Applaudissements pour le chef du gouvernement à l'occasion de la signature du mémorandum d'entente privé-public. Le patronat, réuni mardi autour de Abdelilah Benkirane, semble avoir été séduit et surtout rassuré par un discours encourageant la préférence nationale. Pour le chef de l'Exécutif, il s'agissait là de faire un «échange de bons procédés» entre le secteur privé et l'Etat. Ce dernier s'engageait à «faciliter les démarches administratives, ainsi que préférer les entreprises nationales dans les différents marchés publics, à condition que le privé joue son rôle de locomotive dans le développement économique et social du pays». Les clauses ainsi déterminées, le chef du gouvernement a principalement mis l'accent, lors de cette rencontre, sur la nécessité et surtout l'urgence de l'investissement local. En d'autres termes, il s'agit de «s'atteler au travail, ensemble». Une nouvelle gouvernance économique ? «Les projets de loi, faites les vous-même et on les validera !». Ces propos de Abdelilah Benkirane, prononcés avec ferveur, traduisent la volonté de la nouvelle équipe gouvernementale de faire davantage participer les acteurs économiques dans la politique générale. Dans le fond, l'affaire semble être alors bien étudiée. Au delà même du simple discours, se cacherait donc une stratégie bien ficelée, à travers le mémorandum d'entente signé entre le gouvernement et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). L'Exécutif construit un nouveau modèle de gouvernance économique, qui lui permettrait d'être plus en phase avec l'environnement économique national. Conscient de l'importance du volet économique en tant que pivot de développement, le gouvernement semble avoir choisi d'opérer ce rapprochement stratégique, axé sur la «concertation régulière sur les dossiers économiques». En somme, le public voit dans le privé une force de proposition à même de faire avancer le processus de développement économique et social, fer de lance de la nouvelle équipe gouvernementale, celle là même qui se trouve confrontée à une conjoncture économique difficile (www.lesechos.ma). C'est dans ce sens que le chef de l'Exécutif a évoqué un des dossiers prioritaires de son mandat, à savoir la Caisse de compensation. Afin de mener à bien cette réforme, Benkirane n'a pas manqué de souligner «le rôle du patronat, qui travaillera en collaboration avec l'équipe gouvernementale». Tout laisse donc à penser que le statut du privé est en passe de changer et que ce dernier devra endosser la responsabilité des avancées économiques du pays, pour garantir avec le gouvernement les réalisations attendues par l'ensemble de la société civile. Un peu de rigueur ! Il ne fait nul doute que ce qui a jalonné le discours, ainsi que la séance de questions/réponses entre le chef du gouvernement et le patronat aura été l'appel à la rigueur et au travail. Le message était clair et adressé aux différentes parties du secteur privé, à savoir le patronat et les syndicats. À l'attention de ces derniers, Abdelilah Benkirane a surtout voulu véhiculer un message, qui en appelle à «la pondération dans la guerre qu'il a menée jusque là au patronat, afin qu'il se positionne davantage en force de proposition, capable de faire avancer les dossiers les plus épineux». Cela serait alors le moyen d'instaurer un climat de travail serein, dans lequel le patronat pourrait s'investir pleinement, tout en ne perdant pas de vue la nécessité du volet social, qui, selon le chef du gouvernement : «doit être pris en compte par les chefs d'entreprise, qui ne manqueront pas de rémunérer convenablement leurs employés et leur garantir des conditions humaines de travail». Par là, le chef de l'Exécutif balise le terrain, pour instaurer une plateforme de travail sereine, à même de laisser libre cours à l'investissement et à la compétitivité des entreprises. Toujours dans le filigrane de l'échange de bons procédés entre le privé et le public, répondant à une question précise sur la gestion déléguée, systématiquement attribuée à des entreprises étrangères, Benkirane répond : «Soyez compétitifs et nous réviserons le système». Piqûre de rappel La transparence et l'équité, fers de lance de la nouvelle équipe gouvernementale, ont été les fils conducteurs de cette rencontre, si bien que l'intervention de Hadj Miloud Chaâbi sur les terres Habous, Soulaliate et autre foncier appartenant aux domaines non définis et cédés à des prix symboliques ont été l'occasion pour Benkirane de promettre une transparence des prochaines sessions, répondant à des critères bien définis et cédés aux prix du marché. Pour le chef de l'Exécutif, il s'agit là de rappeler l'intransigence dont son équipe veut faire preuve tout au long de son mandat, face aux anomalies du système. Une des plus persistantes d'ailleurs a été longuement soulignée, à savoir, celle de la corruption et de la concurrence déloyale. Face à cela, Benkirane répond vigoureusement: «J'en fais une affaire personnelle». En conclusion, cette rencontre, que le chef de gouvernement proclame désormais annuelle, aura été un oral plutôt réussi. Dixit... «Le Maroc ne pourra pas continuer à faire du low cost dans sa production et l'innovation devra inéluctablement constituer la valeur ajoutée du produit marocain». Mohamed Horani, Président de la CGEM. «Après le discours du Chef de gouvernement, je m'engage avec tous les MRE désirant investir dans le pays, à venir entreprendre en masse». Bouchaïb Rami, Association des investisseurs MRE. «Nous avons besoin d'un coup de pouce du gouvernement pour proposer un projet de loi concernant l'exploitation des carrières de sable, à l'instar de celui en vigueur en Turquie». Ayoub Kahlaoui, Président de la fédération marocaine des marbriers. Clin d'œil aux banquiers Anecdotique ? Non. Ironique ? Non plus. Le Chef du gouvernement faisait preuve de sérieux en s'adressant directement aux établissements bancaires, qu'il juge en «perpétuelle recherche de profit». Dans ce sens, et dans une approche plus sociale, le Chef du gouvernement les a appelés à plus d'indulgence en ce qui concerne les crédits aux jeunes entrepreneurs, en leur proposant des taux préférentiels. Par là, Benkirane fait allusion à la contribution effective du secteur bancaire et à l'encouragement de l'entrepreneuriat au Maroc, booster du développement économique et social.