C'est dans un contexte d'appréciation des dernières actualisations du Fonds monétaire international (FMI) sur les perspectives de croissance de l'économie nationale (de 3 à 3,7% pour 2012), que Nizar Baraka, le ministre de l'Economie et des finances, a jugé opportun de tendre une main franche au privé pour sauver la donne. C'est à Washington, la capitale de la première puissance économique du monde, que ce geste s'est manifesté. Le ministre, qui a participé ce weekend à la réunion du Comité de développement de la Banque mondiale (BM) et du FMI, s'est en effet largement appesanti sur le «rôle central» du secteur privé, acteur principal de la croissance économique et de la création d'emplois. Cette intervention invoquée devrait notamment passer par le renforcement de l'implication du privé, dans la mise en place d'actions innovantes dans les domaines de la recherche et du développement, de la connectivité, des industries extractives, des services, de l'agriculture et des infrastructures. De façon plus concrète, le ministre adresse une ode à l'investissement privé, et par un léger ricochet, au partenariat public-privé. Sur ce dernier aspect, d'ailleurs, Baraka se veut constructif. Il sait pertinemment que le privé ne pourra se mobiliser sans qu'il y ait au préalable un climat incitatif. «Il est nécessaire de réfléchir à des instruments novateurs et de multiplier les initiatives pour le soutien du secteur privé», complète le ministre. Ce dernier poursuit sur le constat selon lequel, «le secteur privé recèle un potentiel inestimable pour stimuler une croissance plus inclusive et plus équitable, en participant activement à la création d'emplois et à la réduction des inégalités et de la pauvreté». Le message est on ne peut plus clair. Le gouvernement Benkirane attend «plus» de dynamisme et d'adaptation de la part du privé... Et réaffirme sont ancrage dans ses principes de gouvernance, en l'occurrence sur les aspects sociaux. Le social, avant et après tout Baraka ne s'est effectivement pas uniquement limité à cette démarche de séduction auprès du privé. Sa présence à la tribune conjointe de la BM et du FMI était une occasion en or pour (re)vendre l'image d'un royaume, qui tient aux acquis sociaux et à une meilleure redistribution des richesses, aux responsables des deux plus grands bailleurs de fonds de la planète. Le ministre a en effet insiste sur «l'urgence de mettre en place des filets de sécurité sociale face aux conséquences dramatiques de la succession des crises sur les populations pauvres». Il faut noter toutefois, en passant, que ce dernier s'exprimait ainsi sur une problématique partagée par plusieurs économies de la région. Sa casquette de gouverneur de la BM représentant le groupe constitué de l'Afghanistan, de l'Algérie, du Ghana, de l'Iran, du Maroc, du Pakistan et de la Tunisie, lui en a donné la légitimité. «L'expérience récente des crises révèle que les filets de sécurité permettent d'éviter des dommages irréparables aux vies humaines et de préserver les possibilités de croissance future», a-t-il déclaré devant le comité conjoint BM/FMI. Cette rencontre avait pour objet de se pencher sur les nouvelles politiques à mettre en œuvre pour l'aide aux pays en développement.