Le manque de réserves de sang au Maroc se fait de plus en plus sentir et plusieurs villes du pays sont concernées par cette pénurie. Conséquence du confinement sanitaire en vigueur dans le royaume, cette carence commence à inquiéter les responsables des centres de collecte de sang qui ont vu leurs réserves chuter par manque de donneurs ces derniers jours. «Au niveau national, nous avons un stock pour alimenter nos besoins pendant sept jours mais nous avons constaté depuis le lundi 23 mars une baisse importante du nombre de donneurs à cause justement de l'état d'urgence décrété au Maroc», a indiqué le Dr Mohamed Benajiba, directeur du Centre national de transfusion sanguine qui en lieu et place du terme pénurie préfère plutôt parler de «gestion de stocks». Non seulement les gens confinés chez eux ne sortent plus mais ils ont peur d'être contaminés au niveau des centres de collecte de sang, ajoute le médecin hématologue de formation. Pour faire face à cette situation, une campagne de sensibilisation a été lancée pour dire aux gens que non seulement les dons de sang ne doivent pas s'arrêter mais également et surtout qu'il y a beaucoup de malades dans les hôpitaux. Cette campagne, laquelle porte le slogan «Restez chez vous ! Nous vous faisons don de notre sang», a été lancée par les hommes et femmes de la Sûreté nationale afin d'alimenter la réserve nationale avec cette substance vitale. La question qui se pose à ce niveau est de savoir si les Marocains vont répondre à cet appel. Une seule certitude, toutes les mesures ont été prises pour assurer la sécurité sanitaire des futurs donneurs tels que des dispositifs de distanciation sociale au niveau des centres, assure le Dr. Mohamed Benajiba qui a rejoint en 2009 le Centre régional de Rabat avant d'être nommé en 2010 à son poste actuel. «Nous avons pris toutes les précautions nécessaires et suffisantes pour assurer aux donneurs une prévention sûre à 100%, c'est-à-dire que les personnes qui viendront nous voir se tiendront à un mètre de distance au moins les unes des autres. Mieux encore, nous mettons à leur disposition des antiseptiques devant toutes les entrées et sorties de nos centres», a-t-il expliqué en appelant les donneurs à continuer à faire preuve de solidarité et de générosité, même durant cette période de confinement. De plus, sur le plan purement sanitaire, les centres de transfusions sanguines du pays ont mis en place plusieurs mesures et dispositifs sanitaires visant la prévention contre la propagation du virus, note le Marocain qui consacre quasiment toute sa vie à la transfusion et si malgré toutes ces mesures, les donneurs ne se manifestaient pas au niveau des centres, «nous demanderions aux familles des malades de faire des dons», a poursuivi notre interlocuteur. Un autre scénario est également prévu. Il consisterait à aller demander aux militaires de fournir du sang aux personnes malades dans les hôpitaux, ajoute le docteur. Les grandes villes très touchées Il est à noter que ce sont les grandes villes où il y a une forte demande de sang qui sont les plus touchées par la pénurie. Depuis l'annonce de la fermeture des établissements scolaires et l'urgence sanitaire générale, le Centre régional de transfusion sanguine de Casablanca fait face à une situation alarmante. En effet, le centre qui recevait en temps normal entre 250 et 300 donneurs par jour n'enregistre qu'environ 40 donneurs alors qu'il doit fournir entre 600 et 650 produits sanguins labiles. Mardi, suite à un appel de détresse du centre à l'endroit des habitants de la ville blanche, les choses se seraient améliorées. Le nombre des donneurs a connu une hausse considérable. D'ailleurs, pour pallier ce manque, les fonctionnaires de la police, tous corps confondus, ont participé, ce jeudi, à une opération de collecte de sang. Cette initiative se veut un «devoir national qui s'ajoute au devoir sur la voie publique».