Décidément, avec la crise économique en Europe, la bouffée d'oxygène pour les industriels marocains semble venir du marché local. C'est le cas notamment des textiliens, qui ont décidé désormais de se concentrer davantage sur le marché interne dont le potentiel est estimé à 40MMDH. Toutefois, le marché de l'exportation (en hausse de 5% en 2011), pesant pour plus de 29 MMDH, selon les chiffres 2011 de l'Association marocaine des industries du textile et habillement (AMITH) a aussi son apport pour le secteur. «Actuellement, nous élaborons la stratégie du secteur pour les dix années à venir et elle concerne autant le marché local que les exportations», affirme El-Mustapha Sajid, président de l'AMITH. À ce niveau, il est inutile de rappeler que si le secteur textile travaille en grande partie pour les besoins du marché local, la confection, qui totalise la majorité des entreprises du secteur, «qui sont dans la majorité des sous-traitants», est en revanche orientée vers l'exportation. Cela étant, la crise a mis en lumière une grande dépendance du secteur textile marocain vis-à-vis des marchés européens. C'est pourquoi les entreprises du secteur, conscientes du relais de croissance que constitue le développement d'une classe moyenne marocaine, s'intéressent de plus en plus au marché local. Par ailleurs, dans sa dernière lettre économique, l'Institut français de la mode estime qu'aujourd'hui, le commerce marocain «est en pleine mutation». Et si la distribution traditionnelle reste encorede loin, la plus importante, les nombreux projets de centres commerciaux nouvelle génération contribuent à bouleverser le paysage de la distribution au Maroc. Cette tendance représente un nouveau relais de croissance pour l'industrie marocaine du textile. Aussi, pour accompagner la mutation dans les habitudes de consommation des Marocains, le secteur du textile est en passe de déployer toute une stratégie de création et de développement de marques marocaines en place, pour contrer une éventuelle concurrence espagnole. Aussi, la stratégie en question devrait être finalisée d'ici la fin de l'année, explique le responsable de l'AMITH. Pour autant, même si plan d'action il y aura, cela ne veut pas dire que les opérateurs sont inquiétés par la performance espagnole. «Celle-ci ne représente, selon l'AMITH, que 4% de la distribution moderne». Sauf qu'une telle ambition «butte particulièrement contre la cherté du foncier qui empêche le développement de chaînes nationales», soulève Sajid. Par ailleurs, l'Institut français de la mode évoque aussi dans son analyse l'industrie chinoise, dont l'agressivité au niveau des marchés mondiaux a fait bien des ravages. Le pays du dragon est ainsi le deuxième fournisseur du Maroc avec 17,5% des importations textiles en 2011. Et là aussi, l'AMITH ne est imperturbable. «La consommation chinoise va crescendo et la demande intérieure avec, ce qui n'est pas sans faire ralentir le volume des exportations chinoises», commente Sajid. Quants aux concurrents turques, et en dépit de leur appétit sur les marchés internationaux pour les matières premières, qui fait actuellement l'objet d'une polémique dans le secteur, le président de l'AMITH précise qu' «on aurait rien à leur envier concernant le rapport qualité/prix». Il est à noter que le secteur au Maroc compte actuellement 200.000 emplois, et qu'il envisage de se renforcer à travers des ressources humaines qualifiées pour réellement réussir sa percée à l'international, où le Maroc est déjà présent, notamment en Europe avec une forte concentration sur les marchés français et espagnols, qui absorbent 74% du volume globale exporté dans le secteur du textile. D'ailleurs, ces deux pays totalisent respectivement 39,2 et 35,3% des exportations en produits confectionnés. Le Royaume-Uni arrive en troisième position, mais le Maroc semble s'essoufler sur ce marché, les exportations de produits confectionnés vers ce pays s'étant réduits de moitié entre 2007 et 2011 (de 14,4% à 7,1%).