L'arrivée du commerce électronique au Maroc n'aura pas seulement bouleversé les habitudes de consommation des Marocains. Elle a en effet également impacté les professionnels du transport qui ont dû s'adapter aux spécificités de cette nouvelle activité. Il faut dire que l'enjeu est de taille. À l'issue du premier trimestre 2012, Maroc Telecommerce a ainsi recensé 240 sites Internet marchands actifs. Bien sûr, la «e-logistique» ne concerne que les sites e-marchands commercialisant de la marchandise physique. On exclut donc de ces 240 sites marchands les vendeurs de coupons, les sites de paiement de factures ou de créances, ou encore les sites de vente de voyages. Au final, le réservoir de sites purement shopping ne constituerait que 20% de ces 240 sites, d'après Thomas Bincaz, DG de Kenza Mall, à l'origine de knooz.ma et de laredoute.ma. Les attentes des clients, tout comme les caractéristiques liées directement au processus du e-commerce, font de la «e-logistique» un nouveau métier en plein essor au Maroc. C'est d'ailleurs la niche dans laquelle n'a pas hésité à se jeter le cabinet Almav. Installé depuis février 2011 à Casablanca, ce cabinet maroco-canadien est d'ailleurs le premier à proposer le traitement complet de la logistique d'un e-marchand. Almav s'occupe de tout, mais ne possède pas d'actifs. Concrètement, le site e-marchand délègue toute la gestion du flux physique et informatique au cabinet Almav. Et ce dernier délègue par la suite pour certaines opérations. Cela inclut donc la coordination avec les fournisseurs, la gestion de l'import, l'opération de transit, le dédouanement, la préparation des commandes et jusqu'à la livraison prise en main par un transporteur. Almav apporte son expertise en conseil pour laisser les e-marchands se concentrer sur leur business et sur son développement. À l'heure actuelle, laredoute.ma et knooz.ma ont fait confiance à Almav, ce qui représente 15% de son business. De leur côté, les opérateurs de transport de référence ont produit d'énormes efforts pour s'adapter à la conjoncture. Externalisation de la logistique À La Voie express par exemple, le e-commerce a rapidement été pris en compte. «Avec notre métier de transporteur, on s'est retrouvés par la force des choses à être sollicités par plusieurs e-commerçants. Cela fait maintenant deux ans que nous nous sommes préparés au e-commerce. Nous avons d'ailleurs mis en place une cellule dédiée au e-commerce, composée d'une vingtaine de personnes, soit des livreurs, des préparateurs et un service clientèle dédié à ce dernier», explique ainsi Mohamed Alaoui, directeur du pôle Messagerie. Néanmoins, La Voie express est allé plus loin que la simple livraison en proposant aux site marchands d'externaliser leur service de logistique. «Nombre d'éléments poussent les e-marchands à externaliser leur logistique. L'élément foncier bloque par exemple les e-commerçants à investir dans un entrepôt et des machines de maintenance. Nous avons les surfaces, le système informatique qu'il faut», poursuit Mohammed Alaoui. Dans le cadre de ce concept, La Voie express est donc chargée de stocker, préparer les commandes et livrer. «Nous avons une dizaine de clients e-commerce à travers le Maroc et la plupart à avoir répondu au concept d'externalisation sont des multinationales», précise Mohamed Alaoui. Ce portefeuille ne représente néanmoins qu'une part minime du portefeuille global du transporteur. «Cela représente moins de 1% de nos 5.000 clients et entre 2 et 3% de notre chiffre d'affaires. Mais nous constatons une progression certaine», conclut-il. Quant à l'opérateur historique, Poste Maroc, celle-ci estime représenter 80% des livraisons e-commerce. Intégrée au pôle Amana Messagerie, la collecte et la livraison sont les seuls services mis à la disposition des e-commerçants. Cependant, Poste Maroc réfléchit à la mise en place d'un produit d'externalisation, à l'image de ses concurrents. Des points relais d'ici fin 2012 Pour s'adapter au contexte du nouveau marché du cyber-commerce au Maroc, les transporteurs ont vite compris le besoin de répondre aux spécificités de l'activité. C'est ainsi qu'ils ont depuis longtemps entamé leur réflexion pour la création d'un réseau de points relais. Concrètement, et à l'image de ce qui se passe par exemple déjà en France, les points relais consistent en des dépôts chez des commerces de proximité. Un bureau de tabac, une librairie, une station d'essence acceptent ainsi de récupérer le colis pour le compte du transporteur. L'avantage pour le client final est l'ouverture prolongée en semaine comme en week-end de ces commerces de proximité et donc la liberté pour le client de récupérer son colis quand il le souhaite. Dans le cadre de son développement, Almav et ses partenaires, opérateurs de transport, sont ainsi en pleine négociation avec un ou plusieurs partenaires pour mettre au point un réseau de points relais avant la fin de l'année. Aucune identité de ce ou ces partenaires n'a néanmoins filtrée.