Des dizaines de think tanks spécialisés sur la question climatique fleurissent actuellement aux Etats-Unis. Leur sujet de prédilection, la contestation des thèses scientifiques du réchauffement climatique. Objectif avoué, influencer l'agence environnementale américaine (EPA) qui doit se prononcer dans les jours qui suivent sur la question du climat. Ses décisions pourraient affecter les industriels américains bien plus que n'importe quel accord signé dans la capitale danoise. Selon le Center for Responsive politics, un groupe de recherche sur les finances publiques américaines, les dépenses en lobbying à Washington se sont élevées cette année à plus de 2,5 milliards de dollars. Cette somme représente plus que le budget lobbying de l'ensemble des entreprises des énergies nouvelles dans le monde. Vu sous cet angle, la nouvelle industrie verte ne pèse pas bien lourd. En octobre, une campagne de publicité en faveur du CO2 financée à coup de millions de dollars a même été lancée aux Etats-Unis. C'est dire si le lobby «fossile» regroupant les industries du gaz, du pétrole et du charbon ne lésine pas sur les moyens mis en œuvre. Les démocrates affaiblis Lorsque le projet de loi sur le climat «le pack Energie-Climat», cher au président Barack Obama, a été introduit au Congrès, le nombre de lobbyistes officiellement répertoriés auprès des parlementaires a explosé. Ils étaient plus de 2.810 à envahir les couloirs de la Chambre, soit cinq lobbyistes pour un élu rien que pour ce sujet. Le projet de loi a fini par être adopté au Congrès, mais il reste la ratification des sénateurs, hautement noyautés par les lobbies industriels, et c'est là une autre paire de manches. Résultat ? Faute de n'avoir pu faire adopter sa loi, Barack Obama sera affaibli à Copenhague et cela pèsera sur le résultat final du sommet. D'ailleurs, Carol Browner, première conseillère environnementale à la Maison-Blanche, a fait un aveu de faiblesse en déclarant : «On aurait sincèrement aimé que le processus ait pu être achevé, mais cela n'a pas pu se produire. Il est improbable que le président Obama soit en mesure de ratifier une loi sur le climat au sommet de Copenhague, début décembre». Ce qui fait dire à certains que la politique environnementale des Etats-Unis, et donc sa position à Copenhague, se joue en grande partie à Washington, à K Street, qui abrite la plupart des cabinets de lobbyistes, et à Capitol Hill, où siège le Sénat.