L'écrivain franco-marocain Tahar Ben Jelloun avait rendez-vous du 10 au 13 novembre avec son public marocain. Des rencontres intitulées Carte Blanche et initiées par l'Institut français de Casablanca en partenariat avec la Fondation ONA. Le coup d'envoi de Carte Blanche a donc été donné mercredi à la Villa des arts où l'écrivain francophone le plus traduit dans le monde a pu reprendre contact avec ses lecteurs marocains qui étaient d'ailleurs nombreux à assister aux différents programmes de l'événement. «Vous savez, je suis habité par le Maroc», n'a cessé de confirmer le Prix Goncourt 1987. Dans des discours simples mais profonds, Tahar Ben Jelloun est revenu sur l'ensemble de son œuvre et de ses derniers livres «Jean Genet, menteur sublime» et «Beckett et Genet, un thé à Tanger». Des livres édités en 2010, ce qui confirme son statut d'écrivain prolifique. «Oui, je suis prolixe... Je pense que j'ai beaucoup de choses à dire». Son œuvre composée de plus d'une trentaine d'ouvrages (romans, essais, recueils de nouvelles et de poésie) le prouve d'ailleurs. Carte Blanche a, ainsi, permis à Ben Jelloun de parler de son actualité littéraire. Consacrée essentiellement à Jean Genet, dont on célèbre le centenaire de naissance, elle propose une approche nouvelle de l'écrivain et de l'homme. «Jean Genet, menteur sublime» est, en effet, un livre témoignage dans lequel Tahar Ben Jelloun livre le récit de douze années de rencontres avec l'auteur des «Bonnes». Genet, encore et toujours ! Un livre hommage qui dévoile d'autres facettes de la vie du poète souvent mal compris. «Jean Genet qui n'a jamais connu ses parents, qui a passé sept ans en prison pour vols, avait cette idée de se venger de la société. C'est ce qui explique son mode de vie, la force de ses écrits, ses positions politiques...», explique Ben Jelloun. On retrouve également dans «Jean Genet, menteur sublime» toute la force et l'urgence des ébats politiques et intellectuels des années 1980. Un récit attachant présenté devant les étudiants de la faculté des lettres et sciences humaines Aïn Chock de Casablanca. Par ailleurs, l'auteur de «La Nuit sacrée «a présenté en exclusivité des textes de son livre «Beckett et Genet, un thé à Tanger». Une pièce de théâtre inédite portée par deux comédiens français, Dominique Pinon et Robin Renucci. «Il s'agit d'une rencontre imaginaire entre deux monuments : Samuel Beckett et Jean Genet. Une rencontre qui se déroule à Tanger, ma ville natale, qui a ensorcelé bon nombre d'artistes et de créateurs à travers les temps». L'action se passe au célèbre café Hafa où les deux intellectuels bavardent, parlent de littérature, échangent, rient et dansent en attendant leur ami en commun Giacometti qui ne viendra jamais. À travers Carte Blanche, Tahar Ben Jelloun -le seul écrivain marocain qui vit de sa plume- avait l'occasion de renouer contact avec le monde culturel marocain et d'avoir une idée plus précise sur la scène littéraire nationale, en pleine ébullition.