Fini le temps où des concepts étaient lancés, des stratégies définies et déclinées, mais sans outils financiers adéquats pour les mettre en œuvre. Le Plan solaire marocain et le chantier d'efficacité énergétique en sont les meilleurs exemples, dont l'un des outils de financement, en l'occurrence la Société d'investissement énergétique (SIE) est sur le pied de guerre pour accompagner ces chantiers pharaoniques. Société anonyme, la SIE est née suite à la création du Fonds de développement énergétique (FDE), qui a vu le jour suite à la décision royale d'utiliser deux donations en provenance de l'Arabie Saoudite et des Emirats Arabes-Unis (800 millions de dollars) pour dynamiser l'activité des énergies renouvelables dans notre pays. Le Fonds Hassan II a apporté pour sa part 200 millions de dollars pour compléter le milliard de dollars dédié à ce Fonds. Le FDE a deux fonctions : subvention et investissement. Dans ce cadre, la SIE est le bras armé du fonds en charge de la fonction investissement, et a été doté pour cela, d'un capital d'un milliard de DH. La Société intervient essentiellement sous forme de prise de participation en equity (participation par apport de fonds propres), mais peut également créer des filiales. Aussi, la vocation des prises de participation de la SIE n'est ni d'être l'actionnaire de référence ni de prendre le contrôle des entités financées. Il n'est en aucun cas question de gérer les sociétés ou les projets, mais plutôt de soutenir l'effort d'investissement et de dégager des plus-values financières. Il est donc davantage question de faire jouer l'effet de levier pour maximiser le retour sur investissement. Dans ce sens, une stratégie de sortie est définie dès le départ de la prise de participation. L'idée est de mettre en place un mécanisme de type revolving, où l'ensemble des retours sur investissement engrangés lors du désengagement sont entièrement réinvestis, de manière à être réutilisés dans de nouveaux projets. Même il est encore trop tôt pour l'heure de chiffrer les horizons de sortie. «L'enjeu pour nous est directement corrélé aux objectifs de production énergétique, de manière à réduire la dépendance nationale. Mais il ne faut surtout pas oublier notre position face à l'Europe et au sein de la Méditerranée, où le Maroc doit jouer un rôle clé, notamment comme tête de pont vers l'Afrique», souligne Ahmed Baroudi, directeur général de la SIE. En effet, si l'effort mené répond bien sûr à un besoin national, il constitue également une préparation du pays pour jouer un rôle important dans le théâtre régional et continental. Pour ce faire, c'est en créant un métier industriel, en développant une intégration intelligente, en préparant les compétences nécessaires et en soutenant une recherche appliquée que le Maroc pourra être demain un partenaire crédible, apportant une vraie valeur ajoutée à tous les acteurs qui l'entourent. D'où le rôle importantde la SIE comme apporteur de fonds. Le Maroc aujourd'hui a un rôle de précurseur au niveau mondial lorsqu'on regarde l'initiative de Masen, qui fait de notre pays le seul qui engage un projet d'un telle envergure, même si actuellement d'autres pays sont en train de suivre. «Je reste persuadé que le projet marocain servira de référence mondiale pour le dimensionnement des grands projets similaires qui émmergent dans d'autres pays», considère Baroudi.