Quel avenir pour le secteur des assurances au Maroc ? C'est là l'une des questions à laquelle répond Standard & Poor's dans sa dernière livraison traitant du secteur des assurances dans le Maghreb. D'emblée, on peut dire que le secteur est voué à un bel avenir dans la région, particulièrement au Maroc. «Standard & Poor's considère que les marchés de l'assurance du Maghreb ont de bonnes perspectives de croissance. Avec des besoins en couverture croissants, la demande d'assurance pourrait même, à long terme, dépasser celle des économies locales», affirme l'agence de notation. Cet optimisme de S&P trouve principalement son origine dans le faible taux de pénétration de l'assurance auprès des populations. Pour le cas du Maroc, par exemple, les professionnels estiment ce taux entre 15 et 20%. Bien au-delà, l'étude de Standard & Poor's fait surtout ressortir les besoins croissants en matière de gestion des risques. En effet, la croissance du secteur ne saurait être pérenne, sans une gestion rigoureuse des risques. À ce niveau, il faut dire qu'il reste du chemin à faire, dans le sens où les risques du marché action semblent être les plus consommateurs de fonds propres dans le secteur, en raison de la forte exposition des acteurs locaux sur le marché des actions. L'agence de notation appelle les compagnie d'assurance à une meilleure gestion intégrée des risques, afin de pouvoir adapter leurs offres aux nouveaux besoins de couverture en assurance, tout en préservant leur rentabilité. Ce besoin de gestion des risques s'explique notamment par «le contexte économique en évolution permanente et des marchés financiers volatiles», note l'agence, qui appelle également à une anticipation du passage à des régimes de solvabilité ajustée du risque, ce qui mènerait les assureurs à adapter leur stratégie d'allocation d'actifs et à renforcer leur reporting aux marchés et aux régulateurs. Notons qu'au niveau de la régulation, le projet de loi tant attendu devant transformer la DAPS en une autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale vient d'être transmis au Secrétariat du gouvernement. Si pour l'heure, aucune date officielle n'est donnée pour le passage du texte au Conseil de gouvernement, première étape de son processus d'adoption, il serait toutefois question de le traiter durant les prochaines semaines. En attendant, S&P place toutefois le marché marocain au dessus de ceux de ses voisins, particulièrement pour ce qui est de la maturité du marché national. Celui-ci ressort comme étant le plus mature de la région actuellement. Toutefois, «les perspectives de croissance existent notamment grâce à des programmes de généralisation de l'assurance», ajoute l'étude. Il s'agit principalement de l'objectif que se fixent l'Etat et les opérateurs dans le cadre du contrat-programme. Si celui-ci est concrétisé sur le terrain, cela pourrait en effet fortement stimuler la croissance du secteur des assurances au Maroc. Les initiatives réglementaires de promotion et d'assainissement du secteur devraient également favoriser une croissance significative dans les années à venir. À ce titre, force est de constater que les efforts déployés actuellement au Maroc pour tenter de vulgariser l'assurance vie constituent l'un des principaux axes de développement du secteur. L'agence de notation va encore plus loin, en considérant l'assurance-vie comme un catalyseur de la croissance du secteur durant ces dernières années, en raison de l'accroissement des besoins d'épargne et de produits de santé, ainsi que l'introduction de la bancassurance, en particulier au Maroc. Ceci dit, «la situation du secteur bancaire, avec le contexte de sous-liquidité, pourrait freiner le développement de la bancassurance», relativise- t-on auprès de S&P. En cause : le besoin de liquidité des banques marocaines, qui devrait amener celles-ci à opérer des arbitrages en faveur de la commercialisation des produits d'épargne bancaire, au détriment des produits de la bancassurance. Du potentiel partout Dans ce contexte, c'est la branche non vie qui paraît aujourd'hui offrir le potentiel le plus certain dans le secteur. Déjà actuellement, et c'est une tendance relevée au niveau des trois pays de la région, c'est l'assurance automobile qui fait le bonheur des compagnies d'assurance. Le poids de ce segment aurait même été encore plus significatif, si la responsabilité civile n'était pas le seul risque obligatoire pour les détenteurs de véhicules. Le potentiel qu'offre la non vie ne manque pas d'interpeller l'agence de notation, qui souligne que les assurances liées à l'immobilier devraient également constituer un des principaux moteurs de croissance du secteur, compte tenu de l'introduction probable de la couverture obligatoire des biens. Les risques industriels seraient également une opportunité pour les compagnies d'assurance, tant que l'Etat continuera d'investir dans des projets de grandes infrastructures et que les industries exportatrices du Maroc continueront à se développer. Hassan Bensalah, Président de la FMSAR* : «Le risque marché n'est pas inquiétant» Les Echos quotidien : Selon Standards & Poors, le marché des assurances au Maroc est le plus mature de la région mais garde tout de même tout son potentiel de croissance. Qu'en pensez-vous ? Hassan Bensalah : Effectivement, malgré le degré de maturation qu'a atteint le secteur, il y a toujours du potentiel à exploiter. Nous sommes aujourd'hui dans un marché où le taux de pénétration, qui est compris entre 15% et 20%, offre une bonne marge d'évolution. C'est d'ailleurs pour cela que le contrat- programme signé avec l'Etat a été mis en place et devrait contribuer au développement du secteur. On parle aussi d'intérêt particulier qu'il faut porter à la gestion des risques du marché... La remarque est légitime dans le contexte actuel que vit la Bourse de Casablanca. Maintenant, ceci aurait été inquiétant si nous étions dans un marché plus grand. La dimension de la Bourse est encore petite. Elle est ellemême appelée à se développer. Les choses devraient s'améliorer dans ce sens, puisqu'à l'avenir, le marché devrait connaître la mise en place de paquets et opportunités de placement nouveaux. C'est donc une remarque légitime mais qu'il faut rapporter au contexte marocain. Comment peut-on aujourd'hui profiter du potentiel de la branche vie ? Cette branche, c'est la généralisation et la vulgarisation de l'assurance qui permettra de la développer. C'est d'ailleurs le travail que nous tentons de réaliser. Il faut améliorer l'accès aux produits d'épargne et de capitalisation afin de profiter du potentiel qu'offre aujourd'hui ce segment. *Fédération marocaine des sociétés d'assurances et de réassurance