Nous serons 5,8 millions de «vieux» en 2030. «Vieux» faisant référence ici aux personnes âgées de 60 ans et plus. Soit une croissance de 3,5% de cette population en une vingtaine d'années. Cela représentera, d'ici 2030, près de 15,4% de la population marocaine globale, contre 8,1% actuellement. Ce sont les chiffres présentés en fin de semaine par le Haut commissariat au plan (HCP) à l'occasion de la journée internationale des personnes âgées. Des statistiques qui révèlent une évolution rapide de la population âgée de 60 ans et plus au Maroc, plus rapide même qu'en France, souligne le HCP. En effet, si dans l'Hexagone, «le doublement du poids démographique des aînés a nécessité environ 80 ans, au Maroc ce doublement devrait s'opérer en moins d'une vingtaine d'années», annonce le HCP. Tout d'abord, il y a l'évolution de l'espérance de vie des Marocains. Elle est passée de 62 ans au début des années soixante à 73,1 ans actuellement. Une croissance non sans conséquence La décroissance du nombre de natalités s'avère être également un facteur de vieillissement de la population. Selon les résultats de l'enquête nationale sur les personnes âgées, menée par le HCP, «le nombre moyen d'enfants par femme a chuté de 7,2 à 2,4» en l'espace de cinquante ans (1960-2010). Il en résulte actuellement une augmentation annuelle de 2,3% du nombre de personnes âgées, qui passe de 833.000 en 1960 à quelque 2,4 millions cette année. Une croissance «rapide», qui va en augmentant, comme le révèle cette étude, mais qui ne sera évidemment pas sans conséquences sur les conditions de vie de cette partie de la population. En particulier les femmes, souligne le HCP, car elles bénéficient d'une espérance de vie plus élevée de 2,6 ans par rapport aux hommes. À en juger par les résultats du rapport d'enquête, «les femmes courent plus de risque de veuvage en raison de l'écart d'âge entre époux de 4,8 ans». Résultat, le Maroc compte aujourd'hui cinq fois plus de veuves que de veufs. Un constat peu rassurant, lorsqu'on apprend qu'en dépit de la forte prévalence des maladies et de l'incapacité physique au sein de cette population, le HCP atteste que «seulement 16% de ces veuves bénéficieront d'une pension de retraite et 13% d'une couverture médicale». Et ce n'est pas tout. Prenant en compte le contexte socioculturel marocain et l'évolution de la réalité économique et sociale des ménages, le Haut commissariat au plan n'est pas très optimiste. L'institution nationale parle «d'une possible érosion de l'entraide intergénérationnelle», en ce sens que la dynamique démographique constatée, l'évolution des modes de vie et la diminution de la taille des fratries auront progressivement raison de la solidarité, qui permettait jusqu'alors à cette population âgée de maintenir un niveau de vie décent. Le HCP anticipe «Développer un modèle d'équilibre général calculable à générations imbriquées». C'est ce à quoi s'attelle actuellement le HCP, a-t-il annoncé à l'occasion de cette journée internationale. En effet, au regard des nombreuses problématiques révélées par les résultats de l'enquête, il s'avère aujourd'hui plus que nécessaire d'évaluer l'impact du vieillissement sur la dynamique du marché du travail et de revenir sur la soutenabilité du système de retraite à long terme. L'objectif est d'analyser les effets des politiques publiques dans ce domaine, aussi bien sur l'épargne, l'investissement, la production que sur les équilibres macroéconomiques, en particulier sur les finances publiques.