C'est la dernière alerte de la saison. L'International Grains Council (IGC) - Conseil mondial des céréales - vient de revoir à la baisse les perspectives de récoltes céréalières mondiales pour la prochaine campagne de commercialisation 2012-2013. L'organisme chiffre ses attentes, pour la production de blé, à quelque 676 millions de tonnes, contre près de 700 millions de tonnes pour 2011-2012. Une contre-performance expliquée par des situations météorologiques contraignantes relevées dans plusieurs pays grands producteurs de l'Union européenne, en Russie, ainsi qu'au Maroc, dans la région maghrébine. L'organisme londonien confirme ainsi les perspectives déjà avancées par le gouvernement local, portant sur 48 millions de quintaux sur les trois principales céréales combinées (blés tendre, dur et orge). Dans le détail, le volume attendu pour le blé tendre est de 26 millions de quintaux (Mqx), en baisse de 38% par rapport à 2010-2011, de 10 Mqx pour le blé dur, en chute de 44%, et de 12 Mqx pour l'orge, en recul annuel de 51%. Les besoins en importations seront donc conséquents pour le Maroc, comme l'ont déjà souligné plusieurs institutions internationales. L'Office national interprofessionnel des céréales et légumineuses (ONICL), se prépare déjà à ces perspectives, même si aucune estimation chiffrée officielle n'a encore été livrée sur la question. Les responsables de la structure publique demeuraient encore injoignables, hier, jusqu'à l'heure où nous mettions sous presse. Quoi qu'il en soit, entre la suspension - contrôlée et périodique - des droits de douane sur les importations des principales céréales, et l'octroi des autorisations aux importateurs du marché local, en vue de la prochaine campagne de commercialisation, le dispositif public semble déjà en éveil. Près d'une centaine d'opérateurs se sont en effet déjà positionnés, dans les plus grandes zones de consommation du royaume, selon le résultat de l'appel à manifestation d'intérêt lancé par l'Onicl, pour l'approvisionnement du pays en céréales importées. À pied d'oeuvre Par ailleurs, les dernières actualisations, au terme de la première quinzaine du mois de mai 2012, portant encore sur la commercialisation de la récolte exceptionnelle de 2011, parlent d'une collecte cumulée des céréales portée à presque 22,5 Mqx. Dans les souks et les marchés, les cours appliqués demeurent, par conséquent, relativement stables. Ils se fixent à une moyenne de 250-290 DH/ql pour le blé tendre, contre 246-248 DH/ql pour les récoltes de 2010. Ces variations devraient toutefois être plus importantes pour la prochaine campagne de commercialisation, et le gouvernement semble déjà à pied d'oeuvre. Mohamed Najib Boulif l'a rappelé, lundi face aux parlementaires de la Première Chambre. Le ministre délégué auprès du chef de gouvernement, chargé des Affaires générales et de la gouvernance, a en effet indiqué que le gouvernement à adopté «plusieurs mesures de garantie de l'évolution normale des prix de la farine et son acheminement vers les centres de distribution». Les mesures adoptées visent également à pénaliser l'augmentation des prix des matières subventionnées, notamment la farine de blé tendre, à travers l'activation des dispositions de la loi 30-08. Hors des frontières marocaines, sur le marché international, le scepticisme entoure l'instabilité constatée sur l'évolution des cours des différentes céréales. L'IGC explique cette situation fluctuante par le manque de visibilité des marchés financiers internationaux, sur le niveau des productions mondiales de 2012. À Paris, le blé tendre se négociait hier à 212,75 ¤/tonne, soit une hausse de 5% par rapport au niveau des cours relevé au 1ejanvier dernier.