Le groupe BMCE Bank appuie sur l'accélérateur. Ce fleuron de la finance marocaine affiche un appétit d'ogre en matière de développement en Afrique. Après la banque, c'est à l'assurance RMA Watanya et à la société de financement, Salafin, d'annoncer leurs projets continentaux. Les informations qui ont circulé en fin de semaine dernière et qui n'ont pas pu être confirmées de manière officielle à l'heure où nous mettions sous presse, font état d'un projet d'assurance au Mali avec l'appui de la filiale du groupe, RMA Watanya. L'annonce est venue du Mali, suite à une déclaration de Abdoulaye Daffé, PDG de la Banque de développement du Mali (BDM) qui serait sur le point de créer une compagnie d'assurance. Par ailleurs, la société de financement du groupe Salafin serait sur le point de développer «une plateforme de financement automobile au Sénégal, dès juillet 2012» pour le compte de la filiale africaine du groupe, Bank of Africa (BOA), détenue majoritairement par le groupe de Othmane Benjelloun. Contacté à ce sujet, le groupe BMCE s'est abstenu de tout commentaire, se contentant de signaler qu' «aucune décision n'a été prise pour le moment». Du moins, c'est ce qu'a confié aux Echos quotidien une source interne. Un classique dans ce genre d'opération, surtout hors frontières, où aucune déclaration officielle ne peut être faite tant que toutes les autorisations et validations des autorités compétentes n'ont pas été effectuées. Il n'en reste pas moins que les deux opérations dévoilées par la presse internationale à l'intervalle de quelques heures ont un caractère fiable, si l'on en juge par les synergies de groupe possibles et surtout prévisibles dans le contexte actuel. C'est le scénario le plus plausible dans la stratégie de développement du groupe, mais aussi par rapport à l'avance prise par la concurrence sur le marché africain. «C'est une réaction logique et tout à fait dans les temps», souligne un analyste financier. Il faut dire que cette offensive de BMCE Bank s'inscrit dans la continuité de sa position par rapport à ce marché, puisque le groupe a été un des pionniers du développement des banques marocaines en Afrique. Ses plans ont été légèrement bousculés par une concurrence accrue de ses consœurs nationales, avec notamment les investissements d' Attijariwafa Bank ou encore, tout récemment, de la Banque Populaire. Rappelons que le groupe Banque Populaire vient de s'allier à une institution financière ivoirienne, Atlantic Financial Group (AFG), en quête d'un repreneur pour ses activités bancaires. Dans l'assurance, ce n'est un secret pour personne que le groupe Benjelloun visait depuis quelques années déjà le développement de ce créneau en Afrique, mais ses plans ont été perturbés par l'arrivée de Saham Finance, qui a raflé Colina et sa quinzaine de représentations en Afrique. De sources croisées, Insurance Of Africa (IOA), est le projet sur lequel BMCE Bank cogite depuis plusieurs mois déjà. IOA, une sorte de « sosie» de la BOA, devrait en effet bientôt venir compléter l'offre du groupe marocain, à travers son réseau de filiales subsahariennes, en se greffant sur le créneau des assurances. L'enseigne devrait ainsi bénéficier de l'expertise et des offres de RMA Watanya, la filiale de Finance Com. Ce serait, pour cette dernière aussi, l'une de ses premières expériences subsahariennes. Il n'en reste pas moins qu'au Mali, le groupe risque d'avancer sur un terrain déjà acquis par Saham Finance, qui compte dans son giron un spécialiste de l'assurance automobile, CNIA Saada. Mais quoi qu'il en soit, cette dynamique est la bienvenue pour nos champions nationaux, qui avancent de plus en plus leurs pions sur le continent africain et commencent, petit à petit, à concrétiser le projet d'intégration économique, confirmant ainsi le positionnement du Maroc en tant que hub pour l'Afrique. Avec ces projets et bien d'autres, le puzzle commence à prendre forme.