Avec de nouveaux produits comme des unités à moins de 800.000 DHS et d'autres spécifiquement destinés aux jeunes et aux familles nouvellement constituées et le lancement dès cette année du logement social locatif, le ministre de l'Habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville a du pain sur la planche ! En héritant de ce portefeuille, Nabil Benabdellah, s'est vu assigner une mission de mandat, celle de réduire de 50% le déficit national en logements d'ici 2016. Un ambitieux chantier, avec un besoin estimé à quelque 1,67 million d'unités de logement sur la même période. A fin 2011, déjà, le déficit s'élève à plus de 840.000 selon les chiffres déclinés dans le projet de finances 2012, qui fait du secteur un levier stratégique de la politique de gouvernance. «Le secteur de l'habitat constitue à la fois une véritable locomotive de croissance, du fait de ses effets d'entraînement sur les autres secteurs et un facteur de progrès social contribuant à l'amélioration des conditions de vie des populations», lit-on dans le texte actuellement au Parlement et qui illustre les attentes du gouvernement pour ce département. C'est en ce sens d'ailleurs qu'un véritable programme d'habitat a été initié, dont les actions prioritaires ont été axées sur la lutte contre l'habitat insalubre, le renforcement de la diversification de l'offre, la promotion de la qualité des produits et l'amélioration de l'encadrement fiscal et juridique du secteur. Des aspects que Nabil Benabdellah aura la lourde responsabilité de traduire en actes concrets, en annonçant les grandes orientations dès cette année. Avec une enveloppe budgétaire de 3,59 milliards DH, dont un milliard réservés pour le volet investissement et deux autre milliards au fonds de solidarité «Habitat et intégration», la somme paraît dérisoire, au vu de l'étendue de la tâche, surtout que seulement 450 MDH ont été alloués au département de l'Urbanisme. Batteries de solutions Pour atteindre ces objectifs et pallier les multiples dysfonctionnement apparus au fil de la mise en œuvre des nombreux chantiers lancés sous Taoufik Hejira, le ministère a annoncé toute une série de mesures, en mettant l'accent sur la nécessité de mobiliser les ressources nécessaires. Entre autres, il est prévu la mobilisation de 20.000 hectares du domaine public sur cinq ans, destinés à couvrir les besoins du secteur. La plupart des chantiers déjà lancés comme les logements sociaux, la résorption de l'habitat insalubre ou la valorisation des nouvelles villes seront poursuivis et intensifiés, afin d'accroître le rythme de production des unités de logement. Pour s'entourer de toutes les garanties nécessaires, le ministère de tutelle entend privilégier une démarche participative, avec l'ensemble des acteurs publics et privés du secteur, à travers notamment des contrats-programmes, qui seront signés avec les opérateurs du secteur. Tout ce chantier est donc ouvert, sans perdre de vue la partie intégration des villes, qui constitue un autre volet à la charge du ministre Benabdellah, puisqu'il est, également, chargé de la politique de la ville. Nabil Benabdellah, Ministre de l'Habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville. «Les difficultés constatées sont pour nous des défis que nous comptons bien relever» Les Echos quotidien : La loi de finances 2012 a décliné les principales orientations des missions assignées à votre département. Comment entendez-vous mettre en œuvre ce programme assez ambitieux, au vu de la réalité de la situation? Nabil Benabdellah : Le gouvernement s'est fixé comme objectif principal, la résorption du déficit en matière d'habitat de 50% à l'horizon 2016. C'est un objectif stratégique, qui nécessite plusieurs actions coordonnées, dont l'urbanisation de nouvelles zones pour près de 20.000 ha de foncier et aussi un accompagnement par un partenariat public-privé, avec l'ensemble des professionnels, afin d'agir et d'accentuer la production des logements sociaux et de ceux à faible coût. Nous allons, également et dans le même temps, poursuivre le chantier de résorption de l'habitat insalubre et celui des villes nouvelles. Pour la plupart, ces chantiers ont été lancés depuis l'exercice gouvernemental précédent, mais ont rencontré de multiples problèmes dans leur mise en œuvre. Comment comptez-vous surmonter ces difficultés ? Ce sont pour nous des défis à relever, plutôt que de problèmes. Nous allons poursuivre les efforts déjà consentis et apporter les ajustements nécessaires à travers, notamment, le lancement d'un véritable schéma d'urbanisation et renforcer dans un premier temps la valorisation des nouvelles villes, dont le chantier est déjà lancé et qui, actuellement, sont au nombre de 4. Vous lancez également cette année le chantier du logement social locatif. Selon quel dispositif sera-t-il mis en œuvre ? Il s'agit effectivement d'une nouvelle disposition introduite par la loi de finances. C'est un nouveau segment, qui offre l'opportunité à un opérateur d'acquérir jusqu'à 25 logements sociaux au profit de locataires, selon un loyer mensuel plafonné à 1.200 DH par mois et sur une période de 8 ans. Ce dispositif exonère, bien évidement, les bailleurs de tout impôt.