C'est du 13 au 17 juin que se déroulera la 17e édition du festival Jazz au Chellah. Rendez-vous incontournable des amoureux du jazz, ce festival se place cette année sous le signe de la diversité des rencontres. La programmation mise en place tente en tout cas de favoriser au mieux les mélanges de styles musicaux, notamment ceux européens et marocains. «Le jazz est par essence un carrefour d'influences des musiques européennes et africaines», précise l'ambassadeur de la délégation de l'Union européenne au Maroc, Eneko Landaburu. Organisé depuis 1995 par la délégation de l'UE en partenariat avec le ministère de la Culture et la Wilaya de Rabat et en collaboration avec les ambassades des Etats membres de l'UE et les instituts culturels, ce festival se veut donc être un carrefour réunissant des musiciens du Maroc et d'Europe, qui, chacun de leur côté, tenteront de rendre un hommage appuyé au jazz. Le premier reflet de cette diversité sera incarné dans le spectacle prévu le 13 juin et qui sera animé par le European Jazz Ensemble. Il s'agit d'un groupe emblématique de la scène jazz et qui regroupe à lui seul pas moins de six nationalités européennes différentes parmi ses musiciens. Un autre groupe – et non des moindres – animera la soirée d'ouverture de cette nouvelle édition. Il s'agit du groupe grec Kostas Theodorou, dont le jazz aux accents balkaniques se mêlera parfaitement avec les sonorités flamencas du quartet de Simo Baazaoui. Que de métissage ! Le lendemain, le quartet de Pascal Shumacher (Allemagne, Belgique, Luxembourg) fusionnera avec la musique du Ribab Fusion Quartet. Il faut dire que ce n'est pas la première fois que ce groupe amazigh, mené par Bouhssine Foulane, se produit au festival de jazz de Rabat. En 2009, ce même artiste avait livré un spectacle haut en couleurs où l'instrument traditionnel avait été mis en valeur. Le jazz métissé sera également présent à travers le quartet de Francesco Bearzatti, qui rendra un vibrant hommage au militant américain Malcom X. Le trio belge Slang, quant à lui, se produira aux côtés du nouveau talent du oud marocain Yacir Rami. Saïd Chraïbi, que l'on ne présente plus, sera également de la partie. Il animera un concert aux côtés du quartet de la contrebassiste catalane Gilulia Valle. Quant à la clôture, programmée le 17 juin, elle sera marquée par la présence du quartet portugais de la jeune Luisa Sobral, ainsi que d'une rencontre improbable. Elle réunira le français Jean-Marie Machado, le maâlem gnaoua Hamid Kasri et le batteur Karim Ziad. Un spectacle qui prouve que Jazz au Chellah est avant tout une occasion de partage et d'échange artistique. Dina Bensaïd, Directrice artistique du Printemps des Alizés à Essaouira. «La musique classique n'est pas élitiste» Les Echos quotidien : Quel bilan faites-vous de la dernière édition du Printemps des Alizés, qui a pris fin dimanche dernier ? Dina Bensaïd : Un bilan très positif. J'étais ravie de la programmation de cette année, qui était éclectique. J'ai aussi beaucoup apprécié l'accueil chaleureux du public souiri. Il y a eu une osmose parfaite entre les artistes, le public et l'endroit mythique où se passaient les concerts. Le festival est sur la bonne voie. Il faut juste que l'on arrive à trouver les subventions nécessaires, afin qu'il puisse continuer son chemin. La programmation de cette année a été marquée par la participation de bon nombre de jeunes artistes marocains et étrangers. Pourquoi ce choix ? C'était vraiment un mélange de générations. La programmation de cette année a fait en sorte que la scène soit partagée entre des artistes confirmés et de jeunes talents étrangers et surtout marocains. À travers ce choix, nous voulions prouver que les jeunes Marocains s'intéressaient à la musique classique. Notre pays regorge de talents ; il faut juste les encourager. Le soutien des parents demeure, à mon sens, très important. Se spécialiser dans la musique classique est une chose magnifique il faut juste y croire. On taxe souvent ce festival d'élitiste. Qu'en pensez-vous ? Il faut tout d'abord préciser que le festival est gratuit et que tout le monde peut accéder aux concerts et spectacles programmés. Le problème n'est pas propre au Printemps des alizés, mais plutôt à la musique classique dans notre pays, qui reste un mystère pour bon nombre de Marocains. Que faut-il faire pour «démystifier» la chose, alors ? Beaucoup a déjà été fait, notamment la formation et la création de festivals dédiés à ce style musical. Il faut toutefois aller à la rencontre des jeunes, les sensibiliser et les encadrer à travers des actions menées par des associations, en collaboration avec les écoles, collèges et lycées. Il faut faire découvrir aux jeunes la musique classique. Avez-vous déjà commencé à penser à la programmation de l'année prochaine ? Il y a quelques idées qui commencent déjà à émerger et qui sont le fruit des rencontres faites lors de cette édition. Nous avons suffisamment de temps pour bien programmer la programmation de l'année prochaine.