Opération réussie pour la SCR. Le 16e forum africain de la réassurance a clos ses portes, hier mardi, sur une grande satisfaction des organisateurs. Il faut dire qu'ils avaient toutes les raisons de se réjouir car la manifestation a permis aux différentes parties prenantes d'échanger sur les problématiques auxquelles fait face le secteur de la réassurance en particulier et celui de l'assurance de manière générale. Dans ce sens, la gouvernance et la solvabilité se sont taillées la part du lion dans les débats, d'autant plus que les changements économiques actuels imposent une nouvelle approche dans la gestion des compagnies. D'ailleurs, c'est dans ce cadre qu'intervient la nouvelle directive en cours de finalisation en Europe sur les règles de solvabilités. Le Maroc n'est pas en reste, puisque «les règles de Solvency I sont déjà adoptées et les opérateurs convergent vers les exigences de Solvency II». En effet, à l'instar des compagnies d'assurance et de réassurance de par le monde, le modèle de Solvency I adopté par le Maroc jusque là s'avère être «un régime basé sur les volumes traités par les compagnies et c'est là sa principale faiblesse», comme l'explique Lotfi El Beghdadi, responsable au sein de Standard & Poors. C'est, d'ailleurs, la raison qui a poussé plusieurs pays à compléter ces règles de solvabilité avec des mesures réglementaires de gestion d'actif. «Nous pensons que Solvency II est une directive qui aura des impacts positifs sur le secteurs des assurances», ajoute la même source. Le passage est devenu donc indispensable, car cette directive tient compte d'un régime ajusté où le besoin en fonds propres est évalué selon une analyse fine des risques. Basé sur trois piliers, Solvency traite d'abord des exigences en fonds propres. D'après les professionnels, cette étape devrait être rapidement bouclée, puisqu'elle ne présente pas de problèmes, contrairement au deuxième pilier, un peu plus problématique car qui traitant de la gestion des risques. À ce niveau, les opérateurs européens ont lancé plusieurs études, depuis 2001, sur l'impact de ce pilier sur les résultats des compagnies. Or, depuis, plusieurs changements sont intervenus dans l'échiquier économique mondial et constituent aujourd'hui un frein devant ce pilier. Dans ce sens, une réflexion au niveau national s'impose avant l'adoption définitive de Solvency II, afin de cerner la capacité des compagnies d'assurance, et de réassurance à mesurer leur propre risque. Si l'on se fie au calendrier fixé en Europe, lequel impose son entrée en vigueur en 2013, cette démarche devrait incessamment être adoptée au Maroc, afin de maintenir le positionnement au niveau des standards internationaux en matière de solvabilité. Quant au troisième pilier de Solvency, il concerne l'obligation de fournir au marché des informations sur la situation des compagnies. «Le pilier se traduira in fine par une communication sur l'ensemble des éléments traitant de la mesure de la solidité financière des compagnies», ajoute El Beghdadi. Mais les compagnies marocaines n'en sont pas encore là, quoique plusieurs d'entre elles ont déjà entamé leur mue, via la mise en place de nouvelles dispositions de gestion des risques. C'est le cas de la SCR, qui «a mis en place un comité d'audit et de contrôle interne et un comité d'investissement», comme affirmé par le Président de la compagnie, Anas Alami. Outre une charte financière, la société s'est également dotée d'un code de déontologie, a consolidé ses fonds propres et a élaboré une cartographie des risques. Les compagnies d'assurance ont suivi le même chemin. Cependant, malgré cette avance, on est encore loin d'une adoption concrète des règles de Solvency II.