L'ONCF met le cap sur la sécurité. Les utilisateurs de trains auront donc moins de soucis à se faire sur ce point à en croire le top management de l'Office, qui y voit aussi un «atout commercial». C'est également un des volets de la nouvelle stratégie de campagne ferroviaire dévoilée jeudi dernier. Cette nouvelle vision tend en priorité à consolider la suppression des passages à niveau et l'Office y a mis le paquet. Si l'ONCF avait fait fort pour la période 2005-2009 en investissant 1,3 MMDH dans les opérations de renforcement de la signalisation, la suppression et le remplacement de ses passages, il compte bien battre un nouveau record. C'est dans cette optique qu'il prévoit de mettre la barre plus haut, en investissant 2 MMDH. Dans le détail, 500 MDH serviront à la poursuite du programme national de suppression des passages à niveau et de leur remplacement par des ouvrages de substitution. Ce programme figure en effet parmi les priorités de la stratégie de l'ONCF et vise à renforcer la sécurité des riverains et des circulations. Il vise in fine à réduire de 50% le nombre de passages à niveau (PN) à travers le réseau national et de 100% dans les agglomérations à forte densité, telle que le Grand Casablanca. Parmi les projets phares menés en matière de sécurité pour cette période, on compte aussi la fermeture automatique des portes des trains, la construction des murs de clôtures et de passerelles, ainsi que la signalisation. Organisation tripartite Afin de mieux répondre à cette nouvelle stratégie ambitieuse, notamment en termes de critères de sécurité qu'il s'est fixé, l'ONCF se dote d'une organisation concentrant son action sur l'amélioration de la gestion opérationnelle via trois composantes clés, que sont l'élément humain, les procédures (réglementation) et les installations du réseau ferré. Ainsi, l'Office mobilise 60% de ses collaborateurs dans le maintien de la sécurité à laquelle il consacre 50% du volet formation. Les installations techniques sont quant à elles mises en place pour renforcer le capital humain, via un système d'espacement des trains et des postes d'aiguillages informatiques, entre autres. En ce qui concerne l'organisation et les procédures, des brigades de conduite des trains sont chargées de garder une attention permanente sur la signalisation, la circulation aux abords des voies, à la bonne marche des trains et enfin au fonctionnement normal du trafic. Et si un train déraillait ? Un film-reportage d'une première simulation, au scénario digne d'une littérature survivaliste, est désormais diffusé pour sensibiliser le public. C'est le premier exercice du genre au Maroc, mobilisant plus de 600 personnes. Cette simulation, qui a eu lieu le mardi 28 février 2012 a été l'occasion pour l'ensemble des participants (La préfecture des arrondissements de Aïn Sebaâ – Hay Mohammadi, des services de la Protection civile, de la délégation régionale de la santé de Casablanca, de la Sûreté nationale, des Forces auxiliaires et du Croissant rouge marocain) de tester, en «grandeur nature», la gestion des conséquences en cas d'incident majeur comme le déraillement d'un train de voyageurs sur une voie principale. Cout total de projet : 300.000 DH. Six mois de coordination au préalable ont permis de mesurer le niveau de réactivité et d'efficacité des différents services d'intervention de l'ONCF, ainsi que des services de secours publics en cas d'accident majeur. Si l'évaluation de l'exercice de simulation a fait sortir des points forts, les points d'amélioration ne manquaient pas. Parmi les points positifs, on compte le déclenchement du plan «ORSEC (organisation de secours en cas de catastrophe)-ONCF», et la bonne coordination entre les services participants à l'exercice. Néanmoins, l'évaluation a aussi démontré la nécessité de la mise à jour du plan SEFER, plan datant de 1960 et décrivant les mesures à prendre en cas d'accident ferroviaire grave et l'amélioration du matériel de secours de l'ONCF. Rabie Khlie, Directeur général de l'ONCF «2011 a été riche en retours sur investissements» Les Echos quotidien : Jusque là, le volet sécurité n'a pas vraiment été mis en avant dans la stratégie globale de l'ONCF. Pourquoi lever le voile sur ce plan aujourd'hui ? Rabie Khlie : Nous avons estimé qu'il était temps de mettre en évidence les efforts faits, que ce soit en terme d'investissements, de maintenance ou de formation du personnel. Sur la sécurité à proprement dit, il convient de faire la différence entre sécurité ferroviaire et sureté. La gestion de la première incombe à la chaine de l'ONCF et à laquelle toute une politique est dédiée. En revanche, la sureté prend en compte des facteurs exogènes qui interviennent sur les passages à niveau. En ce sens, il y a le programme national de suppression des PN auquel sont dédiés des investissements depuis 2005 avec les collectivités et les communes. Si le trafic a doublé durant cette période, le nombre de PN a fortement régressé ce qui a impliqué une baisse des accidents. Ces derniers sont passés de 25 en 2005 à 11 pour l'année 2009. Nous pouvons donc dire que notre politique de sécurité est arrivée à maturité, ce qui à juste titre a permis cette opération de simulation d'un incident grave en grandeur nature. Ce qui est d'ailleurs une première au Maroc et permet d'évaluer le degré de coordination avec les autres acteurs participants afin d'assurer à l'avenir une meilleure sureté routière et ferroviaire. Vous devez présenter les derniers chiffres de l'ONCF au Conseil d'administration. Pouvez- vous nous en dire plus ? 2011 a été une année riche en réalisations. Nous avons enregistré 11% de coissance grâce à un trafic qui a atteint 34 millions de voyageurs et 38 millions de tonnes pour la marchandise. Lors de la prochaine réunion du Conseil d'administration, nous focaliserons sur les perspectives et notamment le projet du TGV auquel nous consacrerons une campagne de communication en temps réel. Dans ces mêmes lignées de bonne nouvelles, nous avons également constaté que cette année a été riche en retours sur investissements, ce qui encourage l'Office à aller de l'avant concernant ses stratégies commerciales. Justement qui dit bon chiffres, dit aussi réalisations. Quelles ont été celles de l'ONCF sur le volet logistique ? La dernière en date est le premier train de voitures entre l'usine Renault et le port de Tanger Med. Ce transport de voitures est le fruit d'un partenariat stratégique entre l'ONCF et Renault Tanger Med (RTM), qui vise à faire de la composante ferroviaire un maillon essentiel de sa chaine logistique aussi bien à l'export qu'à l'import. Pour l'instant, il permet le transport de 170.000 véhicules par an pour atteindre les 350.000 à l'horizon 2014. Ce n'est pas tout, de nouveaux investissements dans le fret cette fois-ci seront annoncés avant la fin du mois.