Pour beaucoup, cela relevait de la fiction il y a encore quelques années. Pourtant les services financiers via mobile sont aujourd'hui considérés comme un véritable relais de croissance pour les opérateurs télécoms. Et pas seulement eux. En ce sens que les établissements bancaires comptent, aussi, capitaliser sur l'essor de la téléphonie mobile pour consolider la bancarisation des Marocains est un axe stratégique clé qui s'impose aujourd'hui plus que jamais. D'ailleurs, des offres dans ce sens ont d'ores et déjà fait leur apparition dans le paysage bancaire (voir encadré), même si elles n'en sont encore qu'à leurs premiers balbutiements et qu'elles connaissent encore du mal à s'imposer. Pour apporter un éclairage précis et exhaustif sur l'état du développement des services financiers via le mobile au Maroc et tout le potentiel que recèle cette activité, Exton Consulting vient de finaliser une étude complète sur le sujet. Du potentiel, il y en a ! D'emblée, on peut dire que plusieurs facteurs clés plaident aujourd'hui en faveur de l'essor de cette industrie, à commencer par le niveau de développement qu'atteint le secteur de la téléphonie. «La grande majorité des Marocains détient un mobile, mis à part pour les seniors de plus de 50 ans qui n'affichent qu'un taux d'équipement de 50%», peut-on lire dans les résultats de l'étude. En tout, le Maroc affiche un taux d'équipement de 77% et n'a rien à envier aux pays développés tels que la France où ce pourcentage est de 82%. Par ailleurs, le taux de bancarisation s'est fortement développé ces dernières années et atteint désormais les 49%. D'après les toutes récentes prévisions de Sia Conseil, autre cabinet de conseil spécialisé dans les services financiers, ce taux est appelé à poursuivre son trend haussier pour atteindre un seuil de 62% à l'horizon 2015. C'est dire que les deux conditions de base pour le développement du segment de la banque via le mobile semblent déjà acquises. Cependant, c'est au niveau du mode d'utilisation de ses deux facteurs que les difficultés ressurgissent. En effet, si aujourd'hui le taux de bancarisation frôle les 50%, il n'en demeure pas moins que les Marocains sont toujours aussi adeptes du cash. «Les espèces restent le moyen de paiement privilégié des Marocains ainsi que le principal mode de perception des salaires et des transferts d'argent», regrette-t-on à Exton Consulting. Au niveau du mobile, si le taux de pénétration est assez important, la faculté de s'équiper de mobile disposant des technologies avancées en la matière reste limitée aux Marocains de moins de 24 ans. Par ailleurs, les conclusions de l'étude d'Exton Consulting ne manquent pas de souligner que même si l'intérêt des Marocains pour les services bancaires via mobile est avéré, «cela relève davantage de la curiosité que de l'adhésion», explique-t-on à Exton Consulting. C'est d'ailleurs dans ce sens que le cabinet de conseil déduit qu'un travail important de conviction reste aujourd'hui à faire afin d'instaurer une culture de mobile-banque chez le commun des Marocains. Aussi est-il nécessaire de convaincre les clients potentiels des avantages des services proposés, en s'appuyant notamment sur la rapidité et l'accès 24h/24. Il est également recommandé de procéder, en premier lieu, à un ciblage prioritaire des bancarisés dans leur intégralité, et des jeunes non bancarisés. Plus globalement, il s'agit d'aborder la clientèle en distinguant trois catégories différentes. D'un côté, on retrouve les bancarisés et les non bancarisés de moins de 35 ans qui avouent leur intérêt pour les services financiers sur mobile, particulièrement en zones urbaines. De l'autre côté, l'enquête d'Exton Consulting relève que les populations non bancarisées, âgées de plus de 35 ans, sont les plus réticentes, voire même réfractaires à souscrire aux services financiers via mobile. Cela dit, les recommandations d'Exton Consulting ne s'arrêtent pas là vu que la généralisation du mobile banking n'est pas chose acquise pour les opérateurs bancaires et télécoms. Car plusieurs autres freins subsistent encore. D'abord, et c'est sûrement le principal défi à relever, assurer une sécurité incontournable pour les services via mobile est une condition sine qua non afin d'adhérer un maximum de clientèle. D'ailleurs, la principale raison recensée pour le rejet par les clients de l'utilisation du mobile pour leurs opérations financières est relative à la peur de perdre de l'argent soit via le vol du mobile, soit via la fraude. Dans ce sens, «la proposition d'une assurance constitue un plus indéniable», ajoutent les consultants d'Exton. Ensuite, les personnes sondées craignent de voir les commerçants tarder à intégrer la technologie du mobile comme moyen de paiement. Ce point est d'autant plus important qu'il constitue la principale motivation affichée pour les Marocains pour utiliser ce genre de technologie. Le Maroc dispose donc de tous les atouts pour assurer le développement du Mobile-Banking. Cependant, cela ne peut se faire si les différents acteurs y intervenant n'accordent pas un intérêt particulier aux spécificités des marchés marocains de la téléphonie et de la banque.