Si l'humour est universel, certaines plaisanteriestournent parfois au cauchemar. C'est, en tout cas, ce que révèle le fameux tollée médiatique qu'ont provoqué les deux plaintes déposées contre 2M mettant en cause l'émission Taxi 36. À croire que le concept de la nouvelle caméra-cachée ramadanesque ne plaît pas vraiment à tout le monde. Malgré les résultats d'audience que brandit fièrement 2M (3,7 millions de téléspectateurs réunis autour du programme sur la première quinzaine du mois sacré), les sceptiques n'ont pas raté l'occasion de faire savoir leur opinion. Et, ils n'y sont pas allés de main morte. D'abord, une première plainte pour «discrimination raciale» et «non respect du code de la route» déposée par une association inconnue jusque-là et qui prétend défendre les droits des téléspectateurs. Ensuite, une mise en demeure émanant d'une «victime», ou plus exactement d'une des clientes du faux taxi (dont Les Echos Quotidien détient une copie). À en croire les termes de cette mise en demeure envoyée vendredi par l'avocat de cette mère de famille (Me Abdelafattah Chiguer), «elle n'aurait pas donné son autorisation pour la diffusion de la caméra-cachée». Exigeant à ce que celle-ci soit supprimée des archives-vidéo de la chaîne et des liens Internet, la plaignante va même plus loin. Selon son avocat, «une plainte sera déposée dans les prochains jours, auprès du parquet ou du procureur du roi, pour demander des dommages et intérêts». L'objet de ces dommages, «enlèvement» et «détention par la force», lit-on sur le document envoyé à la chaîne de Aïn Sebaâ. À se demander si lesdites plaintes ne sont pas excessives pour un programme qui se voulait, au départ, être un simple «canular» télévisé visant à amuser les téléspectateurs. 2M se défend Pour Zouheir Zrioui, directeur de l'antenne et des programmes de 2M, la chose est simple : «tout tournage nécessite une autorisation des personnes filmées. Dans le cas contraire, la vidéo est écrasée». Ce que nous confirme Hicham Masrar, l'un des animateurs incriminés. «Nous avons des autorisations signées de toutes les personnes qui passent à l'antenne. Les vidéos de celles qui ne nous ont pas donné leur autorisation sont immédiatement signalées». Même son de cloche du côté du service juridique de la chaîne. Chiguer ne disposant d'aucune preuve tangible, si ce n'est la parole de sa cliente, cette fameuse autorisation, devrait ainsi annuler la plainte pour non respect du droit à l'image. Qu'en est-il, par contre, des accusations «d'enlèvement» et de «détention par la force» ou encore de «discrimination raciale» et de «non respect du code de la route» ? Pour Masrar, tout cela va trop loin. «Nous avons travaillé pendant des mois sur ce projet et avons eu de très bons retours des téléspectateurs. Que ce soit sur le Net ou même dans la rue... Si nous bouclions les portes, ce serait uniquement pour des raisons de sécurité», explique-t-il. Pendant le tournage, l'équipe de Taxi 36 était même escortée de deux agents de police en moto, nous explique l'humoriste. La HACA joue le rôle de spectateur Pour l'heure, ni la chaîne, ni la HACA n'ont reçu de copie de la plainte déposée par la fameuse association en question. Il faut dire également qu'en cette période de floraison publicitaire sur les tubes cathodiques, la Haute autorité de la communication audiovisuelle à d'autres préoccupations... Toutefois, bien que les deux plaignants (association et cliente du faux taxi) n'aient pas jugé utile de passer par les recours habituels en matière d'autorité audiovisuelle, les sages ne devraient pas tarder à reprendre le volant.