On a beau dire que le Maroc s'en est bien sorti face à la crise internationale, il n'en demeure pas moins que des réajustements structurels s'imposent aujourd'hui afin de maintenir cette résilience face aux aléas de la conjoncture, notamment en matière de gestion des finances publiques. C'est dans ce contexte que s'est tenue la quatrième édition du colloque international sur la nouvelle gouvernance des finances publiques, organisé en partenariat avec la Fondation internationale de finances publiques et le Groupement européen de recherches en finances publiques. Tout le gotha économique et financer, dont la Trésorerie générale du Royaume et le ministère de l'Economie et des finances, a présenté cet événement comme l'occasion de lancer la réflexion sur une nouvelle gouvernance des finances publiques. Un chantier qui «s'inscrit dans un contexte de sortie de crise économique sans précédent», lance d'emblée Noureddine Bensouda, Trésorier Général du Royaume. Cette réforme se pose aujourd'hui comme une condition sine qua non pour la pérennisation des acquis en matière d'équilibres macroéconomique consolidés patiemment depuis 20 ans. En effet, en marge du contexte de sortie de crise, l'ensemble des pays du monde a été confronté à la nécessité d'introduire de nouvelles approches de gouvernance afin de maintenir les équilibres structurels. Dans ce sens, l'intégration des répercussions de la crise dans la gestion des finances des Etats est devenue une condition indispensable de préservation de l'avenir des générations futures. Le ministre des Finances va encore plus loin en mettant l'accent, lors de son intervention dans le cadre du colloque, sur la nécessité d'introduire une nouvelle doctrine qui permettrait au Maroc de négocier le virage de la transparence et de la bonne gouvernance surtout au vu des engagements pris sur la scène internationale. Sans compter que le modèle vers lequel tend le Royaume, s'inscrit déjà dans une vision commune des dispositifs régissant les finances publiques de par le monde. Plus globalement, les avis des participants à l'événement du week-end dernier convergent également vers l'instauration d'une nouvelle gouvernance des finances publiques comme moyen de regagner de la crédibilité auprès des citoyens par la reddition des comptes consistant à rendre des comptes aussi bien aux instances législatives qu'aux instances juridictionnelles et surtout à l'opinion publique. Aussi, est-il question de préparer le terrain au projet de régionalisation en repensant les finances régionales et locales. Par ailleurs, «la nouvelle gouvernance concerne une problématique qui interpelle toute la communauté des finances publiques» reconnaît Bensouda. Dans ce sens, la réussite de pareil chantier passe par une mobilisation de l'ensemble des départements ministériels concernés. De la DGI à la direction des budgets, passant par la direction du trésor et la trésorerie générale, le chantier consistera à instaurer des réformes sur tous les maillons de la chaîne. Et si le Maroc veut maintenir sa dynamique de croissance, ce chantier devra se faire dans délais assez raisonnables. Car la situation aujourd'hui est telle que l'Etat, principale locomotive de la croissance à travers une dynamique d'investissements soutenue, se retrouvera inévitablement dos au mur. Le déficit budgétaire est en effet devenu inquiétant et l'écart entre les recettes en baisse et les dépenses d'investissements vouées à une augmentation continue appelle à l'urgence d'une nouvelle approche.