C'est aujourd'hui que s'ouvre la 5e Conférence sur les Energies renouvelables au Moyen-Orient et en Afrique du Nord « MENAREC 5» à Marrakech. Un événement de taille qui regroupe, deux jours durant, plus de 500 participants (ministres, décideurs et investisseurs) venus tous les pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) et d'états membres de l'Union européenne. L'objectif de cette conférence est d'échanger sur les réalisations technologiques les plus récentes en matière d'énergies renouvelables au niveau mondial et leurs perspectives ainsi que sur les opportunités d'investissements dans ce domaine. Sur ce point, l'Europe a bâti toute une stratégie et développe des partenariats avec des pays tiers, dont le Maroc, pays voisin de l'UE qui jouit d'une attention toute particulière dans ce sens. Le secret? Il est à chercher dans le potentiel de ces énergies renouvelables au niveau du royaume. Un énième constant dans ce sens, plus détaillé cette fois, vient d'être publié par le Forum Euro-méditerranéen des Instituts des Sciences Economiques, (FEMISE). Le Forum s'est en effet penché sur l'impact futur des énergies renouvelables sur la croissance économique au Maroc, lequel est qualifié comme «le pays méditerranéen le mieux adapté pour s'aligner à la stratégie de l'Europe en matière d'énergies renouvelables». L'étude, financée par l'Union Européenne, a été réalisée par un panel de chercheurs espagnols et marocains. Intitulée «Energies Renouvelables et développement durable en Méditerranée : le Maroc et le plan solaire méditerranéen», l'étude utilise une méthodologie à base de scénarii futurs pour simuler les différentes possibilités résultant du développement des énergies renouvelables au Maroc, sur les 30 années à venir. Résultats positifs des scénarii de simulation Pour le premier scénario, appelé Scénario BAU, business as usual (scénario normal), il n'y a pas d'exportation d'énergie et guère de réduction d'importations. Dans ce schéma, « la valeur ajoutée globale annuelle moyenne de l'effet sur l'économie marocaine résultant de l'installation d'énergies renouvelables, qui est d'environ 0,18% du PIB en 2010, devrait atteindre 1,17% en 2040. L'impact correspondant sur l'emploi serait d'environ 36.000 nouveaux emplois en 2010 et aux alentours de 265.000 à la fin de la période de prévision», soulignent les rédacteurs de l'étude. Un deuxième scénario, dit «Intelligent», permettrait une augmentation de 1,59% du PIB avec la création de 401.671 emplois nouveaux. Ce scénario projette une réduction progressive des importations, tout en gardant «une situation de statu quo» en termes de capacités de production. Le troisième scénario, dit d'exportation est, selon l'étude, l'hypothèse qui «reflète une situation sur laquelle un supplément de 20% des exportations d'électricité marocaine est produite et exportée après avoir satisfait la demande intérieure avec le mix de technologies des énergies renouvelables fixé par le gouvernement». Ce scénario permettrait la création de 318. 876 emplois et induirait une augmentation du PIB à hauteur de 1,4%. La quatrième hypothèse, dite «des exportations intelligentes», serait quant à elle une solution optimale. Ce scénario permettrait de réduire la dépendance sur l'importation. « Cette solution permettrait également un surplus de 20% à l'exportation, ce qui équivaut à 1,9% en termes de valeur ajoutée et à une création de 482.000 emplois», ajoutent les analystes du FEMISE. Enfin, les trois derniers scénarios projettent la concentration des exportations sur une seule technologie renouvelable (celle solaire concentrée ou photovoltaïque ou éolienne). Les trois dernières simulations permettraient, respectivement, une progression de 1,27%, 1,24% et 1,6% du PIB. Ainsi, la technologie solaire créerait 289,369 nouveaux postes d'emplois, celle photovoltaïque 282.631 emploies alors que l'éolienne en permettrait 415,032 d'emplois. Pourquoi le Maroc ? Selon l'étude, le Maroc a pour objectif d'atteindre, en 2012, une capacité de production de 1.232 MW en énergies solaire et éolienne, pour passer en 2040, à 8.875 MW. «Cette accélération des installations relatives aux énergies renouvelables est le résultat de la stratégie énergétique marocaine qui tente, par ailleurs, de s'aligner à la stratégie de l'UE en matière énergétique, à savoir, la sécurité énergétique, la compétitivité et la durabilité environnementale», est-il expliqué dans l'étude. Plusieurs facteurs socio-économiques ont balisé le terrain pour rendre cette stratégie un choix de première importance. Primo, le pays dispose de très faibles sources énergétiques. A cela s'ajoute le coût des importations qui augmente d'une année à l'autre avec un impact très néfaste sur la balance commerciale. Deuxièmement, la demande d'énergie devrait tripler d'ici 2030. «La demande d'électricité, en particulier, passerait de 24.000 GWH en 2008 à 95.000 GWH en 2030», précise l'étude. Cette demande est accentuée, d'un côté, par un taux d'urbanisation de plus en plus grandissant, et d'un autre, par l'électrification du monde rural. Par ailleurs, le Maroc mène, en simultané, plusieurs projets de développement d'envergure qui nécessiteront une capacité de production concomitante. Le Plan Maroc Vert et le Plan Emergence n'en sont qu'un exemple. Dans ce contexte, l'étude rappelle que le plan solaire méditerranéen a été lancé par l'Union pour la Méditerranée pour réduire l'écart entre les deux rives. Dans ce sillage, une directive européenne a instauré «un cadre institutionnel pour favoriser le développement des flux transfrontaliers en matière des énergies renouvelables», commente le FEMISE. La position géographique du Maroc et sa capacité «de production importante permettent une interconnexion à moindre coût». Pour asseoir cette coopération sur des bases solides, le statut avancé octroyé au Maroc et la déclaration politique conjointe relative à la coopération énergétique ne peuvent qu'être opportuns. Déclaration politique conjointe sur la coopération énergétique Pour rappel, en 2007, le Maroc et la commission européenne ont signé une déclaration politique conjointe portant sur la coopération énergétique. Par la suite, le Maroc a été intégré dans l'initiative «Energie Intelligente Europe». Celle-ci constitue un outil par lequel l'UE entend «promouvoir des changements institutionnels et réglementaires et poursuit l'intégration sectorielle en dessous du seuil de l'adhésion». Avec le printemps arabe, une proposition d'extension du traité d'énergie européen à des pays tiers de la méditerranée. Avec cette mesure, il est question d'approfondir l'intégration et le développement économiques des deux rives. Concernant l'apport de ce plan méditerranéen pour le Maroc, il devrait aider le pays pour développer la capacité de production et, ensuite, exporter les excédents vers l'UE. Une capacité installée d'énergie verte de 20 gigawatts Le plan solaire méditerranéen compte déployer dans la région, à l'horizon 2020, une capacité installée d'énergies renouvelables de 20 gigawatts. Il s'agit aussi d'installer des capacités de transport de ces énergies avec les interconnexions transfrontalières. «Toutefois, à ce jour, les efforts se sont concentrés sur le déploiement, l'évaluation de la maturité des projets des énergies renouvelables existants en Méditerranée, la viabilité économique des projets planifiés, et les principaux obstacles techniques et financiers concernant leur application», note l'étude. Par ailleurs, il faut rappeler que ce plan est conditionné par la directive européenne relative aux énergies renouvelables. Celle-ci détermine les objectifs au niveau national en matière de participation en matière de consommation totale d'énergie brute en 2020. «Ces objectifs sont difficiles pour plusieurs pays européens, nécessitant des flux transfrontaliers des énergies vertes. (physique ou virtuel) au sein de l'UE, mais probablement aussi en provenance des pays tiers», précise l'étude.