Les consignes sanitaires ne sont pas respectées dans les exploitations agricoles et mettent en péril la santé des centaines de saisonnières agricoles marocaines s'affairant dans la collecte des fraises dans la province andalouse de Huelva. C'est ce qu'a laissé entendre Maria Gracia Gonzalez, député local de la formation régionale Adelante, une coalition d'extrême gauche menée par Podemos. Dans une sortie alarmiste, le député régional prétend que la «situation est chaotique» dans les champs et zones d'hébergement des saisonnières, lesquelles sont arrivées fin décembre dans le cadre de ce programme de migration circulaire. De plus, la représentante locale affirme qu'il y a un manque de matériel sanitaire et pointe du doigt l'absence de protocole pour faire face à la pandémie au sein de la filière des fruits rouges. Contacté, Pedro Marin, président d'Interfresa, association interprofessionnelle des producteurs de fruits rouges en Andalousie, nous dément catégoriquement ces allégations et nous a renvoie vers le porte-parole de la filière pour passer en revue les points du programme mis en place par son secteur afin de faire face à cette urgence sanitaire. Ainsi, le porte-parole d'Interfresa nous a transmis un document qui recense les actions entreprises par le secteur pour faire face à la situation sanitaire. «Nous tenons des réunions régulièrement et un nouveau communiqué sera diffusé prochainement», fait-on savoir auprès de cette organisation agricole. Dans ce document consulté par les Inspirations ECO, le représentant de la filière des fruits rouges en Andalousie indique que ce protocole a été adopté en consultation avec les services épidémiologiques du département de la Santé d'Andalousie (SAS) et l'Institut de la médecine légale. Or, il a été rédigé avant que l'Etat décrète l'état d'alerte général et appelle la population au confinement suite à l'explosion du nombre de cas de Covid-19. En ce qui concerne le protocole, celui-ci prend en compte «le respect de la santé des travailleurs et travailleuses et la solidarité entre les professionnels du secteur ainsi que la garantie de la sécurité alimentaire pour garantir l'approvisionnement des marchés». Cette entreprise du secteur jointe par les Inspirations ECO souligne que, depuis le début de cette crise sanitaire, celle-ci a appelé ses employées à limiter leurs sorties à l'extérieur. «Nous nous sommes chargés du ravitaillement alimentaire et de procurer des produits de première nécessité et d'hygiène aux saisonnières afin de contrôler les sorties en masse dans les zones publiques et d'éviter des contagions», confirme notre source. De son côté, Samira, médiatrice sociale recrutée par les professionnels dans le cadre de cette nouvelle politique adoptée par la filière pour créer des canaux de communication entre les saisonnières et les patrons, confirme que des actions de sensibilisation ont été menées auprès des ouvrières agricoles. Certaines entreprises ont fait appel aux médiatrices pour sensibiliser les travailleuses, en darija, sur les dangers de cette pandémie et les précautions à prendre. Interrogée sur le caractère suffisant -ou non- de ces mesures de précaution, elle a préféré consulter son employeur avant de répondre, pour enfin dire que le porte-parole d'Interfresa est le seul autorisé à répondre à ces questions. En somme, la prudence est de mise dans le secteur. Il y a un mois, le syndicat des médecins avait mis en garde les autorités sanitaires de la région contre les risques inhérents au manque de personnel médical dans les zones agricoles où sont concentrées les saisonnières. Les blouses blanches estimaient qu'environ 13 médecins devraient être affectés dans les dispensaires de la région pour affronter la situation sanitaire. Les ouvrières agricoles marocaines ne sont pas au bout de leur peine. Outre les risques liés à l'exercice de leur travail, elles pourraient être appelées à redoubler d'effort. De fait, les saisonnières feraient aussi face au risque de surexploitation. Seules 35% des 15.000 saisonnières marocaines ont pu rejoindre leur lieu de travail. Ce sont elles qui doivent à présent s'occuper de cette phase de la cueillette. Le secteur a déjà alerté sur les risques qu'encourt la filière du fait de la pénurie de main-d'œuvre marocaine, suite à la fermeture des frontières entre les deux pays et à l'entrée en vigueur de l'état d'alerte général. Les Marocains d'Italie rapatriés Une cellule de veille a été mise en place au niveau des consulats du Maroc pour recenser et identifier les touristes marocains bloqués en Espagne suite à la décision du royaume de fermer ses frontières pour éviter la propagation du Covid-19. L'Ambassade du Maroc à Madrid gère la situation et tente de rassurer les citoyens. Quant aux Marocains ayant fui le confinement imposé par les autorités italiennes, les autorités marocaines ont pris en charge leur retour en mettant à leur disposition un autocar loué à cette fin.