Le Maroc est devenu la deuxième destination africaine en termes d'attractivité d'investissements directs extérieurs (IDE). C'est ce que vient d'établir le cabinet international, FDI Intelligence, une filiale de Financial Times Ltd, considérée comme le plus grand centre d'excellence au niveau mondial dans le domaine du conseil en matière d'IDE et de promotion des investissements. Selon le rapport annuel, édition 2012, du cabinet, publié mardi, le Maroc se classe juste derrière l'Afrique du Sud et devant le Kenya en termes d'IDE reçus en 2011. C'est une belle performance, si l'on tient compte du contexte régional marqué par une certaine frilosité des investisseurs internationaux, qui a été consécutive aux événements liés au printemps arabe. Si, comparée à 2012 au niveau interne, la valeur des IDE a chuté de 31%, l'attractivité du royaume s'est confirmée, puisqu'en termes de projets reçus, le Maroc avait attiré 70 nouveaux IDE contre 154 pour l'Afrique du Sud et 55 pour le Kenya. Selon les statistiques de FDI Intelligence, cela correspond à une augmentation de plus de 40% comparée à 2010 et de 50% en termes de croissance en capital. «Cela confirme la confiance des investisseurs pour la destination Maroc», précisent les auteurs du rapport. Il s'agit d'ailleurs du 2e rapport international du genre à converger vers cette conclusion, après celui d'Ernst & Young, publié en début de mois. Enjeux et opportunités La particularité marocaine dans ces classements, comparée autant aux autres pays africains qu'à la région MENA, c'est que l'attractivité du royaume est plus liée à la structure de l'économie du pays, «mieux développée » selon le rapport, alors qu'ailleurs elle est plus concentrée sur les IDE dans l'exploitation des ressources naturelles dont disposent ces pays. Agroalimentaire, immobilier, industrie touristique et surtout capital investissement et fusions-acquisitions sont les nouveaux domaines de prédilection des investisseurs, en quête de nouvelles opportunités de croissance. Audelà de la valeur de cette notation, laquelle comme les autres, constitue un puissant argument marketing pour la destination Maroc, cette attractivité constitue une invitation pour le pays à mieux faire. Toutes les études convergent, en effet, à reconnaître que la dynamique que connaît le continent pour les IDE sur la dernière décennie, et qui ont presque doublé comparés à leur niveau des années 2000, n'est que le début d'une arrivée massive de nouveaux fonds internationaux. Selon les prévisions du cabinet Ernst & Young, d'ici à 2015, la valeur des IDE à destination de l'Afrique pourrait atteindre les 150 MMDH. C'est une opportunité pour les pays qui sauront le mieux se positionner. À ce niveau, un seul mot d'ordre est de mise chez les investisseurs : l'amélioration du climat des affaires, qui constitue le seul argument valable et porteur, comme en témoignent les avis des chefs d'entreprise interrogés dans le rapport. Le rapport de FDI Intelligence tombe, d'ailleurs fort opportunément, puisqu'il coïncide avec le lancement du Plan 2013 de promotion des investissements, une plateforme qui réunit le gouvernement et les partenaires privés et sociaux, pour consolider les acquis enregistrés jusque-là et mettre en oeuvre de nouvelles mesures incitatives pour les investisseurs, mais également destinées à améliorer la compétitivité du Maroc au niveau mondial. L'enjeu est multiple pour le gouvernement, puisque les IDE constituent un puissant levier de croissance économique et de nombreuses niches pour la création d'emplois, deux défis pour l'actuel gouvernement, conscient de l'aubaine qui lui est offerte à travers le nouveau positionnement du Maroc. Calendrier gouvernemental Lors de la réunion de la commission nationale du climat des affaires, qui s'est tenue mardi dernier, le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a promis que son gouvernement assumera toutes ses responsabilités pour l'amélioration des perspectives économiques du pays. C'est pour cette raison, d'ailleurs, conscient que le gouvernement ne peut à lui seul garantir la réussite de ce vaste chantier, qu'une «approche participative a été mise en avant», pour lever tous les obstacles qui constituent des freins au développement des investissements et à la compétitivité nationale. «Pour être franc avec vous, a souligné le chef du gouvernement devant les membres de la commission, il ne doit plus y avoir d'interférences entre l'économique et l'autorité». Cela semble réjouir le patronat, à en croire la nouvelle patronne des patrons, Miriem Bensaleh, qui s'est appuyée sur le nouveau plan d'action planifié, dont l'agenda a été tracé pour la période s'étalant jusqu'en 2013. Pour Miriem Bensalah, les deux grands axes stratégiques qui structurent la nouvelle approche sont de nature à insuffler une dynamique certaine au moral des investisseurs. Il s'agit de «l'accès au foncier et la régionalisation de l'investissement», a-t-elle insisté. Le gouvernement et le secteur privé se sont donc répartis les tâches afin de garantir la réussite de cette oeuvre collective. Benkirane et son équipe s'attelleront donc à baliser le terrain, notamment sur l'aspect juridique comme demandé à la fois par la CGEM et les syndicats. Ce qui donnera aux acteurs relais, les moyens de maintenir la dynamique en profitant du nouveau cadre législatif et réglementaire pour porter le défi de la croissance. Cependant, c'est là où les choses risquent de se corser, surtout sur le plan social, qui constitue un pan important de la réforme. Or, à ce niveau, force est de constater que les choses semblent avancer à un rythme assez lent, comme en témoigne l'état où se trouve le dialogue social marqué par un climat de méfiance de la part des syndicats. Nouvelles mesures incitatives Le gouvernement semble en tout cas conscient de cet état de fait et de son impact sur la suite des réformes annoncées. L'objectif affiché par le gouvernement, au regard du plan d'actions de la commission du climat des affaires, est de parvenir à apaiser les tensions sociales et ainsi créer un cadre propice à la mise en oeuvre des mesures destinées à instaurer une véritable confiance chez les investisseurs. Le gouvernement compte, pour cela, valider plusieurs textes législatifs et réglementaires pour surmonter les obstacles qui freinaient jusque-là un réel démarrage du chantier. Il s'agit par exemple du volet lié au financement bancaire pour le secteur des PME. Le gouvernement compte, à ce niveau, procéder à une évaluation des divers partenariats conclus avec lesdites banques, qui n'ont pas toujours permis d'obtenir le déclic souhaité par les composantes de la commission. Des mesures à titre compensatoires sont par ailleurs prévues, pour réduire les charges fiscales et la poursuite du programme de modernisation des modes de gestion des PME et des TPE, afin de pouvoir rattraper les retards accusés jusqu'à présent. Le récent décret sur les marchés publics est considéré comme la nouvelle plaque tournante qui devrait inciter les PME à plus de transparence, en leur assurant un accès équitable aux marchés de l'Etat. «Le projet sera déposé au SGG et il est dans sa dernière étape de finalisation», a révélé Nizar Baraka devant la seconde Chambre. Ledit projet a uniformisé la procédure de soumission pour les marchés des entreprises publiques et des collectivités territoriales, «qui est une nouveauté majeure», a expliqué l'argentier du Royaume. «Il y aura un comité indépendant pour statuer sur les plaintes qui seront déposées par les PME qui se sentent lésées, ainsi que la réalisation d'audits sur les marchés de gré à gré qui sont toujours l'exception», a ajouté Baraka. Le projet de décret n'a pas encore tranché sur le pourcentage qui sera accordé aux PME dans les marchés. «Il y aura un pourcentage déterminé qui sera appliqué », s'est contenté d'indiquer Baraka sans donner de détails sur le sort des 30% qui ont été décidés auparavant. Le nouveau décret qui a été le premier texte à être élaboré par le gouvernement oblige l'Etat à publier des prévisions sur la fourchette des prix qu'il est prêt à payer. Téléchargez le rapport de FDI Intelligence Les intentions sont fermes... «Je lance un appel aux opérateurs pour montrer de la créativité en matière de projets et au secteur bancaire, pour accompagner surtout les PME. Le champ d'intervention de la commission sera élargi pour englober d'autres segments vitaux, pour l'amélioration de la compétitivité et cela en parfaite concertation avec les partenaires sociaux». Abdelilah Benkirane, chef de gouvernement. «On avait convenu au départ de neuf mesures qui seront activées, mais leur nombre a été porté à 20. Il s'agit de manière urgente d'activer la charte de l'investissement que l'on cherche depuis 2005, tout comme le nouveau cadre des marchés publics. Il s'agit également de mettre sur les rails l'entrepreneuriat social et l'auto-entrepreneuriat. Le climat des affaires au niveau régional doit aussi être en ligne de mire». Mohamed Najib Boulif, Ministre chargé des Affaires générales et de la gouvernance. «Il y aura un suivi de tous les chantiers qui ont été lancés. Ce que j'ai vu aujourd'hui est rassurant, quant à la mise en place de la nouvelle dynamique que l'ensemble des intervenants veulent maintenant mettre en place. La plupart des chantiers ont des effets structurants. Il y a aussi des méga-projets qui ont réservé une place considérable aux PME et même aux TPE». Meriem Bensalah, présidente de la CGEM.