Le royaume ne sera pas le seul à bénéficier des retombées économiques de son propre projet. L'export d'une partie de cette énergie en Europe, dans le cadre du Plan solaire méditerranéen (PSM) en sera un des éléments importants. Dans ce sens, un premier projet démonstrateur de transport de l'électricité renouvelable, notamment solaire, intitulé Transgreen, est déjà à l'étude entre les autorités de plusieurs pays riverains de la Méditerranée, dont le Maroc. «L'objectif est de bénéficier de l'exploitation d'un marché immense en potentiel solaire, qui permettrait à terme de pondérer la dépendance au pétrole et au gaz», explique Christian Stoffaes, conseiller auprès de la cellule Union pour la Méditerranée (UPM) de l'Elysée pour le projet Transgreen du PSM. Cela d'autant plus que l'UE s'est engagée sur des objectifs de réduction, en 2010, de 20% de des émissions CO2. Ainsi, à partir du Maroc, trois schémas de transports vers l'UE sont envisageables. Le premier de ces schémas combine l'option terrestre et sous-marine. En détail, il s'agit de 600 km de ligne terrestre à partir du point d'injection du réseau solaire marocain, à la pointe nord du pays. La liaison sera ensuite poursuivie avec 200 km de ligne sous-terraine pour relier l'Espagne, et 1000 km de plus pour se connecter au réseau français. Le second schéma proposé met en avant une option de transport sous-marin, du Maroc au réseau français, évalué à 1.200Km. Cette option devrait contourner le territoire espagnol pour se connecter directement au réseau de l'Hexagone. La troisième et dernière proposition de schéma est identique à la première, connectée à une ligne additionnelle d'alimentation vers l'Allemagne et d'autres pays plus au nord de l'Europe. Retours économiques avantageux À une échelle plus large, les éléments contribuant à la rentabilité des infrastructures de la filière production/transport du PSM viendront de diverses sources. Il s'agit d'abord des prêts des organismes de financement internationaux comme la Banque européenne d'investissement, al Banque Mondiale, les Fonds d'investissements à long termes...A cela s'ajoute le fait que, pour atteindre ses objectifs en 2020, l'UE est amené à recourir aux Mécanismes de développement propre (MDP) à hauteur de 15% de l'objectif de réduction d'émission de Gaz à effet de serre (GES). Le Maroc pourrait aussi profiter de l'évolution des tarifs de rachat de l'électricité solaire au niveau des pays européens. Actuellement, ces tarifs varient entre 30 à 33 centimes d'euros/ KWh pour les centrales au sol, dans des pays comme l'Espagne, l'Allemagne et la France. De plus, l'investissement dans ce projet de transport favorisera à terme la création d'emplois dans les secteurs de la recherche, de la construction, de l'installation et de l'exploitation. Ces opportunités sont estimées entre 1.000 et 2.000 emplois/milliards d'euros investis, dans les pays développés. Le PSM, c'est quoi ? Le Plan solaire méditerranéen (PSM) est l'un des projets phares concrets de l'Union pour la Méditerranée (UPM). Il vise à accroître l'utilisation des énergies renouvelables et à renforcer l'efficacité énergétique dans la région. Il permettra ainsi de limiter les émissions de gaz à effet de serre et de réduire la vulnérabilité du système énergétique de chaque pays et de la région dans son ensemble. Les principaux objectifs du PSM sont, entre autres, la construction de capacités additionnelles de production d'électricité bas carbone,et notamment solaire, dans les pays du pourtour méditerranéen, d'une puissance totale de 20 gigawatts à l'horizon 2020. Le PSM prévoit aussi la consommation d'une partie de l'électricité produite par le marché local et l'exportation d'une partie de la production vers l'Union européenne, afin de garantir la rentabilité des projets. La réalisation d'efforts significatifs pour maîtriser la demande d'énergie et augmenter l'efficacité énergétique et les économies d'énergie dans tous les pays de la région. Mustapha Bakkoury : Président du directoire de la Moroccan agency for solar energy (MASEN) «Ces nouvelles ambitions dans le solaire ont besoin de solutions économiques adaptées. C'est pourquoi le volet financier est l'une des questions clés que nous nous posons depuis quelque temps déjà. Autrement dit, il faut trouver le mécanisme qu'il faut pour opérationnaliser le projet. Nous sommes en train de réfléchir, avec les partenaires concernés, à diverses solutions. Nous ne savons pas encore sous quelle formule (concession, prises de participation...) ces solutions seront adoptées. Mais d'ici la fin de l'année, on devrait être fixés sur ces interrogations.» Mohammed El Kettani : PDG du groupe Attijariwafa bank «Nous n'avons pas peur des 9 milliards de dollars ! Les principales banques du Royaume se sont dotées d'institutions de financement capables de s'engager dans des projets comme celui du solaire. Et ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le secteur bancaire s'intéresse aux projets de développement des énergies renouvelables. L'essentiel est que ces projets soient viables. Viables économiquement, mais aussi socialement». Ali Fassi Fihri : Directeur général de l'Office national de l'électricité (ONE) et de l'Office national de l'eau potable (ONEP) «A travers ce projet, de nombreuses opportunités s'offrent au Maroc. Il s'agit entre autres de la réalisation de la vision gouvernementale 2020-2030, optant pour le développement des options alternatives de sources d'énergie électrique. En plus de cela, l'interconnexion avec le réseau européen, ce qui nous permettrait de s'intégrer davantage dans le réseau régional».