Et de trois pour le FMB Africa. Le chef de file mondial des phosphates et des produits dérivés (OCP) a lancé, jeudi à Agadir, la 3e édition de la conférence régionale pour le développement de l'agriculture en Afrique. Experts, producteurs d'engrais et décideurs se sont encore une fois réunis afin d'étudier la problématique de la fertilisation et l'amélioration de la productivité agricole à travers les engrais, un créneau porteur pour l'OCP dans sa conquête du marché international, en particulier africain. Il s'agissait aussi pour ces 500 spécialistes de se focaliser sur les tendances d'évolution de l'agriculture continentale, pour tracer des mesures concertées et sortir avec des solutions concrètes. «L'enjeu qui nous a réuni est l'amélioration de la productivité agricole pour répondre aux besoins croissants des populations et résoudre les problèmes de sécurité alimentaire de notre continent africain», a ainsi déclaré lors de la séance d'ouverture de la manifestation, Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime, avant d'ajouter que le contexte autour du marché des matières premières n'est pas allé en s'améliorant. «La pression, notamment démographique, sur les prix est toujours aussi forte, et nous devons apprendre à composer avec cet élément qui est dorénavant structurel», a-t-il expliqué. À l'échelle du continent, le destin des populations est lié essentiellement à l'agriculture, puisqu'elle emploie un peu plus de 60% de la population active. Faible usage des engrais Cependant, la faible utilisation des engrais constitue toujours un défi, du fait que les agriculteurs africains n'utilisent que moins de 1% des engrais épandus dans le monde. Il s'agit d'une consommation estimée à 8 kg par an/ha, contre 120 kg en moyenne dans le monde. Ceci est peu pour un continent qui totalise 18% des terres cultivables et qui a subi ces dernières décennies une érosion importante des sols, la surexploitation des terres, la déforestation, l'explosion démographique et l'inefficacité des pratiques agricoles. De surcroît, la faible utilisation des engrais contribue à la chute de la production d'environ 3% par an et dégrade les sols cultivables. Autant de raisons qui imposent la nécessité de recourir aux engrais pour améliorer le rendement agricole et garantir la sécurité alimentaire. Au Maroc, l'action passe essentiellement par la sensibilisation des petits agriculteurs à l'importance des engrais, à la vulgarisation des nouvelles techniques et à la recherche de solutions pour le financement des achats des fertilisants. «Le plan Maroc Vert œuvre à aider les petits agriculteurs à travers l'accompagnement et le développement de leurs exploitations. Toutefois, le chemin reste long à parcourir pour accéder aux normes mondiales», a ajouté Akhannouch. Par ailleurs, l'année dernière, le groupe OCP et le ministère de tutelle ont lancé la carte de la fertilisation des sols marocains. Le projet a permis jusqu'à présent de couvrir plus de 3,5 millions d'hectares. En parallèle, des sessions de formations sont en cours de réalisation aux profits des agents de développement. L'opérationnalisation de cette initiative permettra avant tout de développer une utilisation raisonnée et ciblée des engrais, gage de productivité et de développement durable. Il y a lieu de noter que cette expérience sera étendue à d'autres pays africains pour contribuer à la «révolution verte» en Afrique. Dixit... Il faut mettre l'accent sur les petits agriculteurs de façon à mettre à leur disposition les engrais. Pour ce faire, il faut les regrouper afin d'accéder aux fertilisants et informer ce segment sur les nouvelles technologies, les tarifs et l'évolution du marché. Côté qualité, il faut permettre aux petits agriculteurs de maîtriser et comprendre le processus de fabrication des engrais pour un meilleur usage. De surcroît, les subventions doivent être orientées de façon à ce que les petits producteurs bénéficient de ces aides. Quant à la recherche autour du développement, elle doit être menée en concertation avec les professionnels. Leaopard Lokoussou, vice président du conseil d'administration du réseau des organisations paysannes et des producteurs de l'Afrique de l'Ouest. La contractualisation est une façon pour sécuriser la mise en marché. La clé de voûte pour accéder aux fertilisants est la facilitation des crédits bancaires. Dans ce sens, il faut faire appel aux caisses de crédits, aux gouvernement et institutions pour assouplir ces crédits avec des taux préférentiels et couvrir tous les producteurs. L'accompagnement doit également se faire pour les filières non organisées. Berthin Adeossi, directeur général, SDI Bénin. Les petits producteurs ne sont plus considérés comme un problème, mais une solution qui peut créer de l'investissement dans le cadre d'une agriculture organisée. Il faut renforcer leurs capacités et cibler les plus vulnérables d'entre eux. John Otim, conseiller spécial du Président de l'Ouganda. Nous devons trouver des services commerciaux et fournir plus de moyens dans le cadre de partenariats public-privé pour les petits agriculteurs afin de les introduire sur le marché. Steve Schonberger, économiste IFAD, division Afrique. Situation critique L'agriculture africaine représente 20% des exportations de marchandises, pèse 17% du PIB et rapporte environ 40% des entrées de devises. L'agriculture représente la 1ère source de revenus des populations africaines. Afin de faire face à la problématique de la productivité, les gouvernements africains se sont engagés au développement des investissements publics au minimum par 10% de leurs budgets et de son amélioration d'au moins 6% par an à l'horizon 2015. Ces objectifs sont loin d'être atteints puisque les terres arables sont dégradées et la population est en nette augmentation.