La frontière entre la vie réelle et la réalité virtuelle se fait de plus en plus infime. Aujourd'hui, il n'y a plus qu'un clic entre les deux. L'effervescence des réseaux sociaux, la suractivité des communautés virtuelles et l'apparition quotidienne de nouveaux modes de partage en ligne en sont la preuve. Il y a un phénomène plus important qui, dès son apparition au début des années 2000, a littéralement révolutionné l'univers du Net, celui des mondes virtuels. À l'image de Second Life (SL), ou encore des Sims, les mondes virtuels ont envahi la Toile, créant une véritable communauté universelle. Le concept : s'inventer une vie sur la Toile, comme nous l'imaginons. Une vie qui se commercialise dans la réalité et permet aux internautes du monde entier d'acquérir des objets ou des biens sur le réseau, ou carrément de construire une carrière virtuelle à l'image de ses ambitions les plus folles. La suractivité des mondes virtuels, depuis 2003, a même réussi à construire une économie virtuelle,... bien réelle. En effet, si le concept de SL a tenté plus d'un, il représente, au vu des dernières statistiques, plus d'un milliard de dollars américains (dépensés par les utilisateurs). Un succès tel, qu'en 2009, l'économie de SL a même connu une croissance de 94%, narguant ainsi une crise financière mondiale. Tout un monde... Si l'univers des Finances a trouvé sa place, à cheval entre les deux mondes, celui de la théologie n'y a pas échappé. Même virtuels, les avatars (personnages 3D des mondes virtuels) ont besoin d'aller à l'église, de prier à la mosquée et de respecter des règles divines. Dans les pays arabes, la Toile s'est agrémentée du premier monde virtuel musulman, baptisé «Muxlim Pal». Un univers qui, selon ses concepteurs, se veut être familial et «propice à l'épanouissement personnel». Dans «Muxlim Pal», les drogues, l'alcool, les crimes et autres péchés sont évidemment interdits. L'ambition de ce nouveau monde virtuel, ouvert à tous (musulmans ou non), est avant tout de «connecter les communautés du monde musulman aux autres, notamment à travers des expériences de partage en ligne». Réunissant aujourd'hui une petite centaine d'utilisateurs, le succès de ce monde virtuel musulman est loin d'avoir rattrapé celui du fameux Second Life. Ce dernier, par contre, n'a pas manqué de créativité pour adapter son univers aux besoins théologiques de ses internautes. Pèlerinage à la Mecque, sermons et débats religieux, SL est même allé jusqu'à reproduire les plus célèbres mosquées du monde arabe; parmi elles, la Mosquée Hassan II. Une reproduction en 3D du Lieu-saint, au cœur duquel, les quelque 250 avatars marocains peuvent (virtuellement) faire leur prières quotidiennes. Second life in Morocco C'est à Rhode Island, entre les murs de la Johnson & Wales University, que des étudiants américains ont décidé, suite à une visite au Maroc, de créer un univers virtuel à l'image du Royaume. Au centre du Maroc virtuel de SL trône ainsi donc la Grande mosquée casablancaise. Le hic, est que la reproduction numérique de l'édifice est loin d'être à l'image de l'original. À l'intérieur, un univers stérile et uniforme, à peine où poser ses chaussures à l'entrée. Toutefois, les avatars du numérique pourront se rattraper sur le marché de la métropole, où la petite communauté marocaine vend des produits locaux, tapis et vêtements pour le plaisir des touristes virtuels. Un petit bout de Maroc dans un univers virtuel qui compte près de 550.000 utilisateurs (2007). Sophia Akhmisse