La stratégie nationale de développement des produits du terroir est en germination précoce. Le ministère de l'Agriculture et de la pêche maritime vient de mettre en jachère un important projet de «capitalisation des études régionales relatives aux produits du terroir». L'idée de cette démarche entamée par la tutelle, repose sur le principe de regroupement de toutes les stratégies et plans régionaux dédiés aux différentes filières de production. Le but principal, à terme est «d'évaluer le potentiel en produits du terroir des différentes régions». Le projet qui vient d'être lancé se propose ainsi d'élaborer une synthèse des résultats obtenus à partir de ces différentes études, «afin de mettre en exergue le potentiel réel du secteur à l'échelle nationale», explique-t-on à la tutelle. L'objectif serait également de finaliser ces plans de développement régionaux et de proposer des projets concrets concernant les produits du terroir à potentiel business, avec un planning de réalisation s'étalant sur la période 2013 - 2018... Dans l'opérationnel, c'est une présentation globale du secteur qui devrait être établie. Cette présentation sera déclinée en «fiches produits», synthétisant les données géographiques, techniques et socio-économiques de chaque produit - C'est donc une réelle cartographie de développement des potentiels du terroir, qui est en train de donner ses premiers bourgeons. Reconnaissances restreintes Présentement, une liste encore restreinte de sept produits a obtenu la reconnaissance de la qualité et de l'origine. Seuls quatre produits de cette liste sont cependant commercialisés sur le marché sous ces indications distinctives. L'argan, la clémentine de Berkane, les dattes Majhoul de Tafilalet et l'huile d'olive Tyout-Chiadma, sont ces quatre privilégiés du terroir ayant parvenu à se faire une place digne d'une vraie filière agricole, de la production à la commercialisation. Pourtant, la liste d'attente des produits cherchant à intégrer ce cercle restreint de reconnaissance de qualité ou d'origine géographique, ne désemplit pas. La tutelle informe en effet que, «plusieurs autres groupements de producteurs ont déposé le dossier de demande de reconnaissance auprès de nos services», explique-t-on. Des figues de barbarie d'Ait Bâamrane au fromage de chèvre de Chaouen, le modèle d'entreprise adopté par la plupart des producteurs promouvant ces produits, se presse sur le bureau de la direction de développement des filières de production, au niveau de la tutelle. Pluie de millions Ces actions sont mises en œuvre avec en toile de fond, le décollage des stratégies de développement de certaines filières. Dans la pluie de millions de dirhams d'investissements dans le cadre de la mise en œuvre du plan Maroc vert, le terroir a en effet eu sa part. L'apiculture est l'une de ces filières qui a connu le développement de nouveaux projets à forte valeur ajoutée. Deux projets pilier 1 ont été lancés en 2011, pour une enveloppe globale de 180 MDH. Une dizaine d'autres projets supplémentaires sont également en cours d'élaboration pour le segment pilier II, dans cette même filière, pour un investissement de près de 50 MDH. L'arganier pour sa part, a également cumulé des investissements de 40 MDH dans le cadre du pilier II. La filière phoénicicole, par contre, n'aura connu qu'un seul projet pour un investissement assez lourd, estimé à quelque 94 MDH (pilier II). Quant à l'oléiculture, dont certains produits bénéficient désormais d'une reconnaissance d'appelation d'origine, la récolte semble avoir été particulièrement fructueuse en 2011. La filière a connu une dizaine de projets d'agrégation pour quelque 800 MDH au total. Sur le segment du pilier II, le compteur des projets est beaucoup mieux fourni, avec 26 projets d'investissements pour 600 MDH. Ça coûte cher, le solidaire... les cinq défis du terroir Les efforts de développement des filières du terroir ne se limitent pas aux projets de labellisation. En effet, en vue de développer une stratégie opérationnelle en matière de promotion et de commercialisation des produits du terroir, la tutelle a par ailleurs réalisé une étude portant sur la «Promotion et le développement des produits du terroir dans le marché domestique et à l'export». Les conclusions de cette étude ont permis l'identification de 5 leviers stratégiques d'intervention. Le premier de ces axes d'action concerne le volet promotion des partenariats d'agrégation, dans le but de faciliter l'accès des produits de terroir aux marchés. Le deuxième levier identifié porte sur la mise en place de plateformes logistiques régionales, pour l'accumulation et la distribution attractives des produits. Deux autres grands leviers seront également investis en actions, allant du développement d'accords commerciaux avec les grandes et moyennes surfaces - Label Vie et Marjane sont les deux enseignes engagées dans ce programme - au renforcement de la labellisation des produits du terroir. Le dernier et cinquième axe de développement des produits du terroir devrait porter sur la réalisation de campagnes de communication dans les marchés domestique et de l'export.