L'informel contribue bel et bien au développement de l'économie nationale. «L'objectif n'est pas de tout faire pour éliminer ces entités, mais bien de comprendre leur 'impact sur l'économie marocaine», c'est ainsi qu'a expliqué Ahmed Lahlimi Alami, Haut commissaire au plan, l'utilité de son enquête sur le secteur informel de 2007. Impact sur l'emploi et le PIB En effet, les unités de production informelles (UPI) contribuent à 37,3% de l'emploi non agricole global. En 2007, le secteur de l'informel employait 2,216 millions de personnes contre 1,902 million en 1999. Les recrutements s'opèrent, de manière générale, au sein de la famille et ne font pas l'objet d'un contrat. Le commerce informel continue d'occuper la première place en matière d'emplois. Cependant, son taux est passé de 91,2% à 81% entre 1999 et 2007. Inversement, le BTP qui représentait 17% des «salariés» en 1999, a vu ce pourcentage évoluer en 2007 pour atteindre 23,6% des emplois dans l'informel. Les UPI emploient majoritairement une seule personne (75% en 2007). La proportion des ménages qui dépendent des revenus des activités informelles a, toutefois, baissé de 18,2% à 14,3% durant ces huit dernières années, révèle l'étude. On peut en conclure que les UPI constituent une solution pour les chercheurs d'emploi. Dans la plupart des cas, les UPI sont plus un outil pour intégrer la vie active qu'un moyen pour subvenir aux besoins élémentaires de survie. La présence, quant à elle, féminine représente 10% du total des salariés de l'informel. Ce pourcentage est le même selon que la femme soit dirigeante ou simple employée de l'UPI. L'économie nationale est, également, impactée par le chiffre d'affaires généré par le secteur de l'informel. L'enquête du HCP a quantifié cette contribution à hauteur de 14,3% du PIB. Une contribution en baisse par rapport à 1999 où elle était de 16,3%. De manière générale, le nombre des UPI a augmenté, passant de 1,23 million à 1,55 million en l'espace de huit ans. En moyenne, 40.000 UPI voient le jour chaque année. Cependant, «leurs proportions ont baissé dans la plupart des régions du Maroc», a souligné Ahmed Lahlimi Alami. Cette baisse n'a pas concerné Casablanca et Marrakech qui ont, au contraire, accusé les plus fortes hausses. Cette tendance baissière doit être accentuée par «une offre fiscale intelligente». Selon le Haut commissaire au Plan, «l'objectif n'est pas de combattre ces UPI, mais de les inciter intelligemment à intégrer le tissu des PME qui opèrent de manière formelle». La tenue de la comptabilité est le seul critère qui a été utilisé pour identifier les UPI, le HCP considérant que tout autre élément ne serait pas représentatif. En effet, l'«économie non observée» se compose de trois volets. Les entités échappant au fisc constituent la partie souterraine de cette économie. La fraude fiscale ne peut pas être intégrée comme critère, car elle ne reflète pas l'objet de l'étude. Quant à la contrebande, elle constitue une activité illicite qui n'est pas la cible de l'enquête. Le Haut commissaire a cependant avoué que même si ces «entreprises» étaient concernées «Il aurait été très difficile pour nous de les comptabiliser, car le secret règne dans ces métiers». Le secteur informel constitue le troisième volet et c'est sur lui qu'a porté l'étude.