C'est un Mohamed Horani soulagé qui est venu dresser le bilan des réalisations de la CGEM sous le mandat échu. C'est non sans grande fierté que le président sortant a rappelé «sa» vision 2020 pour le patronat. «Les aboutissements de la vision 2020 constitueront, indubitablement, une feuille de route pour le secteur privé, tout en lui permettant de contribuer efficacement au débat socio-économique», a-t-il exprimé. En d'autres termes, pour Horani, dresser pour une feuille de route à long terme pour patronat restera l'un des principaux faits marquants de son passage à la tête de l'institution, ce qui aura permis de la rendre plus forte et plus dynamique, selon Horani. Certainement une manière d'inciter la nouvelle équipe aux commandes à poursuivre les chantiers entamés dans ce sens. À ce titre, l'intérêt porté en fin de mandat par Horani et son équipe aux différentes représentations régionales de la CGEM, à travers l'organisation des escales régionales et sectorielles est considéré comme l'un des points clés qu'a apportés la nouvelle stratégie du patronat et que Bensalah et son équipe promettent déjà de consolider. Les régions devraient en effet être positionnées au cœur de la nouvelle dynamique de la CGEM. Il en est de même pour le renforcement de la compétitivité des PME pour lequel Horani a tenu à rappeler le plaidoyer fait auprès du gouvernement pour défendre la cause des PME. La proposition de mise en place d'un taux d'IS attractif pour cette catégorie d'entreprises dans le cadre des deux dernières lois de finances n'a certes pas eu de réponse, même si elle a été défendue avec ferveur. Cependant, la CGEM aura au moins eu le mérite de convaincre le gouvernement de mettre en place des mesures spécifiques aux PME, notamment sur le volet du soutien au financement et à l'export. La balle est donc désormais dans le camp de Bensalah pour convaincre, cette fois, l'Etat d'accorder des avantages fiscaux aux PME et aux TPE. Ceci dit, la relation entre la CGEM et l'Etat ne s'est pas arrêtée sur la PME, mais s'en est également allée jusqu'au développement d'un nouveau mode de gouvernance public-privé. Ceci a en effet été concrétisé par la signature en mars dernier du mémorandum d'entente entre les deux parties, qui a permis d'instituer un comité de coordination dont l'objectif est d'agir pour l'essor de l'entreprise, de l'entrepreneuriat et de l'investissement. Là encore, il s'agit d'un chantier lancé par l'équipe Horani et qui devrait être poursuivi par la nouvelle équipe dirigeante. C'est d'ailleurs le cas également pour le dialogue social lancé avec les syndicats, l'autre grande nouveauté avancée dans le bilan du président sortant. La concertation avec les syndicats a en effet abouti dans un premier temps sur la mise en place d'un dispositif de prévention contre les grèves par voie de médiation avant de passer le flambeau à Meriem Bensalah pour poursuivre cette approche participative, en vue de préserver les intérêts de l'entreprise et des salariés, sans pour autant pénaliser le développement économique. En attendant, les entreprises adhérentes à la CGEM ont dû faire avec un nouveau concept durant l'ère Horani. Il s'agit de la responsabilité sociale des entreprises. La RSE fait en effet partie des grands chantiers lancés par le président sortant, poussant ainsi les patrons vers la promotion d'entreprises citoyennes «œuvrant pour un développement économique équilibré et responsable» rappelle Horani. Mohamed Horani, Président sortant de la CGEM : «Je souhaite que la nouvelle présidente reste elle-même» Les Echos quotidien : Quel est votre sentiment aujourd'hui, alors que votre mission à la tête de la CGEM est achevée ? Mohamed Horani : Je suis un homme heureux. Parce que je laisse derrière moi une institution solide, avec une bonne gouvernance et, surtout, unie. Cette unité s'est d'ailleurs reflétée au niveau des votes, où il y a eu quasiment l'unanimité. Pour moi, il n'y avait pas mieux à espérer. Je suis content qu'il y ait une nouvelle équipe qui va donner un nouveau souffle à l'institution. Chaque président remplit sa mission dans le contexte qui caractérise son mandat. En ce qui me concerne, il y avait un tsunami. Je suis arrivé à la CGEM dans un contexte de crise financière, économique et de Printemps arabe... On ne peut qu'être satisfait de voir que malgré cela, je laisse derrière moi une institution plus forte qu'auparavant. Si vous ne devez retenir qu'une seule réalisation durant votre mandat, quelle serait-elle ? Le plus important pour moi, c'était de donner à la CGEM une vision à long terme. Je souhaitais que la Confédération puisse réfléchir globalement et agir localement... Le plus difficile était de mener tous ces chantiers en parallèle, car, finalement, il n'y avait pas de chantier plus prioritaire que d'autres. On a dû faire face à la crise, mais, dans le même temps, nous sommes parvenus à construire une vision et à renforcer nos structures. Quel conseil donneriez-vous au tendem qui succède désormais au duo Horani-Tamer? Je n'ai pas de conseil particulier. Ce que je souhaite, c'est que madame Bensalah reste elle-même. C'est une patronne qui a réussi, et il faut qu'elle capitalise sur cela. On l'a vu dans ses déclarations et il faudra qu'elle continue comme ça. En revanche, s'il est un conseil que je doive donner, c'est aux membres. Il faut que tous les membres s'engagent à soutenir l'action de la CGEM, car l'institution appartient finalement à tous le monde, et le président n'est qu'un bénévole qui veut servir son pays. Les membres doivent donc l'aider dans sa mission, afin que la CGEM soit encore plus forte et plus dynamique.