* Le basculement ves les règles de Solvabilité II nest pas une mince affaire pour le continent africain, doù la nécessité de prendre en considération les spécificités de son marché financier. * Hormis la solvabilité, plusieurs critères entrent en considération dans lanalyse de la solidité financière dune compagnie dassurance. * Avec Solvency II, les compagnies dassurance sont appelées à avoir cette force dévaluer elles-mêmes les risques éventuels dune souscription dun contrat daffaires. * Lotfi El Baghdadi, Directeur Standard & Poors- France, explique. - Finances News Hebdo : En tant quorganisme de rating, quelle place de choix occupe lanalyse de solvabilité dans le rating des compagnies dassurance ? - Lotfi El Baghdadi : La solvabilité est lune des huit catégories danalyse quon retrouve dans celle de la solidité financière de lentreprise dassurance et de réassurance. Les huit sont la solvabilité, la position concurrentielle, le management et la stratégie, la gestion intégrée des risques, la qualité des investissements, la liquidité, la flexibilité financière et la capacité générale des résultats. Cest une composante qui détermine le rating, même si elle nest pas la seule dans lanalyse globale. Elle vient compléter, en partie, notre opinion sur la solidité financière de la compagnie. - F. N. H. : Jusquà quel degré les règles de Solvabilité II permettraient aux compagnies dassurance de garantir leur solidité financière et, partant, de se prémunir contre les différents aléas du marché financier ? - L. E. B. : Solvabilité II, en ce qui concerne son deuxième pilier, est une règle prudentielle qui est censée apporter beaucoup de choses en matière de gestion des risques au sein de lentreprise elle-même. La gestion de risques devient ainsi plus quune contrainte ou un rapport quil faut rédiger au régulateur, cest une analyse de gérer le business. Avant de souscrire une affaire, il faut se poser la question sur les risques additionnels que cette affaire va générer. Les entreprises devront avoir cette capacité dévaluer leurs risques elles-mêmes. Si le régulateur trouve que les règles de gestion sont insuffisantes, il pourrait demander plus de fonds propres aux entreprises dassurance. - F. N. H. : Quels sont les types de difficultés que les compagnies dassurance rencontrent lors du basculement des règles de Solvabilité I à II ? - L. E. B. : Assurément, ce passage est très consommateur de temps et engage différentes parties prenantes. En ce qui concerne les difficultés, dabord, je peux citer les systèmes dinformation, les équipes. Parce que Solvency II nécessite des équipes techniques. En fait, les groupes qui disposaient déquipes actuarielles, comptables, techniques de souscription, ont beaucoup moins de mal que les entreprises petites qui sont très dépendantes des ressources externes et qui sont appelées à accroître leurs ressources. En ce qui concerne linformatique, il faut avoir des systèmes qui permettent davoir un état des lieux rapidement et, tout cela, bien entendu, il faut le développer. Lautre problématique, cest que dans certains cas, il y a des entreprises qui sont dans Solvabilité I mais qui trouvent beaucoup de difficultés à accéder aux règles de Solvabilité II. Ces dernières vont devoir prendre des décisions stratégiques, comme par exemple réduire leurs risques, trouver des partenaires Il sagit-là dun changement de mentalité aussi bien en matière de supervision quen matière de reporting financier. - F. N. H. : LEurope est très en avance par rapport au continent africain ; quels sont les principaux enseignements que lAfrique pourrait éventuellement tirer de lexpérience européenne ? - L. E. B. : Effectivement, les marchés sont assez différents les uns des autres. LEurope est en avance dans la mesure où elle a déjà fait cinq mesures danalyse quantitative dimpact pour voir leffet de Solvabilité II. Ce qui nest pas encore le cas du continent africain. Les pays africains peuvent sinspirer de ce processus, mais cela ne veut dire en aucune manière quil devrait être appliqué tel quil est en Europe. Donc, pour savoir à quoi les entreprises dassurance peuvent sattendre en ce qui concerne Solvency II, quelles sont les mesures dimpact qui permettront au régulateur dajuster cette directive au contexte africain ? Je peux dire que ce sont des analyses nécessaires et importantes pour lentrée du continent africain dans ce régime de supervision.