La seconde édition du Forum annuel de l'administration électronique a été quelque peu émoussée par la priorité accordée à la coupe du monde de football qui semble avoir mobilisé tous les cadres des Secteurs publics. En dépit de ces facteurs de contingence, le colloque a pu réunir une participation record de 1600 personnes parmi les décideurs institutionnels, les organismes publics, les opérateurs économiques et autres sensibilités versées dans la question, tant en interne qu'à l'international. De l'avis des nombreux participants à cette édition 2006 du E-Forum sur l'administration électronique, le plus grand acquis qui a émergé de cette initiative se traduit par une forte volonté politique du gouvernement de s'engager dans un processus de dématérialisation des procédures administratives dont le Département en charge de la Modernisation des Secteurs publics reflète les penchants les plus conséquents quant à la réforme en profondeur de l'administration publique au Maroc. Si Driss Jettou, le Premier ministre, en a réaffirmé la conviction inébranlable de l'Exécutif de conduire le projet de E-gouvernement à bon port, il n'en demeure pas moins que le ministre de la Modernisation des Secteurs publics Mohamed Boussaïd est, aujourd'hui plus que jamais l'homme qu'il faut à la place requise. Des lauréats E-Mtiaz méritants Les partenaires organisateurs de cet événement sont les ministères de la Modernisation des Secteurs publics et des Affaires économiques et générales en collaboration avec la société Formatiscom et le Forum européen pour l'administration électronique. Au menu des plénières et des ateliers, figuraient les questions liées aux programmes nationaux et sectoriels d'administration numérique, les nouveaux services au public et les solutions technologiques les plus récentes en la matière. Le Premier ministre a annoncé, à l'ouverture de la rencontre, le lancement imminent d'un portail sur les marchés publics dans le but «d'améliorer la transparence et l'équité de l'accès à la commande publique, mais aussi à renforcer l'efficience économique et financière des dépenses de l'Etat ». Driss Jettou a, aussi, mis l'accent sur les grandes avancées réalisées par le Maroc en matière de généralisation de l'usage des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Ces avancées sont stimulées par le développement accéléré de la téléphonie cellulaire et du nombre d'internautes qui atteignent 4 millions de personnes contre 1 million en 2003. Auprès desquels on relevait, notamment, la contribution louable de Poste Maroc et de l'OMPIC, ce qui est logique vu que ces deux derniers organismes ont été couronnés du Prix Mtiaz au tableau des encouragements récompensant les avancées les plus remarquables. L'OMPIC, faut-il le préciser, pour la seconde année consécutive. Rappelons que les lauréats de ce prix en 2005, outre ceux déjà cités, sont l'ADII (Administration des douanes), le ministère de la Justice, la CNSS tandis que l'année en cours a récompensé, outre ceux déjà annoncés, la Direction générale des Impôts pour les télédéclarations mensuelles et trimestrielles de la TVA et leurs télépaiements, le télépaiement de la taxation fiscale et la consultation de l'historique des impôts. Le Trophée des champions 2006 est tombé dans l'escarcelle de la commune urbaine de Fès-Agdal en association avec l'université Al Akhawayne pour leur programme donnant accès aux citoyens de la ville pour la commande en ligne d'attestations et d'extraits du Bureau d'état civil. Une révolution en la matière qui ne manquera pas de faire des émules dans le champ des collectivités locales sur lesquelles les NTIC mettent désormais la pression moderniste. Expo et ateliers désertés Mais que s'est-il passé au salon des stands du forum où ne figuraient en bonne place que deux départements gouvernementaux, il est vrai pionniers dans la mise en place de l'administration numérique, en l'occurrence le Ministère des Finances et de la Privatisation et celui de la Modernisation des secteurs publics ? Mais où sont donc passés les autres partenaires de l'administration centrale qui ont brillé par leur absence dans l'exposition de leurs réalisations alors qu'ils ne cessent de tenir des discours avant-gardistes sur leurs avancées dans l'intégration des NTIC et la réforme en pointe de leurs systèmes d'information ? Ce qui a laissé perplexes les invités étrangers qui arrivaient difficilement à constater de visu les progrès annoncés dans les discours récurrents officiels ? Où sont passés les EEP, poids lourds dans l'économie du Royaume, affichés aux abonnés absents d'un pareil événement national si l'on excepte Barid Almaghrib et l'OMPIC ? Et les opérateurs privés les mieux structurés ont dû préférer s'adonner à «l'école buissonnière» plutôt que de venir partager les expériences les plus avancées dans le monde ? Plus grave encore, le seul atelier, pertinent portant sur «l'Authentification et l'identification de la signature électronique» animé par SAGEM Défense Sécurité a été totalement déserté comme si cette question d'une brûlante actualité laissait indifférent les décideurs et les cadres institutionnels du pays ? Ce «boycott», même si l'on prétexte la coupe du monde de football, n'est pas sérieux quant à l'image désinvolte que notre administration semble donner à ses partenaires potentiels internationaux ? Heureusement que l'administration marocaine compte quelques champions qui ont sauvé les apparences pour donner l'exemple d'un E-Maroc conquérant, moderne et performant. Comme l'explique le ministre Mohamed Boussaïd, «l'édition 2006 du Forum se veut un lieu d'échange d'expériences et de benchmarking entre différents pays engagés dans le processus du développement de l'administration numérique. L'offre de prestations à distance constitue un élément de démocratisation de l'accès à l'information via les divers canaux de communication. Le caractère dématérialisé et dépersonnalisé de ces prestations contribuera grandement au renforcement de la transparence dans l'administration publique. Le rôle central des NTIC en tant que catalyseur de la production des services publics de proximité ne fait aujourd'hui aucun doute».