Si les résultats 2011 du groupe BCP étaient déjà connus et commentés par les observateurs à la faveur des publications dans les médias, la conférence de presse a été l'occasion de revenir sur les fondamentaux du groupe, sur ses perspectives triennales à l'horizon 2014 et sur ses ambitions tant pour le groupe, que pour les banques régionales. Augmentation de capital pour les étrangers, relance des produits alternatifs, rien que cela. La première information de taille, hors communication financière, serait que le Groupe BCP s'apprête à augmenter son capital de 10 à 15% au profit exclusif d'institutionnels étrangers et ce, dès 2012. Une démarche que Benchaâboun explique en soulignant que «pour notre développement, nous avons besoin d'institutionnels étrangers qui nous procurent de la valeur ajoutée ainsi qu'un savoir-faire bancaire et financier nouveau». Faut-il en déduire qu'il s'agit pour le groupe de lorgner sur des banques européennes par exemple, reconnues plus pour leur expertise et capacités d'innovations, que pour des banques du Moyen- Orient, qui se démarquent davantage par leur force de frappe financière? Cette opération pourrait, par exemple, permettre au groupe «de diversifier son offre de services à l'adresse des Marocains du Monde (MDM)», dont les revenus constituent une manne financière considérable. Pour ce faire, Benchaâboun compte élargir le tour de table de son groupe au plus offrant, mais plutôt à celui ou ceux qui «auront à proposer un projet industriel» en concordance avec les ambitions, et la stratégie du groupe. En tout état de cause, cette opération, en changeant le niveau de participation des différents actionnaires, laissera «fixe la part de 35% accordée à la BCP». Du reste, en ce qui concerne la finance islamique, la marche forcée vers ce nouveau créneau ne laissera aucune banque de la place sur la touche, à plus forte raison la BCP. «Les produits islamiques génèrent près de 600 MDH, soit peu de chose par rapport au total généré par le groupe», explique Laidi El Wardi, directeur général adjoint, avant de préciser que «le groupe est courtisé par des cabinets et d'autres partenaires financiers» pour renouveler l'offre islamique populaire - qui d'ailleurs «a peu répondu aux besoins des clients ciblés depuis son lancement 3 ans auparavant». Une offre qui sera revue et corrigée, voire «renouvelée» et certainement relancée courant 2012. De nouvelles ressources, le nouveau credo du groupe Pour Benchaâboun, les faits marquants de son groupe en 2011, outre le renouvellement de la confiance accordée par Standard & Poor's (Investment grade) au mois de décembre dernier, auront été «la poursuite de l'industrialisation des processus back–office», qui a permis de générer des gains de productivité significatifs, «le lancement de la banque privée». Il s'agit aussi du «lancement d'une panoplie de produits et services», qui vont de la simple «ouverture de compte à distance» ou «mobile banking», au plus complexe «produit monétique» ou «offre packagée destinée aux professionnels». La performance commerciale est ainsi ressentie avec des entrées en relation qui passent de 458.000 en 2010 à 510.000 en 2011, soutenues entre autres par la création de 97 nouvelles agences en 2011, portant le total du réseau de proximité à près de 1045 agences (1050 selon Benchaâboun), dont plus de la moitié ont été créées sur la seule période 2006 - 2011. Partant de ce réseau élargi d'année en année, le groupe BCP améliore sa part de marché en dépôts de clientèle, et la porte de 27% en 2010 à 28,1% en 2011 (amélioration de 245 pb entre 2007 et 2011). Selon Benchaâboun et ses équipes, c'est bel et bien «le modèle économique du groupe» qui lui «confère une forte capacité de mobilisation de l'épargne». En chiffres, les dépôts de la clientèle (y compris les intérêts courus) ont augmenté, sur l'exercice dernier, de 8,2%, passant de quelques 167,9 MMDH en 2010 à plus de 181 MMDH à fin 2011, soit «une hausse de 13,7 MMDH, représentant la moitié de la collecte additionnelle de l'ensemble du secteur bancaire», note une communication parallèle du groupe. Il semblerait que la contrainte de la collecte des ressources nouvelles auprès de la clientèle, rendue inévitable par un assèchement des liquidités depuis un certain moment déjà, soit en partie levée par le groupe BCP, comme en témoigne la progression de la part des ressources non rémunérées de près de 275 pb à 63,6% (contre 53,2% pour les autres banques).