Les assureurs marocains dominent le classement africain ! Hors Afrique du Sud évidemment, tant ce pays n'a rien de comparable avec les structures et le niveau de développement de son économie prévalant sur le continent. Il est donc tout à fait normal que la bannière arc en ciel truste la première place à tous les niveaux dans le classement continental des secteurs de l'assurance, émanant du rapport mondial, Sigma, produit par la compagnie suisse de réassurance Swiss Re. Le Maroc, quant à lui, fait plus que bien figurer dans ce ranking. Pour l'année 2011, le secteur marocain des assurances se classe donc au second rang aussi bien en termes de primes vie, de primes non-vie que du volume total des primes. Une performance à saluer qui démontre la vigueur de ce secteur dans le royaume, mais qui est aussi en partie due à la reprise de l'assureur africain Colina par Saham Finances. En effet, cette opération a eu le bénéfice de comptabiliser les primes émises par le nouveau réseau africain de Saham au profit du Maroc. En chiffres et selon les estimations du rapport Sigma, les primes vie du secteur des assurances marocain s'élèveraient à 871 millions de dollars en 2011, contre 791 millions de dollars en 2010. Marge de progression Les estimations des primes non-vie émises par les assureurs marocains sont encore plus importantes et frôleraient les 2 milliards de dollars en 2011, alors qu'elles dépassaient à peine les 1,8 milliard de dollars une année auparavant. Aussi, si l'on agrège les deux catégories de primes, on arrive au chiffre colossal de 2,8 milliards de dollars - ce qui place les assureurs marocains bien loin devant des pays comme l'Egypte, avec un volume total de primes de 1,7 milliard de dollars, l'Algérie, avec 1,2 milliard de dollars, et la Tunisie avec un peu plus de 800 millions de dollars. La performance est d'autant plus notable qu'il reste à ce secteur beaucoup de marge de manoeuvre au Maroc et plus encore à l'international. En effet, la pénétration du secteur dans le royaume reste encore en dessous des 3%. Ce qui reste une faible pénétration si nous la comparons à des pays comme l'Afrique du Sud, 12,9%, la Namibie, 8%, l'Ile Maurice, 5,2%, ou encore le Kenya avec un taux de 3,2%. Ce constat est encore plus vrai pour ce qui est de l'assurance vie qui peine encore et réalise une pénétration de 0,9%. Sur ce point, il convient de citer des raisons structurelles à la timidité de l'assurance vie, avancées par un assureur de la place et qui ont trait à des aspects réglementaires qui obligent les compagnies à mobiliser des fonds colossaux pour cette activité. Plus encore, l'assurance vie prend comme principal vecteur de développement la bancassurance où elle se trouve farouchement concurrencée par les dépôts à terme. En effet, les conseillers bancaires sont souvent tentés d'arbitrer en faveur de ces derniers, pour doper les chiffres du PNB de leur banque. Contrat-programme Toujours est-il que les chiffres publiés dans le rapport de Swiss Re, sont on ne peut plus encourageants pour le secteur de l'assurance au Maroc, d'autant que ce dernier est engagé dans un contrat-programme qui devrait l'amener à multiplier ses performances. À ce propos, la Fédération marocaine des sociétés d'assurance et de réassurance estime que les choses avancent, même si les objectifs chiffrés ne seront probablement pas atteints à l'horizon défini initialement avec l'ancien gouvernement. En tout état de cause, la volonté semble affichée pour donner à ce secteur les moyens de franchir un nouveau palier, notamment via des mesures visant à rendre obligatoire un certain nombre d'assurances. Plus encore, certains opérateurs s'enhardissent à porter la bannière marocaine au delà des frontières du royaume, à l'image de ce qu'avaient entrepris les grandes banques marocaines, et ce en Afrique, mais aussi au Moyen-Orient, comme vient de le confirmer l'opération de reprise de l'assureur libanais LIA Insurance par Saham finances. Les perspectives semblent donc prometteuses et le secteur de l'assurance s'affirme de plus en plus comme un secteur clef dans l'économie marocaine et ce, dans un contexte économique international marqué par les difficultés conjoncturelles, qui n'ont pas manqué de toucher ce secteur au niveau mondial. Même si ces difficultés sont à nuancer. En effet, tandis que les primes d'assurances vie ont diminué à l'échelle mondiale, les tarifs d'assurance non-vie ont commencé à se raffermir sur certains marchés et les primes ont augmenté, comme le souligne le rapport Sigma. Le document explique que dans l'ensemble, en 2011, les primes directes ont reculé de 0,8% en termes réels. Toutefois, elles ont atteint un montant record de 4.597 milliards de dollars en termes nominaux, soit une augmentation de 6% par rapport à 2012, compte tenu de la dépréciation du dollar américain par rapport aux principales monnaies. En outre, des taux d'intérêts historiquement bas et des catastrophes naturelles extrêmement coûteuses ont pesé sur les résultats des assureurs. Néanmoins, le secteur est parvenu à maintenir sa solidité financière, car la baisse des taux a augmenté la valeur des actifs des assureurs, mais pas leurs engagements... Panorama mondial de l'assurance L'étude de Swiss Re explique que les primes d'assurances vie mondiales ont reculé de 2,7%. Les marchés avancés ont perdu 2,3%, la baisse la plus marquée ayant été observée en Europe de l'Ouest, avec un net recul frisant les 10%. Le marché américain, quant à lui, a enregistré une croissance modérée de 2,9%. Le Japon et les pays nouvellement industrialisés d'Asie ont connu une croissance de 4,4%, soit un taux bien supérieur à leur moyenne sur dix ans. Sur les marchés émergents, la croissance des primes s'est avérée solide dans la plupart des pays, mais a été négative dans l'ensemble, en raison d'un net recul en Chine et en Inde dans le sillage des changements réglementaires, qui ont restreint l'utilisation de certains canaux de distribution. Enfin, la faiblesse des taux d'intérêt a aussi continué à peser sur les résultats des investissements des assureurs vie. En 2012, les primes vie continueront probablement à stagner dans les économies avancées, estiment les auteurs du rapport Sigma, mais devraient reprendre dans les marchés émergents, lorsque les assureurs chinois et indiens se seront adaptés aux nouvelles réglementations. Côté assurances non-vie, les primes ont progressé de 1,9% seulement en 2011. Dans les marchés avancés, la récession en Europe et la faible croissance aux Etats Unis durant le deuxième semestre, ont freiné la demande d'assurance. Les primes ont progressé de 0,5%. La croissance des marchés émergents est restée solide à 9,1%, mais a également ralenti. Dans l'ensemble, les résultats des assureurs non-vie ont été clairement affectés par les importants dommages dus aux catastrophes en 2011, la pire année en termes de dommages économiques totaux et la seconde en termes de dommages assurés selon les statistiques Sigma. Néanmoins, la dotation en capital du secteur non-vie demeure solide. Pour 2012, la croissance devrait rester modeste en raison de l'environnement économique défavorable. Bien que le taux de primes sur certains marchés ait commencé à repartir à la hausse en 2011, le tournant du cycle ne devrait être que graduel et limité à certains marchés et branches en 2012.