Abdelhakim Soujda, Député et président de la municipalité d'El Jadida. Les Echos quotidien : Quelle est actuellement l'état de la situation financière de la municipalité d'El Jadida ? Abdelhakim Soujda : La situation financière de la commune n'est pas confortable, avec des dettes et des arriérés qui dépassent les 10 MDH. Les recettes ne dépassent pas les 35 MDH, alors que le budget de fonctionnement écrase les 120 MDH. Depuis 2009, la première démarche consistait d'abord à améliorer les recettes et à équilibrer les dépenses de l'administration. Actuellement, la situation financière de l'administration s'est nettement améliorée. Les recettes ont augmenté pour atteindre 110 MDH - Nous avons réalisé un excédent budgétaire de l'ordre de 20 MDH, en 2010. Ceci est sans précédent dans l'histoire de la commune d'El Jadida. Il faut savoir que les augmentations décidées par le gouvernement, s'ajoutant aux indemnités en faveur des fonctionnaires, ont quelque peu alourdi les charges de la municipalité. Du coup, l'excédent budgétaire réel de l'administration s'est limité à près de 13 MDH en 2011. Quelles sont donc les priorités actuellement ? L'excédent budgétaire est un montant dérisoire face aux besoins de la ville. Parallèlement, la ville nécessite la remise en état de ses infrastructures de base pour un aménagement urbain de qualité, répondant aux attentes de la population. Il est en effet urgent d'aménager un nouveau cimetière, de conforter les routes, de pallier les insuffisances de l'éclairage public et de rationaliser la gestion des jardins publics. Heureusement, les excédents budgétaires des deux dernières années nous permettent de contracter des crédits du FEC (Fonds d'équipement communal), pour la réalisation des projets de la ville. Un plan de développement communal a été mis au point et nécessitera, selon les études dans sa globalité, des investissements de l'ordre de 800 MDH. Un premier programme d'urgence pour les trois années à venir est en cours de lancement, avec un budget de plus de 325 MDH. Ce sont des projets très importants qui métamorphoseront la ville. Le renforcement de l'éclairage public nécessitera un coût de 13 MDH, les routes 60 millions DH en plus du programme de restructuration et de désenclavement des nouveaux douars qui sont entrés dans le périmètre urbain. En plus de l'apport de la municipalité et du FEC, les fonds seront également constitués grâce aux différents partenariats avec les Conseils provinciaux, la Région et la direction générale des collectivités locales. Bien sur, nous avons aussi des partenariats avec des opérateurs économiques de la province. Les projets émanent évidemment de différentes études, à l'instar de celles réalisées pour l'entrée de la ville, pour la Place Breija, près du port et pour la cité Portugaise. Des appels d'offres sont actuellement lancés pour la réalisation d'études concernant la requalification des accès du centre ville, comme les boulevards Al Moukawama, Ibn Badis ou Zerktouni. Qu'en est-il des autres projets, pour citer, le projet avorté du complexe commercial Al Kalaa, la réhabilitation de la zone industrielle, le transport urbain et de l'ancienne décharge publique ? En sachant que le complexe commercial Al Kalaa, projet à l'abandon et actuellement à l'état marécageux depuis près de 30 ans, a été officiellement concédé par la municipalité en faveur d'une société privée, lors de la session de février 2012. Par ailleurs, les travaux de réhabilitation de la zone industrielle de la ville (117 ha) se poursuivront bientôt en partenariat avec la CCIS (Chambre de commerce, d'industrie et de services), avec une enveloppe budgétaire de 5 MDH. Le groupe OCP a également accordé un accord de principe pour l'aménagement du parc urbain, à l'emplacement de l'ancienne décharge publique sur 56 ha. Pour sa part, le transport urbain est un des dossiers épineux de la ville. Le conseil municipal vient de mettre au point le nouveau cadre juridique régissant ce secteur. Actuellement, nous nous apprêtons à lancer des appels d'offres et ainsi permettre à de nouvelles sociétés d'autobus de desservir la ville. Le problème du transport urbain sera résolu et s'améliorera très sensiblement dans les mois à venir. Qu'en est-il de la situation des hôtels à l'abandon, Doukkala et Marhaba (aussi Marah) qui sont des points noirs de la ville ? Nous avons accordé les autorisations nécessaires pour la reconstruction de l'hôtel Doukkala sur la demande de son propriétaire. Ce dernier n'a pas entamé les travaux. La seule solution serait d'entamer des procédures d'expropriation pour en faire un espace d'utilité publique. Pour sa part, l'hôtel Marah est malheureusement touché par un litige en cours de jugement. Pour le moment, des sociétés étrangères sont très intéressées par le site. Pourquoi est-ce que les travaux de réhabilitation de la Cité Portugaise se sont arrêtés ? La réhabilitation de la Cité Portugaise est en suspens à cause du manque de financement. Nous multiplions actuellement les efforts pour classer ce dossier. Et la gare routière et le marché de gros ? La gare routière est aussi un point noir. Le nouveau site proche du nouvel hôpital provincial prévu par le plan d'aménagement, est inadapté. Il faut aménager la nouvelle gare routière près de la gare ferroviaire dans le quartier Essalam. À souligner que des solutions ont été trouvées pour résoudre le problème du marché de gros. Sa reconstruction est prévue sur le territoire de la commune Moulay Abdallah, en partenariat. Il s'agira d'un complexe intégré avec également des abattoirs pour satisfaire les besoins communs.