Que faire pour lutter contre la prolifération du sanglier à Tiznit ? La question était de mise, mardi lors d'une rencontre scientifique initiée par le ministère de l'Agriculture et le Haut-commissariat aux Eaux et forêts pour pallier aux dégâts causés aux cultures vivrières. Bien que l'arsenal juridique soit approprié au Maroc puisque le droit de la chasse appartient à l'Etat et admet la possibilité de la régulation de la faune sauvage, la population de sangliers est toujours en augmentation. Les causes sont le nombre de chasseurs de sangliers qui est relativement faible par rapport aux potentialités offertes par les milieux naturels, par rapport aux autres espèces, la disparition des principaux prédateurs du sanglier, le statut prohibé de l'espèce dans la religion et l'adéquation des milieux naturels à Tiznit (régions montagneuses boisées et sauvages), lesquelles ont entraîné la reproduction de ces mammifères et un taux élevé d'accroissement cyclique. «Les projets agricoles entrepris à l'échelon de la province de Tiznit, en l'occurrence la plantation et l'intensification des arbres fruitiers ne peuvent pas réussir en la présence de certains équilibres naturels, notamment la prolifération du sanglier et le surpâturage des nomades» a ainsi déclaré lors de la séance d'ouverture, Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime. L'émission de plusieurs recommandations a marqué cette rencontre. La déclaration a appelé à la simplification des dispositions réglementaires et des instruments de régulation en matière de gestion du sanglier. De plus, un intérêt particulier a été accordé à la promotion de la recherche scientifique autour du sanglier et à la mise en place d'un Système d'information géographique (SIG) pour la gestion et le suivi de l'accroissement du sanglier. Les recommandations ont insisté également sur l'institutionnalisation d'une plateforme regroupant les différents acteurs concernés par le phénomène du sanglier et l'adoption d'une approche de concertation avec les populations locales et des plans territoriaux de gestion du sanglier. Pratiquement, la déclaration a appelé à l'élaboration de tableaux de bord des risques afférents au sanglier et à les intégrer aux plans communaux de développement (PCD). Sur le plan de la chasse, qui est un instrument de régulation, les participants ont appelé à l'augmentation du nombre de battues autorisées et à simplifier les procédures d'obtention des autorisations tout en faisant bénéficier les populations locales de revenus. Contraception Concernant l'accroissement du sanglier, la déclaration a mis l'accent sur l'adoption de méthodes contraceptives pour limiter les populations. S'agissant des dégâts occasionnés par le sanglier, les participants ont mis l'accent sur l'adoption d'un système d'assurance et d'indemnisation pour couvrir les dégâts du sanglier et développer la filière autour de cette espèce (commercialisation de sa viande auprès des établissements hôteliers) tout en mettant en place un système de contrôle sanitaire rigoureux. En parallèle, des mesures seront adoptées pour lutter contre le surpâturage des nomades. Une rencontre nationale est prévue au mois de septembre prochain à Tinzit pour aborder ce sujet. Selon le ministre, deux approches seront mises en place pour pallier à cette problématique. Il s'agit d'étudier la possibilité d'installer des parcs de pâturage fermés au sud de Guelmim. Ces espaces seront étalés sur 80 km et ils incluront des services administratifs, sanitaires, vétérinaires et d'enseignement pour les nomades. Quant au second volet, il porte sur la réalisation d'un projet de loi organisant cette activité, notamment la définition du nomade, l'octroi des licences, la formulation des amendes et la désignation des organismes qui s'occuperont de ce projet.