Finalement, Boulaknadel n'est pas resté inactif face à l'affaire Sonasid. En fin de semaine dernière, le CDVM a décidé de la sanction à infliger au sidérurgiste, alors que tout laissait penser que l'affaire serait vite enterrée. Pour rappel, la filiale d'Arcelor Mittal avait publié des indicateurs financiers en forte baisse au terme du premier semestre 2010, alors que ses propres prévisions, et sur lesquelles se sont basées les sociétés de Bourse dans leurs recommandations, tablaient sur une hausse à deux chiffres des résultats. Le gendarme de la Bourse a, finalement, réagi à cette affaire en estimant que «les gestionnaires de Sonasid se devaient d'informer le public, dès qu'ils en ont pris connaissance, sur la baisse inhabituelle, substantielle et persistante de son résultat financier pour le premier semestre de l'exercice 2010, par rapport à l'historique des réalisations et, particulièrement, aux perspectives qu'elle a auparavant annoncées et publiées», apprend-on du CDVM. C'est dire que le profit warning s'imposait dans cette histoire. Pourtant, le management de Sonasid ne l'a pas jugé utile. «Nous n'avons pas fait de profit warning parce que nous estimons que les perspectives à long terme sont prometteuses», avait déclaré Berold Costa, directeur général de Sonasid en marge de la réunion post-résultats avec les analystes. Cela n'a pas permis à Sonasid d'échapper à la sanction. Le CDVM a, en effet, décidé de lui infliger un avertissement et une sanction pécuniaire d'un montant de 67.000 DH, à régler au Trésor public dans les dix jours suivant la notification de la présente décision. Aussi, le gendarme de la Bourse a-t-il décidé d'enjoindre aux administrateurs de Sonasid d'assumer leurs responsabilités légales et de prendre les mesures adéquates afin que les dirigeants remplissent les obligations de bonne information du public, dans le respect des dispositions légales et réglementaires en vigueur. Certes, à voir le montant de la pénalité, cette sanction peut paraitre dérisoire. Cependant, au-delà des 67.000 DH à payer, la sanction ne manquera pas d'entacher l'image de Sonasid. Le CDVM frappe ainsi un grand coup après les moult-critiques qui lui ont été adressées en 2009, suite à une affaire quasiment semblable. En effet, en mars de cette année-là, le raffineur Samir a publié des indicateurs financiers complètement en déphasage avec les projections faites à l'occasion d'un emprunt obligataire émis quelques mois plutôt. Là aussi, Samir n'a pas jugé bon de faire un profit warning et s'en est tirée avec un simple avertissement du gendarme. Boulaknadel n'a donc pas laissé l'histoire se répéter et la sanction infligée à Sonasid, dont le poids dans la cote est tout aussi important que celui de Samir, a été plus sévère. De quoi lancer un signal fort à ceux qui critiquaient la capacité du CDVM à gérer avec fermeté ce type de dossiers.