Les Echos : Dans «Tenir et se tenir», votre prochain recueil d'entretiens, il est question de votre parcours et vos valeurs. Patrick Poivre d'Arvor s'est-il bien tenu tout au long de sa carrière de journaliste ? PPDA : Je suis assez mal placé pour répondre à cette question. Tenir et se tenir, a toujours été ma devise. J'aime les personnes qui, en toutes circonstances, savent bien se tenir. C'est important de ne pas se plaindre et de faire preuve d'élégance dans son comportement. Ce qui n'a pas été toujours le cas pour certaines personnes envers moi. Y a-t-il une vie après TF1 ? Oui...heureusement. En ce moment, je fais ce que j'aime le plus. C'est-à-dire traiter plus longuement de littérature. Sur Arte, j'ai l'occasion de faire découvrir des pays à travers leurs auteurs. Dans mon émission sur France 5, je donne l'occasion à des personnalités issues de divers horizons d'aborder leurs parcours et leurs expériences. Les deux programmes me permettent d'aller au bout des choses. Le fait que ces émissions n'enregistrent pas une aussi forte audience que vos JT doit être certainement frustrant... Cela ne me pose aucun problème. Bien évidemment, la littérature ne fait pas d'audience. Journaliste présentateur de JT ou d'une une émission littéraire, pour moi, il n'y a pas de différence. Selon votre expérience, à quoi devrait ressembler une chaîne de télévision idéale ? Nous avons tous en tête une vision d'une télévision idéale. J'ai mon idée de la télévision comme j'aimerais la voir, mais il faudrait que je sois patron pour passer à l'acte. À mon sens, la fonction de la télévision consiste avant tout à informer et cultiver. Le divertissement a aussi sa place. Certainement pas en misant sur la téléréalité. D'ailleurs, ce genre de programmes ne m'a jamais séduit. On connaissait le Patrick Poivre d'Arvor de la radio et de la télé, qu'en est-il de la presse écrite ? J'ai déjà exercé en tant que journaliste pour le «Journal du Dimanche» et «Paris Match». Actuellement, j'interviens dans le magazine «Entreprendre». Je suis également sollicité par plusieurs journaux et je répondrais sûrement à certains d'entre eux. Vous avez eu la chance d'interviewer plusieurs chefs d'Etats. Quels souvenirs gardez-vous des entretiens réalisés avec feu Hassan II ? J'ai vécu des moments forts avec feu Hassan II. C'était un chef d'Etat qui maitrisait l'art de la rhétorique. À chaque fois, l'exercice était intéressant et constructif. Il y a même eu de la tension dans certaines interviews. Je n'en garde que de beaux souvenirs parce que j'en sortais plus enrichi. Un sacré bonheur pour un journaliste. Et si l'occasion d'une interview se présente avec le Roi Mohammed VI... J'aimerais interviewer le Roi Mohammed VI dans la mesure où je suis convaincu qu'il a beaucoup de choses à dire. Il est évident que si une telle opportunité se présente, j'aurais une centaine de questions à lui poser. Et parmi les grands thèmes auxquels je pense, les changements qu'il a introduits depuis son arrivée au pouvoir, son analyse à propos de plusieurs questions internationales et son regard sur la situation des MRE. Sans oublier le débat sur l'identité nationale en France. propos recueillis par Mohamed Douyeb & Sophia akhmisse PPDA, homme politique ? Patrick Poivre d'Arvor a tout fait ou presque. Il aurait même pu être diplomate. C'était d'ailleurs sa première vocation. Journaliste, écrivain, ambassadeur de l'Unicef...PPDA a toujours fait l'objet de sollicitations de la part des hommes politiques. Preuve en est, l'UMP lui a récemment proposé de figurer en deuxième position sur la liste du parti pour les élections régionales 2010. «Je suis avant tout journaliste. Si on me propose une offre qui correspond à ma vision et à mes valeurs, je prendrais le temps d'y réfléchir. Il est vrai que des journalistes ont entamé une carrière politique, mais en cas d'échec le retour au métier est impossible», soutient Patrick Poivre d'Arvor. Cette proposition de l'UMP fait jaser le microcosme politico-médiatique français. D'autant plus que certains soutiennent que son éviction de TF1 en juillet 2008 a été influencée par l'entourage de Nicolas Sarkozy. Pour l'heure, Patrick Poivre d'Arvor préfère l'engagement humanitaire à une carrière politique. Mais qui sait? Tout est possible d'ici 2010.