«Humour à la télé et débilité mentale», titrait, ce lundi 30 août, un quotidien francophone de la place. On pourrait penser, à la lecture de ce titre, que le rédacteur n'y est pas allé de main morte dans sa critique de la programmation télévisée ou encore que ce professionnel des médias n'a pas respecté l'une des premières règles de la profession: l'objectivité. Pourtant, ces mots sont issus de la plume d'un psychologue universitaire. Auteur de l'ouvrage «Psychologie des représentations et des pratiques quotidiennes». Abdelkarim Belhaj est membre du réseau d'experts auxquels le quotidien en question fait appel sur des sujets «pointus» et «où la parole prend du sens par ce que les analystes du discours nomment l'argument par autorité». Ce jour là, «l'argument» en question n'est autre que ce que le spécialiste de la pensée humaine nomme «la débilité mentale». «Entendons par débilité mentale, le retard ou le handicap mental, qui est une déficience des facultés mentales et intellectuelles, tout en se manifestant au niveau du comportement», précise Belhaj dans les colonnes de sa tribune. Explications. Rires des-billes S'il est devenu de coutume pendant ramadan que les télés nationales bouleversent leurs grilles et proposent un éventail plus important de productions nationales, la presse écrite est, quant à elle, habituée, pas toujours à tort, à agrémenter ses colonnes de critiques cinglantes sur ces fameux programmes. Stéréotypes, clichés, humour burlesque, ..., les critiques ne tarissent pas de qualificatifs. Plus surprenant encore, il arrive même que les professionnels de l'audiovisuel s'y mettent également : «On a toujours tendance à associer la Harira avec le rire, or ce n'est pas avec du burlesque qu'il faut le faire!», commentait Mohamed Abderrahman Tazi, réalisateur et ancien directeur de la production à 2M, dans une interview accordée aux Echos. Jusque là, personne ne s'était encore avancé sur le terrain de la psychologie et encore moins de la «débilité mentale». Pour Belhaj, c'est l'association «frappante» de ce dernier point avec l'humour qui «dérange et inquiète». En ce sens, il est ici question de faire rire «en adoptant des attitudes propres aux débiles mentaux», explique le psychologue. Autrement dit, les productions nationales, en l'occurrence pendant le mois sacré mettraient en scène des personnages «mentalement attardés». «Si ce n'est pas l'ensemble, il y a au moins un débile de service», ajoute Belhaj. Ce qui, selon lui serait, «un manque de considération pour les personnes qui sont atteintes de déficiences mentales (...), donc cette catégorie de la population ne peut être que l'objet de rire et de moquerie...». Réactions des chaînes «Les chiens aboient, la caravane passe». Ce célèbre dicton serait de mise dans ce cas, quand on constate la réaction des responsables au sein des chaînes de télévision nationales. Si du côté de Rabat, Khalid Hattab, chef du service de la production et de la planification, a esquivé nos questions, les différents responsables à 2M ont préféré se renvoyer la balle de la production à la direction d'antenne.