Un chantier colossal, des dysfonctionnements handicapants et une réforme qui se fait attendre. Voilà ce que représente aujourd'hui le chantier de la modernisation de l'administration publique, pierre angulaire du programme gouvernemental. À l'occasion du colloque national organisé à Rabat la semaine dernière, placé sur le thème de «la qualité dans l'Administration publique, levier de l'efficience et de l'efficacité du secteur public», le chef du gouvernement, Abdelillah Benkirane, rappelle que «cette réforme constitue un prélude à la promotion du rendement et de l'efficience du service public, afin qu'il puisse s'acquitter convenablement de ses missions et répondre aux attentes des citoyens». En outre, cette réforme reste largement attendue par les opérateurs économiques, qui y voient un facteur considérable d'amélioration du climat des affaires. Conscient des enjeux, le gouvernement a d'ailleurs mis la reddition des comptes au cœur de sa stratégie gouvernementale, de manière à clarifier les responsabilités et limiter les interférences. C'est à juste titre aussi ce que rappelle Abdellah Baha, ministre d'Etat, soulignant que «le Maroc a connu, au cours des dernières années, des réformes continues et profondes, avec un intérêt particulier pour l'amélioration des prestations fournies aux citoyens et aux opérateurs économiques». De son côté, le ministre délégué chargé de la Fonction publique et de la modernisation de l'Administration, Abdelaâdim Guerrouj, évoque «la mise en place de la stratégie de développement de l'Administration, qui place le citoyen et l'entreprise au cœur de la modernisation et qui érige en priorité l'effort d'ancrage des principes de transparence et de proximité, en harmonie avec les réformes socio-économiques d'envergure, dans le but de reconquérir la confiance des demandeurs de services». Pour l'heure, aucune mesure concrète n'a encore été annoncée. En attendant la stratégie... Dans un entretien accordé aux Echos Quotidien, Abdelaâdim Guerrouj évoquait l'imminence du lancement de la nouvelle stratégie. Celle-ci tend en partie à la révision de toutes les procédures administratives, en vue de les simplifier et de dématérialiser celles qui s'y prêtent, pour développer un modèle d'administration électronique. Ce dernier permettra dans un deuxième temps d'inscrire la réforme dans le cadre de la stratégie nationale de régionalisation, à travers la mise en œuvre d'un processus de déconcentration pour la promotion des services de proximité, la valorisation du capital humain, avec notamment un mode de gestion basé sur les résultats. En attendant, quelques résultats commencent déjà à voir le jour, à savoir l'aboutissement du projet de portail E-CPGE d'information, concernant le système des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), du ministère de l'Education nationale pour la catégorie des services au citoyen, qui vient de remporter le prix national de l'Administration électronique «E-Mtiaz 2011». Dans la catégorie des services à l'entreprise, le Prix est revenu au système des aides et des bonifications agricoles (SABA), relevant du ministère de l'Agriculture et de la pêche maritime. Le prix spécial du jury a été remporté par la plateforme Baridesign, de Barid Al Maghrib, tandis que le prix d'encouragement, est revenu à deux services, à savoir la carte de développement du Maroc SIG-CDM, du ministère de l'Economie et des finances, pour la catégorie des services à l'Administration et par le procès-verbal en ligne des résultats des commissions chargées de l'instruction des projets, de l'Agence urbaine de Rabat-Salé, pour la catégorie des services à l'entreprise. Les avancées prennent donc petit à petit forme, à défaut d'une stratégie d'envergure bien définie.