L'espace d'Art Actua d'Attijariwafa bank s'est transformé en ruche géante, mercredi 13 octobre, à l'occasion du vernissage de l'exposition «Hassan el Glaoui, 60 ans de peinture». Durant toute la soirée, l'assistance se pressait autour de l'artiste qui, du haut de ses 86 ans, se pliait au jeu de bonne grâce, serrant les mains, parlant aux uns et souriant aux autres... Toujours aussi alerte, aussi élégant et aussi vif d'esprit, Hassan El Glaoui semble ignorer ce qu'est un grand âge. Le temps n'a guère de prise sur ce peintre qui continue de créer tout en déclinant le côté lucratif de la profession. Déjà 60 ans sont passés depuis la première exposition d'El Glaoui organisée, en 1950, à Paris, dans la galerie André Weil. Pendant toutes ces années, le grand artiste n'a jamais cessé de construire une œuvre placée sous le signe du mouvement qui jaillit de ses célèbres chevaux. Mais ne nous y trompons pas, n'en déplaise à ceux -ne connaissant que superficiellement son œuvre- qui pensent que Hassan El Glaoui ne peint que le noble animal. L'artiste est, aussi, le peintre des portraits, des autoportraits, des paysages, des natures mortes qui démontrent, s'il en est besoin, la richesse de son esthétique. C'est précisément le mérite de cette rétrospective «Hassan El Glaoui, 60 ans de peinture» que d'avoir pris la mesure du temps qui est passé en exposant les différentes œuvres de l'artiste. C'est une invitation à pénétrer dans l'univers de ce peintre que nous offre cette exposition. Et en y pénétrant, pour notre plus grand plaisir, on y découvre les facettes connues et méconnues d'El Glaoui, la richesse picturale de ses toiles, des différents thèmes dont elles sont nourries. Ainsi, les magnifiques portraits -généralement les membres de sa famille- aux couleurs vertigineuses dégagent, par la profondeur du regard, une émotion qui fait vaciller. Le portrait de sa mère, à cet égard, est fascinant par la noblesse qui émane de son visage, de sa pose, de son allure de grande dame. On se concentre sur ce qu'on voit. Sur «les clowns» par exemple. D'une beauté indéfinissable, les couleurs jaillissent de leurs traits dépouillés, des touches à peine esquissées. Ce sont les clowns du cirque Fratellini qui se produisit à Casablanca en 1980. Ghita Triki Chraibi, commissaire de l'exposition, parle avec pertinence de «cet expressionnisme presque lyrique qui lui est cher». Quant aux toiles présentant des paysages comme la demeure familiale de Marrakech ou la Palmeraie, elles sont considérées comme des œuvres de jeunesse, ce qui n'enlève rien à leur beauté. Enfin, le regard est captivé par les couleurs et on pourrait même dire par les sons qui fusent de ces tableaux peignant les chevaux. Une sorte de poème baudelairien où «les couleurs et les sons se répondent». Après tant d'émotion, le visiteur quitte l'exposition accompagné d'un jaillissement ininterrompu de couleurs, d'un bouillonnement intérieur provoqué par les riches subtilités de l'œuvre foisonnante de l'un des premiers- et non des moindres- peintres modernes du Maroc : Hassan El Glaoui. Ihssane Andaloussi