Qui a dit que le tourisme devait continuellement aller à l'encontre de la conservation du patrimoine culturel et naturel d'une région ? Réunis à Zagora, hier, à l'occasion de la première édition du Forum international du tourisme durable, des acteurs locaux, chercheurs, promoteurs touristiques et institutionnels se sont donnés rendez-vous pour prouver qu'une alternative au tourisme de masse existe bel et bien: le tourisme durable. «Le tourisme durable consiste à exploiter de façon optimale des sites touristiques à travers une régulation du nombre de touristes», explique le Dr Mtir Abdellah, chercheur en développement territorial dans les oasis marocains. Dans le Souss-Massa-Drâa, qui regorge de particularités naturelles et culturelles, notamment dans la vallée du Drâa, combiner tourisme et protection du patrimoine devient urgent. Depuis les années 90, cette région présaharienne a attiré bon nombre de touristes, avides d'excursions sur les dunes de sable, de soirées en bivouacs, ou encore d'expédition en 4x4, au grand dam des populations locales, qui ne bénéficient que très rarement des recettes du tourisme. «Les emplois liés au tourisme dans la région sont saisonniers et très précaires. Les chameliers, guides, chauffeurs et restaurateurs ne peuvent pas exclusivement compter sur cette prolifération de touristes pour vivre», estime pour sa part Aziz Bentaleb, chercheur à l'Institut royal de la culture amazighe. Cela sans oublier que la plupart des touristes effectuent des circuits dont les routes n'amènent que très rarement vers les ksars, à la rencontre des populations locales et des artisans. D'un point de vue environnemental, la construction anarchique d'unités hôtelières, qui est à l'origine de l'arrachage de la plantation, a conduit à accélérer l'ensablement de nombreux ksars et a provoqué la surexploitation des eaux souterraines, une ressource à préserver par-dessus tout, mais aussi la dégradation des sols, du paysage et de la biodiversité. Autant de problématiques auxquelles il est possible de répondre au plus vite. Aussi, les populations locales sont-elles prêtes à mener leur barque à travers la mise en place de politiques de long terme, incluant la promotion du logement chez l'habitant, la formation de guides et la création de circuits délimités aux excursions, pour un développement des infrastructures, qui doit émaner des populations locales.