La musique est le parent pauvre du cinéma. À l'exception des réalisateurs avertis et les mélomanes, la musique est le dernier détail qui vient boucher des besoins en scénario fade, peu expressif ou mal écrit. Autrement dit, peu de réalisateurs prévoient en tant qu'étape incontournable des préparations du film la composition de la BO (bande originale), sinon, lui consacrent un budget très dérisoire. Pourtant la musique est, sans conteste, une composante essentielle de la dramaturgie cinématographique. Pour Igor Stravinski, la musique est une sorte de papier peint pour le film ; pour signifier que la musique doit supporter l'image et l'histoire, sans prendre le pas. À cette carence de partitions dans le 7e art, certains réalisateurs fustigent le manque de créatifs et de compositeurs auxquels ils peuvent confier cette tâche, au moment où bien des noms s'inscrivent avec brio autant sur la scène nationale qu'internationale. Youssef Guezoum fait partie de ses férus du 7e art, surtout quand il s'agit d'y mettre des notes et des légendes. L'histoire d'une passion Passionné de musique de films (Brian Tyler, Danny Elfman, Alan Silvestri), l'attirance de Youssef Guezoum pour la composition de bandes originales s'est développée naturellement. Il dit affectionner particulièrement l'utilisation des sonorités orchestrales, parfois mixées avec des banques de sons électroniques. La plupart de ses musiques se construisent essentiellement à partir de leitmotivs et enchaînements d'accords. «Quand j'écris pour un film, j'essaie de créer une ambiance musicale cinématographique. Quelques thèmes plus mélodieux apparaissent cependant au détour de certaines de mes BO, notamment les plus romantiques qui font appel à du piano ou à des orchestrations plus dépouillées. Via sa structure «Soundscore, cinematic film music production», Guezzoum a composé surtout pour le réalisateur Farid Metioui et Michelle Weksler, à des productions comme «Tazmamart partie 1» de Mohamed Ouachen, pour des pièces théâtrales et bien d'autres projets audiovisuels. Né à Marrakech en 1975, il s'intéresse tôt à la nature et la musique dite «descriptive». Il étudie les bases de l'harmonie et commence à s'intéresser à l'orchestration. Petit à petit, il se consacre à la création de bandes originales de courts-métrages pour de jeunes réalisateurs puis pour des professionnels. En 1998, il fait un stage de musique de film, à Vancouver, BC Canada, avec une grande boîte de production. Actuellement, il est installé en Belgique, où il a collaboré avec le réalisateur Ismail Saïdi pour son dernier long métrage. La dernière musique composée pour des productions marocaines de la part de Youssef Guezoum a «musicalisé» une des productions brillantes de la dernière saison 2010. Des rythmes pour Gassiaux Il s'agit du premier long-métrage d'Ismaël Saïdi, sorti en juillet dernier au Mégarama, après moult changements de casting et reports de dates de sortie. Saïdi, son réalisateur, avait obtenu un franc succès avec la série Rhimou. Aujourd'hui, c'est une histoire vraie dont il s'est inspiré pour son dernier film, son premier long métrage. L'histoire est celle d'un Marocain dont la famille a été tuée par l'armée française et qui a été adopté par un lieutenant français. C'est l'histoire de Ahmed Gassiaux. Rabie Katie, dans le film «Ahmed Gassiaux», perd ses parents massacrés par les colons français pendant la bataille de Taza en 1924. Orphelin, il est recueilli par le lieutenant Bourget puis par Gassiaux et sa femme, qui l'élèveront. Mélange d'éducations et défaut d'adaptation dans l'une et l'autre culture font de Ahmed un ni marocain, ni français. Une belle histoire d'amour, au sens naturel du mot, relie à la fois Ahmed au colon tendre et cruel, aimant et paternel. Mais également une histoire d'amour entre Ahmed et sa fiancée ajoute du piquant au film.