* Le sourcing à partir du Maroc apparaît comme la solution aux exigences de marchés auxquelles sont confrontées les marques et certaines enseignes de distribution. * Le Maroc a renforcé sa position sur le marché espagnol, puisque les exportations ont augmenté de 4,2 % vers ce pays, alors qu'elles sont en repli de 12,2 et 14,8 % sur la France et le Royaume-Uni. LAMITH a tenu jeudi dernier son Assemblée générale et a saisi cette occasion afin de passer en revue les faits marquants de l'exercice 2005 et les résultats affichés. Le bouleversement intervenu le 1er janvier 2005 dans le paysage textile-habillement mondial n'est pas le seul facteur qui a bouleversé le secteur. D'autres tendances lourdes ont influencé et continueront d'impacter les stratégies sourcing des produits textiles à l'échelle planétaire. Il s'agit notamment : des nouveaux comportements du consommateur, des exigences en matière de réactivité et de créativité « Fast Fashion», de la ré-instauration des quotas sur les produits chinois jusqu'à fin 2007. D'après Karim Tazi, président de l'AMITH : «Dans ce contexte, force est de constater que : l'effondrement des activités textiles marocaines tant redouté en 2005 suite au démantèlement de l'AMF, ne s'est pas produit». Par ailleurs il s'empresse d'ajouter : «Le sourcing à partir du Maroc apparaît comme la solution aux exigences des marchés auxquelles sont confrontées les marques et certaines enseignes de distribution». Faisant preuve d'une grande capacité d'anticipation, pouvoirs publics et professionnels ont assuré une veille continue de la situation et maintenu un contact tout le long de la phase critique. Le Plan Emergence TH conclu en octobre 2005 est le résultat d'une démarche public - privé consensuelle. Il est le témoin d'une vision partagée quant à l'importance stratégique du textile marocain et de la volonté conjointe de l'orienter vers un nouveau cap de progrès. 2005, un tournant dans l'évolution du commerce mondial Programmé sur une période de 10 ans, le démantèlement de l'AMF a bien eu lieu comme prévu le 1er janvier 2005 levant ainsi toute restriction quantitative sur les exportations de certains pays asiatiques. Ce démantèlement n'a pas tardé à bouleverser les règles de la concurrence internationale du textile - habillement puisque la Chine a enregistré, dès les premiers mois, une croissance de ses exportations vers l'UE et les Etats-Unis et a conquis des parts de marché dans ces zones, plus conformes à son poids économique dans l'échiquier mondial du secteur textile. La percée des exportations TH chinoises s'est faite au détriment notamment des pays asiatiques, l'Inde excepté. Parallèlement et à l'exception de la Turquie qui a mieux résisté au nouvel environnement concurrentiel, la majorité des pays du pourtour méditerranéen ont accusé des baisses de leurs exportations notamment vers l'UE, fragilisant ainsi le processus d'intégration régionale dans le cadre de la Zone Euromed. Face à cette performance chinoise, l'Europe a signé en juin 2005 un accord avec la Chine par lequel les quotas sur les exportations chinoises ont été rétablis au niveau de 10 catégories de produits jusqu'à fin 2007. Quant aux USA, après avoir eu recours aux clauses de sauvegarde, ils ont fini par signer en novembre 2005 un accord similaire portant sur 34 catégories de produits qui expire à fin 2008. Continuant sur la progression initiée depuis quelques années, la Chine a largement mis à profit la suppression des quotas pour doubler ses ventes sur les principaux marchés mondiaux de l'habillement et porter sa part dans les exportations mondiales à 20%. C'est ainsi que ses ventes sur l'UE ont progressé aussi bien en valeur (46,3%) qu'en volume (44%), ce qui lui a permis d'atteindre 31% de parts du marché de l'UE contre 23% en 2004. Quant au marché américain, la progression des ventes a été plus forte puisq'elle s'est située aux environs de 77%. Enfin, la Chine a augmenté sa capacité de production textile dans la mesure où elle a réalisé, en 2004, respectivement 55 % et 76% des investissements mondiaux dans la filature et le tissage. Comment a évolué le marché européen en 2005 ? Avec une consommation en 2005 de 283 milliards d'euros, en progression de 0,5% par rapport à 2004, l'UE représente le 1er marché mondial du TH. L'industrie européenne TH satisfait 49% de cette consommation à travers l'offre de 230.000 entreprises, des PME de moins de 50 salariés qui exercent en majorité des activités orientées vers les produits à forte valeur ajoutée et des marchés de niche. En 2005, l'industrie du textile-habillement européenne a accusé à nouveau une baisse de sa production aussi bien du textile (- 4,5%) que de l'habillement (-8 %). Cette baisse constitue une tendance lourde qui se confirme d'année en année puisqu'elle atteint un cumul de 31% depuis 2000, touchant même les pays qui ont intégré récemment l'UE, comme c'est le cas pour la Pologne (-24%) sur 5 ans. Face à la progression de la consommation et la réduction de la production européenne, le niveau des importations a augmenté en 2005, respectivement de 0,2% pour le textile et de 7,5% pour l'habillement. Au niveau de la distribution, toujours concentrée et plutôt nationale, la distribution européenne continue sa mutation tant au niveau de son implantation qu'au niveau de son mode de sourcing. L'analyse en 2005 des importations par zone géographique permet de relever : une augmentation des importations à partir des pays asiatiques, +15 %, qui a permis de porter leur part à 58 % en 2005 contre 52% en 2004. Cette évolution est imputable en grande partie aux importations à partir de la Chine qui ont progressé de 48% et de l'Inde +31%, alors que celles à partir de Honk Kong et du Bangladesh sont en baisse respectivement de 23% et de 7%. La poussée des approvisionnements à partir de la Chine a été, toutefois, ralentie suite au rétablissement des quotas sur 10 catégories de produits en juin 2005, permettant un rééquilibrage au profit des autres pays d'Asie, et dans une moindre mesure, des pays du pourtour méditerranéen. 2005, une année de renouveau pour l'ITH marocaine. A l'origine du tiers des exportations du pays, le textile - habillement est un secteur-clé pour l'économie marocaine. En 2005, cette activité a été particulièrement affectée par la progression du taux de pénétration des importations asiatiques liée au démantèlement des quotas. La branche textile (filature, tissage, ennoblissement) comptait, en 2005, près de 540 unités et employait environ 30.000 personnes. Contrairement à la confection, le secteur textile marocain est très orienté vers le marché local et peu tourné vers l'exportation. Le chiffre d'affaires des activités textiles du Maroc s'est élevé à près de 9 milliards de dirhams en 2005, soit une baisse de 4 % par rapport à l'année dernière. Il aurait perdu entre 2004 et 2005 quelque 9.000 emplois. Néanmoins, les investissements sont demeurés soutenus grâce à quelques grands projets, fruit de délocalisations de multinationales textiles attirées par les opportunités offertes au Maroc par l'accord de libre-échange avec les Etats - Unis. Les importations de textile du Maroc sont nettement plus importantes que les exportations (l'équivalent d'environ 16 milliards de dirhams). Le premier fournisseur de textile du Maroc est l'Espagne, avec une part de 23 % dans l'ensemble des approvisionnements en valeur en 2005. L'Espagne a ainsi surclassé la France qui était jusqu'en 2003 le premier fournisseur du Royaume. Suite à la signature de l'ALE avec la Turquie, les approvisionnements marocains de tissus turcs devraient s'intensifier dans les prochaines années. Pour l'ensemble de l'année 2005, les exportations françaises de tissus vers le Maroc ont porté sur un peu plus de 2 milliards de dirhams, soit un recul de 11 % par rapport à 2004. Le Maroc est la deuxième destination des exportations françaises de tissus. Les exportations marocaines d'habillement vers l'Union européenne sont très concentrées sur trois pays qui en absorbent 82 % en valeur (France, Espagne et Grande-Bretagne). Le Maroc a renforcé sa position sur le marché espagnol puisque les exportations ont augmenté de 4,2 % vers ce pays, alors qu'elles sont en repli de 12,2 et 14,8 % vers la France et le Royaume-Uni.