Une journée plutôt «normale» que celle vécue mardi à Rabat. Le cinquième jour de la 11e édition du festival Mawazine a drainé un nombre important de spectateurs mais beaucoup moins que celui enregistré la veille. Tout a commencé à l'ISADAC, où a eu lieu en début de soirée, un master class de Nønne Mai Svalholm, ex-directrice de l'école du Ballet royal du Danemark. Et c'est à l'ISADAC toujours, où l'on a organisé un atelier de percussions avec l'un des musiciens les plus réputés au monde, Mokhtar Samba. Ces ateliers initiés cette année par Maroc Cultures font de Mawazine un rendez-vous non seulement musical, mais plutôt artistique et culturel. Loin de l'ISADAC, à l'OLM Souissi plus précisément, le groupe turc Fire of Anatolia a été longuement applaudi par les quelques personnes clairsemées devant la scène. Les danseurs de cette formation, soit plus de 90 artistes, ont émerveillé les spectateurs en leur offrant un programme spectaculaire de musique et de danse folklorique et classique. Flamboyant, le spectacle de Fire of Anatolia a tenu toutes ses promesses, malgré l'absence du public. De l'autre côté de la ville, à l'espace Nahda, c'est l'Egypte qui était à l'honneur, le public avait rendez-vous en effet, avec deux concerts de Hany Shaker et Mohamed Hamaki. «Je suis honoré d'être ici et de passer cette soirée avec un public aussi chaleureux que vous», a affirmé ce dernier, sous les applaudissements des spectateurs. Figures de proue de la musique arabe, les deux chanteurs, représentant deux générations différentes, ont tout simplement assuré. Viva Africa ! L'Afrique, présente en force lors de cette édition, a été dignement représentée mardi par deux artistes de gros calibre. Au Théâtre Mohammed-V, la chanteuse française originaire des Comores, Imany, a bercé l'assistance grâce à sa voix unique en son genre. Interprétant des chansons oscillant entre chansons d'amour et d'espoir, elle nous a rappelé Tracy Chapman, Tina Turner, Billie Holiday. Un peu plus tard, c'est une autre chanteuse née en Afrique qui a mis le feu à la scène du Bouregreg. Au croisement des musiques d'Afrique de l'Ouest, du R&B, du funk et du jazz, la Béninoise Angélique Kidjo a offert une prestation scénique pleine d'énergie et de sensualité, reprenant de nombreux titres de Miriam Makeba. «Je tiens à lui rendre hommage, parce que c'est elle qui m'a donné envie de devenir chanteuse», a confié la star dont la voix cinglante et riche a littéralement captivé la foule. La scène du Chellah, elle, a abrité le concert du Russe Alekseï Arkhipovsky, surnommé par ses fans «le Jimmy Hendrix de la balalaïka», ce luth très utilisé dans la musique traditionnelle slave. Pendant plus d'une heure, très concentré, le jeune maître a repoussé les limites de son instrument sous le regard ébahi du public. La scène de Salé, dédiée à la musique marocaine, a été consacrée à une soirée haute en couleurs, animée par les chanteurs Nasr Megri, Hassan Megri, Mohammed Tioussi et Nabila Maan. Aujourd'hui, ce sont d'autres artistes, d'autres styles qui vont être découverts par le public de Mawazine. Scorpions, Freshly Ground, Angham, Amina, Melhem Zein... sont les stars du cinquième jour de cette 11e édition. On vous l'avait bien dit : Mawazine satisfait tous les goûts ! HASSAN & NASR MEGRI Chanteurs marocains : «Nous sommes des complices» Les Echos quotidien : C'est la première fois que vous vous produisez sur la même scène avec votre fils Nasr. Quel effet cela vous fait-il ? Hassan Megri : C'est un concert exceptionnel pour moi, puisque c'est le dernier. J'ai décidé en effet de ne plus me produire sur scène et de passer le flambeau à mon fils Nasr. Toutefois, je reste sur la scène artistique, puisque je continuerai à composer, à mettre en place des prix pour encourager les jeunes talents... Je pense qu'après une si longue carrière, il était temps de passer le flambeau aux jeunes qui ne cessent de nous étonner. Vous savez, il faut croire en cette jeunesse parce qu'elle est tout simplement très créative. Quels sont vos projets ? Hassan Megri : Je suis en train de préparer une comédie musicale autobiographique «Le hasard des Oudayas ». C'est un projet qui demande beaucoup de travail en amont. Sinon, j'ai des projets avec la chanteuse marocaine Samira Kadiri, que je trouve talentueuse. Vous vous inspirez du style des frères Megri, très populaire dans les années 1960 et 1970. Ne pensez-vous pas qu'il est nécessaire d'introduire des rythmes plus modernes pour satisfaire le goût de la nouvelle génération ? Nasr Megri : Avant d'être chanteur, je suis d'abord un mélomane. C'est vrai que j'ai grandi avec la musique des Megri et que je suis très influencé par leur style, mais j'essaie d'être à la page en introduisant des rythmes modernes. Avec mon groupe Nasr Megri Band, on fait de la musique moderne, très proche de ce que les jeunes aiment, sans pour autant renier le style des Megri. Êtes- vous tout le temps d'accord avec votre père sur les choix musicaux ? Nasr Megri : Il y a des points de divergence certes, mais il y a une certaine complicité. Nous travaillons tout le temps ensemble, pour mon plus grand bonheur. Comme je vous ai expliqué, il y a des fois où l'on n'est pas d'accord sur certains choix musicaux, sans pour autant que ça ne soit conflictuel. On n'est pas du tout dans le conflit des générations ! INDISCRETIONS La chanteuse syrienne Assala Nasri en a impressionné plus d'un lors de sa rencontre avec la presse. Sûre d'elle, Assala a confirmé sa position sur le conflit intersyrien (elle a parmi les premiers artistes syriens à dénoncer la situation), a parlé de son look, y compris de ses opérations esthétiques ! «Je n'ai rien à cacher», a-t-elle confirmé. La participation de la jeune chanteuse marocaine Amale Bouchari – lauréate de Studio 2M – au spectacle d'Assala Nasri a «dérangé» les responsables de Maroc Cultures. En effet, la vedette syrienne a annoncé la nouvelle à la conférence de presse, sans en aviser auparavant l'association organisatrice du festival Mawazine Rythmes du monde. Le spectacle de la troupe turque Fire of Anatolia, qui a eu lieu mardi soir à l'OLM Souissi, n'a pas drainé beaucoup de monde. Rares sont les personnes qui se sont déplacées pour découvrir cette troupe, qui a pourtant livré un grand spectacle.