L'histoire de la marque Abarth est d'abord l'aventure exceptionnelle d'un homme né sous le signe du scorpion et dont les mains se sont très tôt révélées avoir la dextérité de pinces mécaniques. Né en Autriche le 15 novembre 1908, Karl Alberto Abarth a débuté sa carrière chez le constructeur autrichien de motos MT (Motor Thun), lequel est aussi engagé en compétition. C'est là qu'Abarth fera la rencontre du grand pilote Josef Opawsky, pour lequel il sera mécanicien de course et avec lequel il se liera d'amitié. Passionné, il finira par devenir lui même pilote de moto, non sans faire montre d'un grand talent... jusqu'à ce grave accident survenu en 1930 et qui l'a éloigné de toute compétition pendant deux ans. Interdit (par les médecins) de reprendre le guidon, Abarth ne pouvait pourtant contenir sa passion. Consultant technique, il n'hésite pas à mettre la main à la pâte, développant lui-même ses propres châssis de moto. Des sidecars à la guerre À cette époque (les années 30), les sidecars sont très en vogue, avec de grands noms comme celui de la Swallow Sidecar Company (Jaguar aujourd'hui). Abarth s'y lance et met au point un side-car novateur. Le voilà, toujours durant les années 30, replongé dans le milieu de la compétition, poussé par un vent passion et même de folie. C'est ainsi qu'il avait lancé un défi au train Orient Express sur le parcours Ostende–Vienne, voyage de 24 h qu'il a naturellement gagné. En mars 1938, Karl quitte Vienne et rejoint son père immigré en Italie et résidant dans la localité de Merano. La même année, le régime fasciste de Mussolini veut faire courir le grand pilote qu'il est devenu, sous les couleurs de la Botte. Mais la seconde guerre mondiale éclate et contraint Karl à fuir vers la Slovénie où il restera réfugié jusqu'en 1945. Entre temps, un nouvel accident (en 1939) l'avait immobilisé durant une très longue période de convalescence, puis l'a contraint à définitivement abandonner toute compétition. La seconde vie de «Carlo» Comme son père, Karl peut profiter de la nationalité italienne, ce qu'il fera dès son retour à Merano, non sans italianiser son prénom à consonance allemande. Désormais citoyen italien, Carlo peut librement cultiver sa passion et même commercer. Il côtoie des personnalités du milieu automobile comme Ferry Porsche, dont il devient concessionnaire, tandis que le pilote Tazio Nuvolari, une vieille connaissance, le met en contact avec l'industriel turinois Piero Dusio, le fondateur de Cisitalia, constructeur spécialisé en bolides de course. C'est avec ce dernier, qu'il va fonder en 1948 la société Abarth&Cie. Dérivée d'une Fiat 1100, sa première voiture est un roadster rebaptisé 204 A et suffisamment rapide (190 km/h) pour permettre à Nuvolari de s'imposer dans des courses et à Abarth de remporter le championnat italien en catégories 1100 Sport et Formule 2. Parallèlement à la compétition, Abarth a eu la bonne idée de développer une activité grand public, soutenue par de belles campagnes publicitaires. Comment ? En proposant des kits de préparation moteurs qui permettent de développer la puissance des voitures de série. Parmi ses pièces à succès, des pompes à eau, des commandes de boîte et surtout, des pots d'échappement qui confèrent un son particulier aux voitures. Abarth sous l'ère Fiat Entre 1955 et 1958, la popularité d'Abarth est à son apogée. Le scorpion collabore avec les plus grands carrossiers italiens tels que, Pininfarina, Zagato, Ghia, Vignale et surtout Bertone avec qui il développe, sur base de la Fiat 600, l'Abarth 750. Celle-ci, carrossée entièrement en aluminium, ne pèse que 385 kg ce qui permet à son petit moteur de 44 ch de pouvoir la propulser à 192 km/h ! L'écho mondial est tel que Franklyn Delano Roosevelt Jr, fils du président américain, fait le voyage en Italie pour signer personnellement avec Carlo un contrat d'exclusivité pour la distribution d'Abarth aux USA ! L'année 1958 sera marquée par la Fiat 500 Abarth, elle aussi optimisée pour offrir un rendement d'exception. Désormais, il est question d'une collaboration plus étroite avec Fiat, qui s'engage même à verser des primes financières à Abarth pour chaque victoire ou record obtenu. Il en sera d'ailleurs tellement question que la marque au scorpion vivra toute une décennie d'or, celle des années 60. Puis vient 1971, l'année où Fiat va prendre le contrôle d'Abarth, mais gardera Carlo comme consultant. Ce dernier s'éteint le 23 octobre 1979, soit moins de deux ans avant l'absorption totale de sa firme par le groupe turinois. Après la période en demi-teinte des années 80, Abarth entrera dans une longue période de léthargie, avant un revival réussi en 2008. Outre le génie mécanique de son père fondateur, l'histoire retiendra d'Abarth son impressionnant palmarès en compétition, soit 10 records du monde, 133 records internationaux et plus de 10.000 victoires sur circuit. Version PDF