Le Maroc est le 5e plus grand marché publicitaire dans la région MENA en 2011. C'est ce qui a été révélé cette semaine par le rapport annuel «Media Arab Outlook 2011-2015» (AMO) lors de sa présentation à Dubaï par le Club arabe de la presse. Avec une «légère reprise» des investissements publicitaires estimés à 7% au cours de l'année dernière, l'organisme international place le marché marocain juste derrière le Koweït, affirmant que le pays représente près de 6% des dépenses totales dans la région, et ce n'est que le début. Si le moral des publicitaires marocains n'est pas au plus haut depuis 2009- crise économique oblige- les estimations établies par l'AMO ont de quoi redonner le sourire aux opérateurs du marché national. «Nous projetons une augmentation de 5% des dépenses publicitaires en 2012», estiment les observateurs dans leur document. Selon eux, un tel regain d'énergie s'expliquerait par le fait que les annonceurs gagnent de plus en plus en confiance «dans la région». Reconnu comme étant l'un des pays qui aurait le mieux réagi au printemps arabe de 2011, le Maroc jouirait, selon l'AMO, d'une «immunité relative» qui jouerait en sa faveur. Résultat, les experts arabes affirment s'attendre «à une augmentation des dépenses totales de publicité de plus de 10% entre 2012 et 2015». C'est pourtant là le même taux de croissance sur lequel tablait l'organisation entre 2009 et 2013 dans son précédent rapport du genre. Il faut dire que le contexte de l'après printemps arabe a totalement bouleversé les pronostics précédemment établis par l'Arab Club Press. Qu'en est-il dans le détail ? Le papier grignoté par ses concurrents Presse écrite, magazine, radio et télévision sont en perte de vitesse face à la montée en force du média numérique. Dans ce cadre, le plus affecté est le papier. En effet, selon les estimations de l'AMO, le marché publicitaire de la presse écrite devrait passer de 6,4% en 2011 à 4% en 2015. Pire, selon le document, les magazines devraient s'attendre à «un déclin des dépenses publicitaires jusqu'en 2015 estimé à 3,5%». La montée en force du numérique affecte les modes de lecture des journaux et des magazines expliquent à ce titre les observateurs. Les autres médias «classiques» se trouvent également affectés par la crise puisque l'AMO a revu ses prévisions à la baisse pour les quatre prochaines années. La télévision, qui représentait en 2011, près de 58% des dépenses publicitaires globales devrait baisser à 56% des parts de marché au cours de cette année. Une baisse globale qui n'empêchera pas les annonceurs de miser sur le média de masse pour atteindre leurs cibles. Le rapport prévoit en effet une augmentation des dépenses publicitaires de 3% en 2012, alors que l'année dernière elles baissaient de 1%. En réalité, à en juger les résultats d'une étude de marché menée par l'organisation, les annonceurs «sont susceptibles de continuer à toucher des publics marocains à la fois via les chaînes de télévision marocaines mais également via les chaînes panarabes». L'apparition de nouveaux canaux devrait donc contribuer à l'augmentation des dépenses estimée à 8% d'ici à 2015, mais probablement pas au profit des opérateurs locaux. La radio, considérée comme le parent pauvre de la publicité devrait, si l'on en croit les chiffres de l'AMO, profiter de la nouvelle mesure d'audience puisque les dépenses publicitaires devraient augmenter de 9% d'ici à 2015. Notons au passage que la part de marché du média audio représente à peine 5%. La Toile s'étend En fait, le secteur le mieux loti est le média digital. «Les dépenses de publicité numérique ont considérablement augmenté au cours de l'année 2011 et devrait augmenter à nouveau en 2012», projette le document, qui parle d'une progression de 76% des dépenses pour le secteur. Cela étant, il faut rappeler que la publicité numérique en est encore à ses premiers balbutiements au Maroc, l'augmentation prévue s'ajoute donc à «une base très faible» précise-t-on. Ce n'est qu'au-delà de 2012 que le digital devrait réellement commencer à grignoter des parts auprès de ses «aînés». Les observateurs prévoient, en effet, une augmentation des dépenses publicitaires digitales de 40% au cours de la période de projection (2011-2015). La Toile devrait atteindre une part de marché d'au moins 11,5% des dépenses globales d'ici à 2015.