ça chauffe entre les pétroliers et la Samir. Ayant récemment annoncé l'intention de la Société anonyme marocaine de l'industrie du raffinage d'entrer dans la distribution de pétrole, Jamal Ba-Amer, le directeur général du raffineur national a allumé une mèche dans le secteur. Il se positionne ainsi tant sur l'amont que sur l'aval. «Cela va changer la distribution », augure déjà Adil Zyadi, président du Groupement des pétroliers du Maroc (GPM). Selon le représentant des pétroliers, la concrétisation d'une telle décision a un point positif : «Elle permettre à chacun de prendre ses responsabilités », commente-t-il. «Nous ne serons plus obligés de nous approvisionner auprès de la Samir», ajoute Zyadi. Une guerre des tranchée est donc annoncée entre le raffineur et les pétroliers. Ces derniers prennent les devants en se plaignant de perturbations dans l'approvisionnement. «Nous relevons de nombreuses défaillances dans la livraison», affirme Zyadi qui déplore des problèmes au niveau des quantités livrées mais aussi de la qualité. À ce propos, il relaye les doléances des pétroliers qui «soufrent beaucoup du fait que la Samir a des problèmes de programmation de son outil». Le torchon brûle donc entre la Samir et les distributeurs qui vont jusqu'à reprocher au raffineur de ne pas respecter ses engagements vis-à-vis de l'Etat. Pour Jamal Ba-Amer, la question est perçue différemment, car c'est plutôt l'Etat qui a failli aux siens. «L'ancien gouvernement n'a pas respecté les termes de la convention», avait notamment plaidé le directeur général de la Samir, lors de l'annonce des résultats financiers du raffineur, avant de signifier que «les négociations sont en cours avec le gouvernement, notamment pour la convention d'investissement». Dans ce cadre, Ba-Amer avait plaidé, à la même occasion, l'importance de la Samir dans l'industrie nationale. «Nous dirons haut et fort qu'il en va du maintien et de la sauvegarde de cette industrie vitale», a-t-il expliqué. Pas sûr que cela suffise surtout à l'heure où l'Etat fait face à des difficultés budgétaires croissantes. En tout cas, en attendant une nouvelle convention d'investissement avec l'Etat, Jamal Ba-Amer exclut toute possibilité d'expansion ou d'augmentation significative des capacités de production. Pour ce qui est des banques, le directeur général ne se fait pas tendre, même s'il affirme qu'il attend la réponse de son conseiller financier, Attijari Capital, pour connaître les modalités à suivre. Une chose est sûre, le raffineur est entré dans une zone de turbulences. C'est le cas, en effet, depuis cette fameuse sortie de Ba-Amer pour la présentation des résultats 2011 de la Samir. Le patron avait fait feu de tout bois en déclarant son intention de «hausser le ton à l'avenir, pour montrer qu'il y a sur nous une pression non logique et injuste». Et ce durcissement de ton, justement, a été annoncé pour toucher tous les maillons de la chaîne du secteur (banques, distributeurs et, dans une moindre mesure, l'Etat). C'est que Ba-Amer reproche au système bancaire d'imposer désormais un financement en dirham au lieu de celui en dollar pratiqué jusque là, mais aussi une hausse du taux d'intérêt qui freinerait l'entreprise pour la restructuration de sa dette. En tout état de cause, le gouvernement devrait certainement réagit pour calmer les tensions dans un secteur aussi stratégique. Pour le moment, le ministère de l'Energie étudie les options de l'organisation de l'activité. Entre autres actions, une étude est dans le pipe pour benchmarker plusieurs expériences internationales en matière de procédures législatives, réglementaires et techniques de contrôle de la qualité des produits pétroliers liquides. L'idée étant d'en sortir avec des propositions d'amélioration des procédures en la matière en vigueur au Maroc.