ouadie Madih, président de l'association de protection du consommateur Uniconso et SG de la Fédération nationale des associations des consommateurs au Maroc (FNAC). «À notre niveau, nous essayons tant bien que mal de débusquer ce genre de comportements et renforçons notre effort de prévention», rappelle-t-il. Mais les réclamations s'amoncellent de jour en jour surtout durant cette période de crise où les prix de certains produits connaissent une nette hausse à cause des pratiques de spéculation. «Pratiquement tous les secteurs sont touchés, mais certains ont été plus marqués que d'autres», souligne Madih. Les fruits et légumes ont été les premiers concernés. La Commission interministérielle de suivi des prix et de la qualité des produits sur le marché est dès lors intervenue, effectuant des contrôles réguliers. Depuis quelques semaines, les prix des fruits et légumes sont revenus à la normale. Après cela, ce sont les réclamations liées au prix du carburant qui ont été notées. Les prix à la pompe devaient suivre la chute vertigineuse et sans précédent des cours du brut sur le marché international. Si certaines sociétés de distribution ont répercuté cette baisse au prix à la pompe depuis le 16 mars dernier, d'autres ont maintenu leurs prix élevés. Mais la pression du marché a poussé tous les distributeurs à s'aligner sur le niveau de baisse des prix. Au 30 mars dernier, le litre de gasoil avait reculé de 0,90 DH. Le litre d'essence a perdu 1,60 DH. La baisse des prix des carburants se poursuit dans un contexte où la demande est au plus bas à cause des mesures du confinement. Par ailleurs, «la montée des prix des gels hydro-alcooliques a été la plus spectaculaire», souligne Madih. Face à cette envolée des prix causée par la hausse de la demande, le gouvernement a décidé de réglementer les prix et maîtriser les circuits de distribution. Un décret est donc entré en vigueur le 17 mars et restera valable, dans un premier temps, pour une période de 6 mois. Mais même avec ces réglementations, certains commerçants continuent à les vendre à des prix exorbitants. «Le contrôle des prix de ces produits doit être renforcé, comme ce qui s'est fait au niveau des fruits et légumes». Un autre produit souffre de ces pratiques malsaines: les masques de protection. Outre leur indisponibilité, leurs prix ont dépassé tous les records depuis que le port du masque a été rendu obligatoire. «Nous avons reçu des plaintes d'une pharmacie qui revend à 1.100 DH le paquet de 100 masques», nous informe Madih. Le prix du masque a également fait l'objet d'un décret limitant à 25 DH TTC, sur une période de 6 mois, le prix de la boîte de 10 unités et à 100 DH celle boîte de 50 unités. Aussi l'Etat a-t-il tenu à sécuriser la production de masques de protection subventionnés par le Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du nouveau coronavirus. Leur prix a été fixé à 80 centimes l'unité, soit 80 DH la boîte de 100. «Face à la hausse, le citoyen ne doit pas acheter à ces prix. Il doit avoir conscience que son comportement peut jouer un rôle de régulation, ce qui aidera à maintenir les prix stables sur le marché», martèle le président de l'association de protection du consommateur. Si l'association a l'habitude de gérer ce genre de dossiers, d'autres types de réclamations ont fait surface. «Le bras de fer entre les parents d'élèves et les écoles privées fait rage ces derniers jours», commente Madih. Certains parents demandent la suspension des frais de cantine et de transports des frais de scolarité, alors que d'autres refusent de payer leurs mensualités compte tenu de la qualité de service peu probante. «Quand les parents acceptent de mettre le prix fort dans l'éducation de leurs enfants, ils s'attendent à ce que l'école soit capable de mettre en place toutes les infrastructures disponibles pour fournir un service de qualité», rapporte Madih. Si, dans ce contexte de crise, certaines écoles ont pu élaborer des plateformes pédagogiques, d'autres se contentent de dispenser leurs cours via le réseau social Whatsapp. Pour le président de l'association, le rapport qualité/prix n'est pas respecté dans ce cas de figure. Pire encore, «certaines écoles sans scrupule harcèlent les parents ou menacent l'enfant de ne pas lui envoyer les cours si les frais scolaires ne sont pas payés». Or, lors de sa dernière allocution, le ministre de l'Education nationale, Saaid Amzazi, a appelé les établissements scolaires à plus de flexibilité à propos du paiement des frais mensuels compte tenu du contexte actuel.